Un paradoxe politique

Par l’assentiment général qu’il suscite, s’il y a un fait qu’il faudrait souligner, c’est bien celui-là : les Français sont écœurés par la politique ! Ils sont saturés de discours indigestes, inaudibles, distillés par des élus sans convictions ou irresponsables, n’ayant plus aucun discernement intelligent. Ils sont consternés de voir que leurs dirigeants ne dirigent plus rien ! Uniquement préoccupés par leur réélection, ils sont prêts, pour cela, à leur servir toujours les mêmes salades sans saveur. Les Français n’en peuvent plus de toute cette gabegie !

Mais en même temps, nos concitoyens n’ont jamais été aussi avides de politique… D’une autre politique ! La vraie, celle qui organise réellement un quotidien viable, celle qui donne des résultats, celle qui fait grandir la réflexion, celle qui provoque l’adhésion parce qu’elle répond à une réelle attente. Les Français veulent bien vibrer pour des idées, mais pas n’importe lesquelles. Surtout pas pour celles qui sont exprimées dans des réformes sociétales et qui la plupart du temps ne les concernent même pas, parce qu’elles sont exclusivement faites, sur-mesure, pour une infime minorité de citoyens… copains. Ils ne veulent plus de ces faux-fuyants. Pas plus que les fausses affirmations, déversées depuis trop longtemps, sans vergogne, par des élites médiatiques, déconnectées des réalités. Ils ont, plus que jamais, besoin de cohérence, dans le calme d’un débat intelligent, loin des divisions stériles.

Peut-être à cause de tous les signaux de notre ordre social qui sont dans le rouge, l’ensemble des observateurs, des médias, des partis politiques, tous, petit à petit, prennent conscience que les Français ont besoin de changement et qu’ils cherchent autre chose ! En tout cas, l’exaspération est palpable dans toutes les couches de la société et une évidence saute aux yeux : de plus en plus de Français se tournent vers le seul parti qui n’a jamais participé, ni de près ni de loin, à la gouvernance de la France, le Front national ! Dont, singulièrement, les idées inspirent presque tous ses adversaires, qui reprennent ici ou là quelques propositions de bon sens, qu’ils avaient jusqu’ici refusées : la panique peut faire réviser beaucoup de choses ! D’autant que la dynamique n’est plus dans le camp traditionnel, droite gauche, mais bien du côté du FN : l’efficacité de son discours fait mouche à chaque événement !

Malgré cela, ce parti peine à rassembler une majorité, au deuxième tour des élections – à part quelques exceptions… S’il est vrai qu’il engrange encore plus d’électeurs entre les deux tours, cela ne lui permet pas de gagner. Le trop fameux “plafond de verre” est là et bien là, même si, incontestablement, il recule. Et le “front républicain” fonctionne toujours, même s’il perd de sa force. Mais il fait encore des dégâts et c’est toute la démocratie qui en sort amoindrie. Il est clair que la mise en pratique de la proportionnelle intégrale résoudrait le problème ! Il n’est pas normal, alors qu’il est reconnu et financé par la République, qu’un parti républicain – n’en déplaise à toute la clique des bobos gauchos – puisse être mis au ban de la société, à cause d’un système électoral qui ne peut pas répartir équitablement la représentation réelle des élus. Il est inconcevable, qu’un pays, initiateur des droits de l’homme, soit aussi peu soucieux de l’équité électorale. Ne parlons même pas du dernier débat biaisé et créé de toutes pièces sur la peur à la guerre civile, qui a pris les Français pour des zozos…

Ces zozos, qui, spoliés par des décennies de laxisme et d’incurie, de tromperies et de mystifications, voudraient bien que la politique se pratique autrement et que l’on cesse de la déformer. Et qu’elle devienne, véritablement, un instrument au service des citoyens, de tous les citoyens et qu’elle ne se fasse plus au détriment d’un camp contre un autre ou à l’avantage du pouvoir contre le peuple. Car, on ne bâtit pas une Nation en reléguant le peuple à une simple entité tout à fait négligeable. En notre République, c’est lui le souverain !

Si seulement, nos gouvernants pouvaient, enfin, ne plus pratiquer le vieil adage : “diviser pour régner”, et au passage, rétablir l’autorité de l’État, la France s’en trouverait apaisée…