Sens commun : jusqu’où peut-on collaborer avec le mal ?

L’UMP est balayée – une fois encore – par une « affaire » de concussion aux proportions cyclopéennes : l’affaire Bygmalion, qui pourrait bien devenir une énième affaire Sarkozy.

Pour rappel, le Français étant oublieux, je citerai quelques unes des affaires Sarkozy : Karachi, Clearstream, Bettencourt, Wildenstein, César, Pleyel, Compiègne, Peugeot, Woerth, le financement Kadhafi, les enfants de Zoé, les infirmières Bulgares, Jean Sans-Epad, l’arbitrage Tapie, les sondages de l’Élysée-Buisson (6 millions d’euros), les affaires Guéant, le Fouquet’s, le Paloma, le vaccin H1N1, les stylos, Grandrange… Liste non exhaustive.

Tout cela n’a pas freiné l’enthousiasme des animateurs de Sens commun – la chapelle des militants LMPT ralliés à l’UMP – lancée rue de Vaugirard le 29 avril dernier. Ils étaient 700 selon les organisateurs et la police – enfin d’accord.

Ils ont pu entendre Jérôme Lavrilleux, directeur de cabinet de Jean-François Copé, leur improviser une intervention de bienvenue.

Lorsque l’on veut faire de la politique, les options ne se bousculent pas, il est vrai.

Au moins font-ils preuve d’un réalisme qui manque absolument aux Lapins crétins qui ont cru aux illuminations d’une Boutin.
Les animateurs de Sens commun ne sont pas idiots, certains ont une solide culture littéraire – ça s’aventure à citer Proudhon et Gramsci à la lueur des bougies…

Si les initiateurs sont habiles, les obsédés de bioéthique qui composent l’essentiel de la chalandise de Sens commun n’ont pas de mémoire et sont aisément trompés : ils ont oublié que c’est Sarkozy – en personne – qui a voulu imposer le statut du beau-parent et que c’est sous Luc Chatel que les gender studies ont fait irruption dans les écoles.

Les initiateurs de Sens commun ont réfléchi leur truc, ils ont couché par écrit leurs principes directeurs. Sur leur site, dans leur Charte, on peut lire : « …la nécessité absolue d’une refondation de la vie démocratique et des pratiques politiques… », « Nous refusons fermement toutes les pratiques politiques marquées par l’individualisme, le carriérisme et la corruption… », « Nous voulons que la loi reprenne sa place pour fixer les repères essentiels de la vie en société… », « Nous voulons promouvoir la reconnaissance de la responsabilité personnelle… ».

Sens commun termine son manifeste ainsi : « La droite que nous voulons est décomplexée, forte, sociale, populaire, humaniste… Mais elle est surtout et avant tout de DROITE ». Avec Bygmalion, les Quataris, de Carolis, Buisson et Peltier, ils sont servis !

Sens commun n’a pas tardé à publier un communiqué après l’annonce des résultats aux élections européennes le 25 mai dernier. Ils ont été très réactifs.

Que ne publient-ils un communiqué se rapportant à l’affaire Bygmalion qui engloutit leurs nouveaux amis ? Que diront-ils en défense de leur camarade Jérôme Lavrilleux, depuis passé aux aveux pour protéger Copé ?

Que proposent-ils maintenant à ceux qui ont pris part au mouvement social de 2013 ? Leur proposent-ils toujours prendre leur carte à l’UMP ? Ils disent vouloir « changer » la politique comme d’autres proposent de « changer » la construction européenne. Mais jusqu’où peut-on collaborer avec le mal ? S’ils acceptent ce scandale, que n’accepteront-ils pas ?

Faire le dos rond et tweetter « on travaille ! » ne suffira pas. Je pense que, comme moi, beaucoup attendent des éclaircissements. Je suis impatient de les lire…

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49 Comments

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  • Anne Lys , 30 mai 2014 @ 12 h 02 min

    Je comprends votre indignation et je la partage. Je n’admets la peine de mort que dans un cas très précis : celui des meurtriers récidivistes qui présentent évidemment un important risque de récidive. Ce n’est pas le cas en matière politique, même en cas de haute trahison. Mais je ne suis pas loin, en effet, de penser que M. Sarkozy a commis un acte de haute trahison et qu’il serait normal que la France lui en demande compte.

    Mais lui chercher des poux dans la tête pour des choses assez insignifiantes ne répond pas à cette exigence : au contraire, cela laisse penser que ces choses insignifiantes sont les seules qu’on ait à lui reprocher.

  • pas dupe , 30 mai 2014 @ 12 h 17 min

    Anne Lys,

    Ne vous laissez pas tromper !
    Etes-vous informée que bien des témoins sur l’affaire de Libye sont morts de mort violente ! Détenteurs de preuves, bien sûr !
    Médiapart avait organisé un direct avec un témoin libyen ! Un ancien ministre.
    Il y a quelques jours un ancien ministre de Kadhafi est assassiné de plusieurs balles ! (peut-être ce témoin, je n’ai pas regardé le nom)
    Savez-vous que le fils Kadhafi, témoin, qui a reçu des mauvais traitements est dans un état critique ! Curieusement il se trouvait réfugié en Tunisie et curieusement encore le régime de Tunisie est tombée depuis les affaires Kadhafi ! Et le fils donc fut transféré en violation de toute loi internationale en Libye ! Il s’était normalement rendu au TPI !!!

    En France, mais on en parle peu, la presse étant entre les mains de qui vous savez, il y a également eu quelques décès de témoins des affaires de Sarkozy !!! Notamment dans les forces de sécurité !
    Sarkozy a du sang de nos soldats sur les mains !

    Trahir la France mérite une peine exemplaire !
    D’autant lorsque cette trahison est au profit d’un pays néfaste comme l’Amérique. Il n’y a qu’une peine pour ces traîtres : la guillotine !

  • samovar , 1 juin 2014 @ 21 h 53 min

    Et c’est bien parce que nul n’est parfait d’une part et de l’autre parce que la lutte pour le pouvoir est si dure que seuls les crapules arrivent à s’en sortir qu’il n’y a qu’une solution : le Roi !

  • seb 2 kerrero , 2 juin 2014 @ 2 h 14 min

    Communiqué se Sens commun, suite à la publication de ma tribune, chacun jugera :

    Nous assistons avec gravité à la crise qui se déroule actuellement à l’UMP. Celle-ci confirme la nécessité de notre appel à reconstruire la droite et nous renforce dans notre détermination.

    Lors de la fondation de Sens Commun, nous avons décidé de nous engager à l’UMP pour pousser à son renouvellement. Plus que jamais, cette volonté nous anime. Si nous choisissons aujourd’hui d’y rester, ce n’est ni par aveuglement ni par naïveté, mais parce que nous pensons que c’est précisément quand il y a crise que l’engagement prend tout son sens. Un système à bout de souffle est un système à reconstruire, l’occasion de proposer à nos concitoyens un autre projet pour la droite. Nous sommes convaincus que l’UMP peut être refondée, avec l’aide de ses militants.

    C’est le moment ou jamais d’obtenir la droite que nous voulons.

  • Anne Lys , 2 juin 2014 @ 13 h 00 min

    Je relève un peu tard cette phrase ” une « affaire » de concussion aux proportions cyclopéennes : l’affaire Bygmalion”.

    N’exagérez rien : “proportions cyclopéennes”, bigre ! Quelles dimensions attribuerez vous au crime d’un homme politique condamné pour meurtre d’un adversaire politique, par exemple ?

    Il s’agit au contraire d’une toute petite affaire, montée comme un soufflé par un “microcosme” politico-médiatique tout heureux de pouvoir se consacrer à cette “affaire” et de réduire les retombées de la double et colossale branlée reçue par le PS en mars et en mai. Et quand je dis, “heureux de pouvoir s'[y] consacrer”, je me demande si je ne devrais pas dire “opportunément découverte pour leur permettre de s'[y] consacrer”, cet “opportunément” signifiant que l’affaire et son insignifiance étaient connues depuis longtemps et délibérément passées sous silence jusqu’au moment où la monter en épingle pourrait être le plus utile.

    Je dis “une toute petite affaire”, parce que, jusqu’ici, il n’est question que d’infractions possibles aux lois sur le financement des campagnes électorales. On peut d’ailleurs se demander si, à partir du moment où le Conseil constitutionnel a refusé de valider les comptes de campagne de M. Sarkozy, ces comptes tombent encore sous le coup de ces lois. Dans le cas contraire, il n’y a aucune infraction, simplement des manipulations comptables entre organismes communiquants.

    Bien entendu, il est possible que certains, qu’il s’agisse de “Bygmalion”, de ses actionnaires et dirigeants, de dirigeants politiques de l’UMP, aient détourné une partie de ces “manipulations comptables” en direction de leurs poches personnelles. En ce cas, il y aurait effectivement un délit. Mais tant que celui-ci n’est pas avéré, il n’y a peut-être pas “d’affaire” du tout, sauf, bien sûr, pour ceux qui en ont profité pour éliminer M. Copé et tenter de gauchiser l’UMP, contrairement aux aspirations de la majorité de ses militants et électeurs (surtout ceux qui ont préféré s’abstenir le 25 mai) et pour la gauche politique et médiatique qui se réjouit que l’attention soit détournée de leurs 13.9% de voix du 25 mai et des malheureux 3% de Français qui souhaitent voir M. Hollande assurer un second quinquennat.

  • ben , 22 juin 2014 @ 20 h 11 min

    Je ne sais pas jusqu’où on peut fricoter “avec le mal” étant entendu que la politique n’est que trop rarement question de blanc et de noir et plus souvent de gris plus ou moins foncé.
    Je sais que dans toute communauté humaine, le mal y sera, à commencer en moi qui ne suit point parfait. Je ne suis pas sur que j’aurais abordé la question de ce point de vue en fait. Disons plutôt “Quelle fin peuvent-ils espérer au prix de moyens acceptables ?”
    J’ajouterais que la déception qu’inspirent bien des têtes de partis de tous ordres n’enlèvent rien au travail bien plus désintéressé de nombre de militants – éventuellement floués. C’est aussi – et surtout ? – cela un parti.

  • samovar , 23 juin 2014 @ 12 h 58 min

    Même si ni vous ni moi ne sommes parfaits, il y a quand même de la marge avant d’atteindre le niveau de sordide de ce qui est révélé à l’UMP. Et même si nous ne sommes pas parfaits nous ne ferons pas confiance à ceux qui le sont encore moins que nous d’après nos critères qui peuvent être plus ou moins “transigeants” …. ou intransigeants c’est selon … donc vivement une autre droite plus proche de nous …

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