Marianne a une gueule de dictature hypocrite et durable

Est-ce que j’ai une gueule de dictature ? demande Marianne avec la voix d’Arletty dans Hotel du Nord. La réponse est clairement oui. Le bonnet phrygien est bien là. C’est celui des tricoteuses de la Révolution. Il est juché sur la tête de ministres qui se croient investis par un court succès électoral déjà vieux d’un an et démenti par toutes les élections partielles de la mission de changer la société et de contraindre les Français à renverser leur conception de la nature humaine. On sent surtout chez eux la satisfaction malsaine de prendre une revanche sur tous ceux qu’ils détestent et sur tout ce qu’ils exècrent. Pendant que les ministres chargés des questions sociales et économiques font preuve jour après jour de leur incompétence, ceux en charge de l’ordre républicain règlent leurs comptes idéologiques. Sans surprise, celui qui est à la tête de l’éducation se rattache aux seconds. La volonté de formater l’orientation mentale des enfants dès le plus jeune âge, de les « arracher » aux déterminismes familiaux, pour reprendre le mot du ministre, est toujours l’indice d’une dérive totalitaire. Mais celle-ci est transparente dans le traitement des affaires qui font se croiser justice et politique. La complicité active d’une partie non négligeable des médias n’est d’ailleurs pas rassurante. La dictature idéologique est toujours plus dangereuse et durable que la dictature militaire. « On peut tout faire avec des baïonnettes, sauf s’asseoir dessus » disait Talleyrand. Dès lors que l’enseignement et l’information diffusent la pensée unique, imposent un langage commun, désignent l’ennemi public et stigmatisent la résistance, on quitte les rivages de la démocratie, pour une croisière plus sournoise et plus longue.

Nicolas est en prison pour avoir refusé d’être traité comme un délinquant. Clément Méric est élevé par Libération au rang d’icône de sa génération. Le gouvernement menace de dissoudre deux groupuscules d’extrême-droite auxquels serait lié celui qui a porté les coups mortels sur le jeune gauchiste. Or, il apparaît de plus en plus clairement que la victime était un provocateur. Masqué et agressif, il cherchait l’affrontement avec les manifestants paisibles de la « Manif Pour Tous ». Le jour fatal, il aurait défié des skinheads à l’entrée d’un lieu de vente privée de vêtements prisés par les extrémistes des deux bords, les aurait attendus à la sortie avec ses acolytes et aurait cherché à frapper Esteban par derrière, entraînant la réaction de celui-ci. Si on met entre parenthèses le fait qu’il est toujours dangereux de s’attaquer à un grand costaud quand on ne l’est pas, et l’éventuelle utilisation d’un poing américain, que rien ne prouve pour l’instant, on doit observer l’équilibre des situations et le déséquilibre des réactions. Des extrémistes des deux bords, immatures au point d’attacher de l’importance aux symboles vestimentaires, aimant de part et d’autre la castagne, s’affrontent après une provocation du groupe gauchiste. Un accident se produit du fait de la force de l’un des membres du groupe attaqué. En revanche, les réactions politiques, médiatiques et judiciaires sont totalement partiales. On dénonce l’extrême-droite de manière unilatérale. On parle d’assassinat, de lynchage.  On annonce la dissolution des groupes de droite, mais pas de celui de gauche, potentiellement aussi dangereux et, en l’occurrence, à l’origine de la rixe. On élève la malheureuse victime au rang de héros de sa génération, ce qui est bien triste pour celle-ci. L’auteur des coups mortels est en prison alors que selon toute vraisemblance, il n’a fait que se défendre. Son incarcération est à comparer avec l’impunité dont jouissent les loubards du Trocadéro, les pilleurs de RER, et les voyous des banlieues sensibles. Il y est rejoint par Nicolas, simple opposant non-violent à la loi Taubira, et qui, à juste titre n’a pas accepté d’être traité comme un délinquant. La discrimination est flagrante et la liberté piétinée. Les arrière-pensées sont évidentes : il s’agit de ressusciter la momie du fascisme, celui des années 30, ce fantôme contre lequel prétend se battre le groupuscule auquel appartenait Clément Méric. Bien sûr, de proche en proche l’amalgame englobe l’extrême droite, les nationalistes, les traditionalistes religieux, les gentils chahuteurs du Printemps Français et pourquoi pas les Veilleurs, debout ou assis. Il s’agit de faire coup triple : d’abord stigmatiser les opposants à la loi Taubira, ensuite faire peser sur eux le soupçon d’être liés au Front national, qu’on cherche encore, avec de plus en plus de mal, à diaboliser, et enfin diviser la « droite » entre les bons avec Fillon, et les méchants avec Copé.

Dans ce processus, personne ne s’interroge sur le point de savoir qui est vraiment violent, vraiment intolérant, vraiment « fasciste » en un mot si l’on accepte ce terme anachronique. Les « antifas » le sont à l’évidence. La répression policière disproportionnée des manifestations contre le mariage unisexe ne l’est pas moins. Le passage en force d’une loi agressant la conscience d’un très grand nombre de Français, comme en témoigne aujourd’hui la résistance de maires courageux, est une démarche totalitaire. Bien sûr, il ne s’agit pas d’un dictature militarisée. Non il s’agit de celle dont Tocqueville redoutait l’avènement : brisant la famille, faisant de l’État la source illusoire et inefficace de toute action économique ou sociale, décidant enfin de ce que nous avons le droit de penser ou de dire, et réprimant davantage la liberté d’expression que les délits financiers ou comportementaux qui encombrent le monde politique, de Marrakech à Hénin-Beaumont et de New York jusqu’au 19e arrondissement de Paris, avec la complicité d’une presse qui fait aisément comprendre comment celle-ci est, un jour, devenue « collabo ».

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20 Comments

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  • montreal89 , 26 juin 2013 @ 21 h 27 min

    oui la prose est faible , mais soyons indulgents , en écrivant sur un clavier en “amateur ” et voulant aller vite (c’est mon cas) cela est pardonnable , ou alors moi aussi j’arrête, car je ne suis pas le dernier à commettre des Fotes !!!!
    en attendant, il n’a pas tort

  • MCT , 26 juin 2013 @ 21 h 43 min

    Oui, magnifique texte.
    Et merci monhugo, pour ces cours d’orthographe et grammaire gratuits sur NDF.
    C’est amusant.
    Ça va ? J’ai 10/10 ?

    J’aurais volontiers mis une majuscule à “Monhugo”…mais vous n’en avez pas mis. Je me conforme.

  • Daniel , 26 juin 2013 @ 21 h 52 min

    Je lis que toutes les personnes ont eu droit à un contrôle d’identité en ressortant de l’Eglise.

    Je pensais qu’en France on ne devait pas être inquiété du fait de ses opinions religieuses, de ses convictions politiques, tant qu’on entrave ni les bonnes moeurs et encore moins l’ordre public. En me rendant dans un lieu Saint, je me recueille auprès de miens autour du lien qui nous unit tous autour de la Foi. depuis quand devrais je faire l’objet d’un contrôle d’identité ?

    L’article 78.2 du code de procédure pénale dispose ( les conventions stipulent;, les lois disposent ) deux types de contrôle : le contrôle préventif dit de police administrative, et le contrôle judiciaire, en flagrance d’une infraction ou lorsque celle-ci est prouvée.

    Contrôle judiciaire :
    Les officiers de police judiciaire et, sur l’ordre et sous la responsabilité de ceux-ci, les agents de police judiciaire et agents de police judiciaire adjoints mentionnés aux articles 20 et 21-1 peuvent inviter à justifier, par tout moyen, de son identité toute personne à l’égard de laquelle existe une ou plusieurs raisons plausibles de soupçonner :
    => qu’elle a commis ou tenté de commettre une infraction ;
    => ou qu’elle se prépare à commettre un crime ou un délit ;
    => ou qu’elle est susceptible de fournir des renseignements utiles à l’enquête en cas de crime ou de délit ;
    => ou qu’elle fait l’objet de recherches ordonnées par une autorité judiciaire.

    Cela veut dire que seuls sot habilités à demander une pièce d’identité les OPJ, y compris les APJ et APJA autorisés par un OPJ. Donc, un APJ ou APJA ne peut demander de pièce d’identité sans autorisation d’un OPJ.

    En allant à l’église, je ne commets pas d’infraction susceptible de soulever la motivation d’un contrôle judiciaire.

    Contrôle administratif : L’identité de toute personne, quel que soit son comportement, peut également être contrôlée, selon les modalités prévues au premier alinéa, pour prévenir une atteinte à l’ordre public, notamment à la sécurité des personnes ou des biens.

    Avant tout demande, l’OPJ doit justifier ce en quoi aller à l’église est susceptible de porter atteinte à l’ordre public (sécurité, tranquillité et hygiène publique)

  • MCT , 26 juin 2013 @ 22 h 03 min

    Merci Diego.
    Cette conférence de presse est remarquable et à diffuser abondamment.

  • Géodith , 26 juin 2013 @ 23 h 10 min

    Délit de bonne gueule !

  • monhugo , 26 juin 2013 @ 23 h 30 min

    Hugo est mon chat (déjà dénommé ainsi par l’association grâce à laquelle je l’ai adopté). Comme il est un peu simplet, petit jeu de mots entre “hugolien” (bien que n’étant pas pour ma part “hugolâtre”) et “mongolien” : monhugo(lien). C’était la minute “bavardage et littérature” (pour changer un peu, mais sans s’éloigner trop du sujet, de mes “fantaisies”, en forme de “Défense et illustration” de l’orthographe, malmenée à plaisir par tant de monde). Hélas !

  • eurydice , 27 juin 2013 @ 0 h 08 min

    Que de qualités : amour de la langue française bien orthographiée et amour des chats , sans oublier le sens de l’humour . Bravo !

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