La (petite) marche sur la tête…

Tribune libre de Christian Vanneste*

Malgré les appels à la mobilisation relayés « consciencieusement » par les médias, les partisans du « mariage et de l’adoption pour n’importe qui » ont rassemblé, selon l’estimation la plus favorable, trois fois moins de personnes que les partisans de la vraie famille. La connivence habituelle des médias a fait comparer non pas les chiffres des deux manifestations mais ceux des deux défilés en faveur du « mariage », afin de souligner le plus grand nombre des participants à celui d’hier qu’à celui de décembre. On a pu voir sur les écrans deux députés socialistes munis de leur écharpe s’embrasser sur la bouche et bénéficier pour ce d’une interview complice d’une journaliste de LCI. On a également eu droit à la soirée people du Théâtre du Rond-Point, avec les Bergé, Bachelot, Lang et Cie. Il est intéressant de constater l’absolue nullité intellectuelle de nos élites prétendument culturelles. Toujours les mêmes poncifs prétentieux et ignorants sur l’opposition entre le Moyen Âge et le XXIe siècle, sur la « croisade » contre le mariage gay… qui montrent simplement que le directeur de ce théâtre n’élève sa réflexion qu’au niveau du réflexe à la mode. Évidemment, la concubine présidentielle est intervenue avec une légitimité doublement douteuse sur un sujet qui divise profondément les Français.

Sa présence au premier plan dans cette entreprise de destruction de la famille traditionnelle, logique par rapport à ce qu’elle est, mais choquante pour le rôle que certains lui attribuent, rejoint son implication dans l’accueil médiatico-politique délirant dont a bénéficié Florence Cassez. La France subit aujourd’hui une fracture extrêmement dangereuse. Il y a la France réelle des provinces et des familles, de ceux ou de celles qui travaillent, ou qui ont travaillé ou, encore, qui cherchent du travail, de ceux ou de celles qui élèvent ou ont élevé leurs enfants, ou, encore font face aux conséquences de l’éclatement des couples, et puis, il y a la France people, parisienne, qui vit bien et se croit tout permis parce qu’elle en a les moyens. Cette France voudrait faire partager à l’autre sa soif de « libération », sans penser un instant que sa manière de voir est fondée sur une manière de vivre hors de portée de l’immense majorité des Français, sans prendre conscience que ce qu’elle appelle progrès est en fait déconstruction d’un tissu social indispensable au bonheur de la plupart des gens. De ce point de vue, la frontière ne passe pas entre la gauche et la droite, encore moins entre les riches et les pauvres. Elle passe entre la France du bon sens et la France médiatico-mondaine, au sein de laquelle vous trouverez aussi bien Hollande que Sarkozy, prête à excuser DSK, accueillant Florence Cassez comme Ingrid Betancourt, plus ou moins favorable au « mariage » unisexe et qui se trahit lorsqu’elle désigne l’horreur politique par le mot « populisme ».

“Il y a la France réelle des provinces et des familles, de ceux ou de celles qui travaillent, ou qui ont travaillé ou, encore, qui cherchent du travail, de ceux ou de celles qui élèvent ou ont élevé leurs enfants, ou, encore font face aux conséquences de l’éclatement des couples, et puis, il y a la France people, parisienne, qui vit bien et se croit tout permis parce qu’elle en a les moyens.”

L’effet le plus pernicieux de la domination de la France méditico-mondaine réside dans le nivellement puis dans l’inversion des valeurs. La libération ou le retour d’un compatriote retenu à l’étranger seront évalués en fonction de leur retentissement médiatique et non d’après une hiérarchie morale et politique considérée comme rétrograde voire réactionnaire. On mettra sur le même plan celle qui a vécu avec l’auteur d’enlèvements, qui a ensuite été condamnée par la justice d’un grand pays qui l’a, non pas innocentée, mais élargie pour vice de forme et celle qui a été enlevée par un groupe terroriste oscillant entre communisme et narco-trafic, et qui a été libérée par l’armée colombienne. Aucun rapport, sinon la joie des familles, qui ne devrait en rien concerner l’État. « C dans l’air », émission dont j’avais pu expérimenter la partialité, n’a, ainsi, pas jugé inconvenant de mettre au même niveau Florence Cassez et Ingrid Betancourt. R. Coutenceau a pu, sans complexe, y évoquer l’héroïne revenue du Mexique. Elle verra les deux Présidents de la République successifs. L’actuel lui accordera même un meilleur traitement qu’à la délégation de la « Manif pour Tous » qui avait rassemblé un million de Français. L’ancien la rencontrera. Sous sa présidence, un ministre s’était déplacé pour récupérer deux jeunes femmes accusées de trafic de drogue en République Dominicaine. Tout le monde, en revanche, a oublié les deux jeunes Linsellois , Antoine et Vincent, morts au Mali il y a deux ans, pour raison d’État, après intervention de l’armée parce qu’il ne fallait pas de nouveaux otages. Denis Allex, prisonnier depuis plus de trois ans en Somalie et tué ainsi que deux agents français, qui en parle ? Le corps d’Yann Desjeux, mort lors de l’intervention de l’armée algérienne sur le site gazier d’In Ameinas, est revenu en France avec un service minimum.

L’indifférenciation du Bien et du mal, des coupables et des victimes, se croise avec une sélection opérée par des « chébrans » comme avait dit un jour Mitterrand, les Romero, les Trierweiller, toujours à l’affût d’une présence médiatique sur fond de transgression de la morale conservatrice. C’est ainsi qu’un certain nombre de « têtes vides » vont imposer leurs « héros » et leurs « valeurs », vont faire croire que le mariage est la reconnaissance sociale d’un sentiment, alors qu’il est avant tout la fondation d’une famille. Le droit français est la transcription d’un pilier anthropologique qui est la nécessité de l’échange matrimonial, de la réunion d’un homme et d’une femme en vue de procréer et d’élever des enfants. La confusion entre la sexualité et l’affectivité les conduit à vouloir les mêmes droits pour des situations sans rapport. Cette imitation absurde au nom d’une égalité dévoyée conduira à la procréation médicale assistée pour des couples stériles par nature et aux mères porteuses par souci d’égalité entre les deux sexes. Le sentiment individuel plutôt que l’institution sociale, la minorité choyée au détriment de la majorité, car tout cela aura un coût moral et financier, le court terme de la médiatisation people préféré à la sauvegarde de la société témoignent de l’inversion des valeurs qui progresse derrière la corruption des mots et donnent une fois de plus raison à Orwell : « Il y en a qui sont plus égaux que les autres. »

La semaine dernière, j’étais à Nice pour participer à une réunion organisée par l’ancien maire Jacques Peyrat. Alors que je passais près du marché aux fleurs en quittant ce vieux Nice que j’aime tant, un fleuriste m’a interpellé pour me soutenir en me parlant du sexe des fleurs, des étamines et du pistil. Il a aussi évoqué le Yin et le Yang des Chinois. Voilà la France réelle : un Français qui possède un vrai métier qui lui apporte de vraies connaissances et qui, en plus, est vraiment cultivé, bien plus que les directeurs de théâtre parisiens et autres concubines.

*Christian Vanneste est un ancien député UMP du Nord.

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24 Comments

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  • westie51 , 29 janvier 2013 @ 14 h 47 min

    Flamby y va à fond la caisse, car il sait très bien que son “essai” de président normal ne se présentera pas une 2ème fois… enfin, c est à espérer (il ne reste que 38 pour cent de satisfaits en 8 mois de temps !) ; ce gros ballot, sous des airs angéliques, est un sournois, perfide, rusé, hypocrite….. qui méprise tout ce qui ne lui ressemble pas ! Il prône le mariage pour tous (qui en soi veut dire quoi ?) alors que lui-même ne s est jamais marié… un comble ! “faites comme je vous dis, mais pas comme je fais”.
    Les socialistes sont intolérants. Seule leur opinion compte, seules leurs décisions sont bonnes. Nous sommes dans un pays dans lequel une vision unique nous sera imposée.
    Une chose est sûre, la France profonde est de moins en moins dupe de ce que quelques bobos gays du Marais veulent imposer à la France comme choix de société.

  • passim , 29 janvier 2013 @ 15 h 11 min

    La France subit aujourd’hui une fracture extrêmement dangereuse, en effet.
    Il faut, pour en mesurer l’ampleur et la profondeur, en situer l’origine lointaine.
    Toute société ne fonctionne, plus ou moins bien, que lorsque le peuple qui la compose accepte, tacitement, des règles du jeu, plus ou moins bien observées, plus ou moins critiquées, mais qui constituent pour chacun une représentation vaguement idéalisée de “ce qui est normal”.
    Cette représentation de la société a longtemps été basée sur la croyance religieuse. Les choses étaient “comme ça” parce que Dieu, en gros, le voulait ainsi. Le monarque était d’origine divine, et la méchanceté était punie, pour le moins, dans l’autre monde.
    Au XVIIIème siècle, un autre horizon a commencé à se lever ; une autre vision du monde, basée sur l’égalité (elle-même issue d’une idée chrétienne, mais l’égalité entre les hommes remplaçait l’égalité devant Dieu). Le thème de l’égalité (idée chrétienne devenue folle, dira-t-on) a été pensé de multiples façons, jusqu’à l’absurde “égalité réelle” des marxistes. Ce qui lui a permis de ne pas être contredite par l’évidente inégalité des talents, des oeuvres et des situations sociales, c’est le principe du mérite : les inégalités constatées ne devaient, idéalement, n’être que le résultat des efforts de chacun. Egalité au point de départ, le mérite expliquera les différences “à l’arrivée”. Chacun, tout en admettant le caractère quelque peu irréaliste d’une telle vision, pouvait néanmoins la faire sienne, car elle satisfaisait le goût de la justice que chacun porte en soi.
    De quoi est faite, aujourd’hui, la fracture de la société ?
    C’est que l’idée que le mérite influe en quoi que ce soit les réussites individuelles, plus personne n’y croit. De façon confuse, mais profonde, le peuple a perdu confiance dans la croyance que le mérite avait quelque chose à voir avec la réussite. Le spectacle que donne une “élite” politique et médiatique persuade de plus en plus de monde (ceux qui, plus ou moins, doivent leur position sociale à leur travail et à leur talent particulier), ce spectacle “médiatico-mondain” comme le dit Monsieur Vanneste (mais ne serait-ce pas plutôt “politico-médiatico-mondain”) persuade que ces “élites” qui “se croient tout permis” doivent leur position à l’entregent, aux réseaux d’influence, à l’autopromotion, au népotisme, davantage qu’à leur mérite.
    Le rejet des élites, toutes “mises dans un même sac” (hélas), on en a déjà vu le résultat, avec l’antiparlementarisme violent, qui débouche sur des régimes autoritaires, via des convulsions sociales.

  • Tarantik Yves , 3 août 2013 @ 1 h 21 min

    Ribes a des pensées à hauteur de ses fesses.
    L’esprit souffle où il veut mais chez lui c’est au fond de son pantalon.
    Un nabot malfaisant

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