L’immigration n’est pas un sujet tabou !

« Puisque le peuple vote contre le gouvernement, il faut dissoudre le peuple ». Cette citation paradoxale, voire loufoque, de Bertold Brecht devient cependant la pensée qui résume la pente apparemment inexorable sur laquelle notre pays est engagé. La « politique » de l’immigration est évidemment au coeur du processus. Présentée comme un phénomène devant lequel le pouvoir est impuissant, l’immigration révèle l’imposture d’une démocratie où quoique souhaite le peuple, un mélange de prétendus intérêts économiques et de sentiments confus soutenus par le droit supranational imposera le contraire. Tenu dans l’ignorance des données du problème par la censure bien-pensante qui interdit de préciser des informations réputées sensibles sur l’origine des personnes, culpabilisé par la repentance historique et le péché du racisme, le peuple doit accepter un phénomène qui a pour conséquence de le changer profondément,  de produire « le Grand Remplacement » qu’évoque Renaud Camus. Il n’y a pas de démocratie sans nation. Un peuple n’est pas une addition de voix mais une nation dont l’Histoire a bâti l’identité qui détermine ses choix en exprimant la volonté générale. Une politique qui se fait contre le consentement populaire et dont le résultat est d’affaiblir la cohésion nationale nie les deux piliers de la démocratie que sont la souveraineté du peuple et l’affirmation de la nation.

Dans « Les Yeux Grands Fermés », Michèle Tribalat avait pointé du doigt l’obstacle majeur qui entrave une réflexion politique sérieuse sur la question de l’immigration. « L’ a priori idéologique est déterminant dans la manière d’aborder tout ce qui se rapporte à l’immigration en France », écrivait-elle. On se trouve confronté à une situation caractéristique du totalitarisme où l’idéologie s’impose à la science. L’obsession antiraciste pourchasse les pensées dangereuses à ses yeux, interdit les recherches et la saisie d’informations qui risqueraient de les conforter. Le compte des immigrés est suspect dans ses motivations, disparate dans ses méthodes. En l’absence d’un registre national, et depuis l’abandon des recensements exhaustifs, les chiffres sont douteux. Par exemple, entre 2003 et 2008, l’Insee a dû réviser à trois reprises son estimation du solde migratoire entre 1999 et 2005, passant de 275 000 à 620000. Les calculs des différents organismes, de l’Insee à l’Ined, en passant par le Ministère de l’Intérieur ou le HCI n’aboutissent pas aux mêmes résultats. Surtout, l’immigration n’est pas analysée avec une précision suffisante qui tiendrait compte de ce qu’écrit la sociologue, la scientifique Michèle Tribalat : « l’immigration pensée globalement, ça n’existe pas. Ce qui existe, c’est de l’immigration selon tel ou tel canal, de personnes ayant des caractéristiques précises ». Les réticences voire les interdits qui pèsent sur cette question empêchent de la traiter et de la résoudre.

Une confusion systématique est entretenue quand il faudrait retrouver la clarté et la distinction cartésiennes inscrites dans notre culture nationale. L’émotion et la compassion bousculent le raisonnement à l’annonce d’un naufrage d’immigrés clandestins. Toutefois s’agit-il de victimes des guerres  ou de candidats au travail dans la « riche » Europe ? S’agit-il de vrais demandeurs d’asile persécutés ou de victimes d’un trafic humain de nature essentiellement économique ? La définition ethnique de ces migrants est-elle suspecte de racisme ? Evidemment non ! L’ethnie n’est pas la race. Elle désigne un groupe culturel et détermine des comportements. Dans le « Déni des Cultures », Hugues Lagrange, souligne combien  » le degré des différences normatives entre la culture d’origine et la culture du pays d’accueil est important » et son intensité « augmentée par les effets de la ségrégation spatiale ». Ne pas tenir compte de ces données pour établir au moins des quotas, immédiatement suspects de discrimination, c’est accroître les risques avec aveuglement. Mais là encore, s’agira-t-il d’insertion de travailleurs se contentant de participer pour un temps à l’activité économique en respectant la loi mais en gardant leurs croyances et leurs pratiques ? D’intégration de familles capables de vivre en France sans y former de communautés aux comportements provocateurs à l’encontre des moeurs françaises ? D’assimilation en vue de devenir des Français, non seulement de papier, mais d’esprit et de coeur ? La confusion règne entre ces notions, de même que le droit, de plus en plus distinct d’une volonté politique et démocratique, gomme les contours de la réalité. Pour y mettre un peu d’ordre, il est indispensable d’en finir avec l’acquisition automatique de la nationalité et le droit du sol, pour privilégier l’héritage de celle-ci et son obtention par la volonté. Vouloir étant aussi vouloir les conséquences de son choix, cela doit conduire à la déchéance de nationalité lorsque le contrat n’est pas respecté… Ces idées de bon sens sont aujourd’hui jugées politiquement incorrectes.

Enfin, les impératifs économique et démographique sont convoqués pour rendre l’immigration inéluctable. Par rapport au reste de l’Europe, la démographie française se porte plutôt bien. L’accroissement de l’immigration est inutile et même nocif s’il accroît les dépenses collectives en raison des aides nécessaires pour les élèves en difficulté, les chômeurs, ou pour assurer la sécurité. Jean-Paul Gourévitch a montré que le coût de l’immigration ne se limite pas à la protection sociale et doit prendre en compte le poids des clandestins. L’immigration est très majoritairement liée à la famille et non au travail. Ce sont les regroupements familiaux et les mariages, mixtes pour la nationalité, mais culturellement endogames, qui l’entretiennent. En 2009, Gilles Saint-Paul avait dans un rapport montré combien le bénéfice économique de l’immigration était aléatoire. Evidemment profitable aux immigrés,  l’immigration économique favorise plus les revenus du capital que ceux du travail. Son impact positif dépend de la qualification des immigrés. Si les transferts sociaux se font vers les pays d’origine, c’est une perte nette pour les habitants du pays d’accueil. Accueillir les travailleurs peu qualifiés plutôt que les produits qu’ils pourraient fabriquer chez eux ne contribue au développement ni du pays d’origine ni de celui d’accueil.

Traiter cette question avec lucidité et courage n’a rien de scandaleux. Elle est essentielle pour notre pays s’il veut rester lui-même et pour notre vie démocratique, si on veut la sauvegarder. Comme l’écrivait Malika Sorel, « l’indifférence des élites à l’existence ou à la disparition de leurs peuples a quelque chose de glaçant » !

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