Sur la route : Cheminement personnel vers le grand rien

Coup d’œil du critique : Sur la route est un film qui se prend très, mais alors très au sérieux ! Inspiré du roman autobiographique de Jack KerouacOn the road (1957), il retrace les pérégrinations désespérées de deux garçons et une fille aussi fréquentée que les Champs-Élysées un 14 juillet. Sexe, drogue et instabilité vont donc rythmer le quotidien de ces jeunes gens étourdis par la poésie et les rêves de liberté. Road-movie hésitant (de nombreuses scènes se passent dans des lieux fixes), cette quête n’est bien entendu qu’un cheminement personnel vers le grand rien, à moins que ce soit le grand tout, ou alors le grand rien du tout ?.. Bref, c’est beau.

Aussi beau que les longueurs abyssales de Pierrot le Fou, que vous êtes obligé d’aimer sous peine d’être un inculte crasseux et fasciste, aussi puissant que l’ennui, aussi profond qu’un sommeil mortuaire…
Désorienté, l’homme a parfois l’audace du suicide, ceux-là ne l’ont même pas. Triomphe de la vie ou de la mollesse, ils songent à se supprimer la main tremblante, les yeux perdus dans Proust, dont Du côté de chez Swan trône triomphalement sur les tables de nuit et à côté des machines à écrire.

Bien loin de dénoncer ce qu’il montre, le réalisateur joue les intellectuels à Cannes, devant un parterre de journalistes panégyriques. Connaître le monde, c’est d’abord l’expérimenter, explique-t-il crânement. Dans les années 50, c’était tenter l’aventure. Aujourd’hui, c’est répéter les erreurs. Faire l’expérience du délire stupéfié, des partouzes liquides, de l’adultère bien plus assumé que la paternité, était une nouveauté pour des soixante-huitards à la gueule de bois à présent douloureuse : leurs moutards votent FN.

Bon allez, il faut que je vous laisse. Je dois aller me carboniser la main gauche histoire de faire l’expérience que le feu, ça brûle…

Bande-annonce :

Une critique publiée en partenariat avec lecran.fr.

Related Articles

5 Comments

Avarage Rating:
  • 0 / 10
  • J.A. Michel Bornais , 29 mai 2012 @ 3 h 09 min

    On The Road, c’est le mythe, les fantasmes du malheureux Jack Kerouac, le vrai, celui qui finira lamentablement en 1969, laminé par le rouleau-compresseur de la célébrité.

    Il vous reste à découvrir la triste histoire de Janet (Jan) Michelle Kerouac, la fille unique de Jack (et de Joan Haverty, seconde épouse). Jan a été abandonnée Sur La Route par son père avant même sa naissance et avec l’enfer en partage. Elle a plus tard été dépouillée de tout, même de la mémoire de son père, par le faux testament de sa grand-mère, Gabrielle Lévesque avantageant exclusivement la troisième épouse de Jack, Stella Sampas. Après la découverte accidentelle en 1994 que la signature de Gabrielle avait été forgée, Jan a intenté un procès pour faux dont l’épilogue a trainé jusqu’en août 2011 quand trois juges d’un tribunal d’appel de Floride ont déclaré le testament comme nul et sans possibilité d’appel. Trop tard pour Jan, décédée dignement en juin 1996 après s’être évadée de l’enfer que son père lui avait légué 44 ans plus tôt. Le Gerald Nicosia ostracisé par MK2 et à qui Kristen Stewart a rendu un hommage bien mérité lors de la conférence de presse est mon ami personnel, il a été le seul qui ait supporté Jan indéfectiblement dans son combat pour obtenir justice. Plus de 300 000$ US auraient été investis en frais légaux pour le réduire au silence, mais il n’a jamais flanché et ce sans espoir d’en retirer le moindre avantage personnel.

    Retournez à la lecture du special On The Road de Trois Couleurs et cherchez-y ce mystérieux Nicosia auquel Kristen Stewart a rendu hommage. Ça pourrait vous inciter à chercher pourquoi Jan et Nicosia n’ont pas le droit d’exister dans l’univers de Jack Kerouac et pourquoi même Walter Salles et MK2 se devaient de ne lui accorder aucun crédit pour sa contribution significative lors du Boot Camp de Montréal où je suis allé le rencontrer en compagnie de K. Stewart.

    Ma mère est une Kirouac, comme Jean-Louis Kirouac, alias Jack Kerouac, et pour la famille, la véritable histoire de On The Road et de Jack ne sont qu’une immense tragédie. Mais ça ne plait pas aux fanas du mythique Jack de voir se dissiper le rêve. Lisez One and Only de Nicosia (Viva Editions – 2011) et vous aurez un choc. Nicosia a aussi publié Jan Kerouac – A Life in Memory.

    J.A. Michel Bornais, Québec

  • Yohann , 29 mai 2012 @ 6 h 36 min

    Salut à tous, ou puis-je trouver une biographie de Jack Kérouac en Français
    D’autre part étant nouveau sur la toile, que veut dire LOL
    Merci d’avance

  • Eric Martin , 29 mai 2012 @ 7 h 48 min

    Réponse en cliquant sur ce lien : http://fr.wikipedia.org/wiki/LOL_(argot_internet)

  • bodol , 29 mai 2012 @ 10 h 11 min

    Moi,je vous trouve un peu sévère envers ce film que j’ai plutôt bien aimé; bons acteurs belles retrospecives des US des années 50…c’est bien filmé. On peut regretter le fonds mais sachant qui est Kerouac,il valait mieux ne pas y aller…Par comparaison l’acteur que tous les medias trouvent “génial” dans le film de ce cinglé d’Audiard est nul! Pauvre Marion Cotillard, excellente,elle,face à cet imbécile!

  • J.A. Michel Bornais , 29 mai 2012 @ 17 h 44 min

    Bonjour,

    La meilleure biographie-critique de Jack Kerouac à avoir été publiée, est celle écrite par Gerald Nicosia (Californie) ami de longue date de l’Association des Familles Kirouac inc. (Membre de la Fédération des Familles -Souches du Québec). Au Québec, nous avons la traduction par Marcel Deschamps et Élisabeth Vonarburg, publiée en 1994 par Québec-Amérique. Édition épuisé qu’on retrouve chez les bouquinistes, mais l’Association dispose encore d’exemplaires en réserve pour ses membres. (776 pages) Il devrait y avoir en bibliothèque une traduction faite en France. Des biographies plus récentes, certaines fort abrégées, nous ont laissés sur notre appétit et non sans nous avoir fait sourire ou froncer les sourcils. la rigueur n’était pas au rendez-vous.

    La particularité de l’ouvrage de Nicosia est qu’il est le seul à avoir porté une attention significative sur les ascendances ethno-culturelles et familiales de Jack dont le père et la mère étaient né au Québec et l’ancêtre “fort probable” né à Huelgoat en Bretagne.

    Nous soulignerons cet automne le 25e anniversaire de la Rencontre Internationale Jack Kerouac de 1987 à Québec. La première et la seule tenue en français.

    Plus à découvrir (bilingue) par le groupe Facebook Association des Familles Kirouac*

    Jack, né et baptisé Jean-Louis Kirouac, comme ma mère.

    Amicalement,

    J.A. Michel Bornais
    Québec

Comments are closed.