Théâtre d’ombre et clair-obscur

par X…*

Un doute demeure. Je n’ai su déterminer avec certitude si figurait lors de la production à Avignon de la pièce « Sur le concept du visage du fils de Dieu », une scène de projection d’excréments sur l’écran où est projeté le visage du Christ. Si tel était le cas, je comprendrai l’émotion que cela suscite, mais cela ne suffirait pas à me réduire aux choix opéré par les intransigeants qui ont perturbé la représentation au Théâtre de la Ville de Paris.

Romeo Castellucci n’est pas l’antéchrist que certains ont dépeint

Je me demande s’ils ne se sont pas trompés de « client ». N’ont-ils pas confondu avec Golgotha Picnic ?

Si l’obsession de l’usage d’excréments humains dans le non-art contemporain m’est odieux, je ne peux être insensible à la mise en scène de la fragilité humaine, de sa misère, même, qui, trouvant sa cause dans le péché originel, fait de tout chrétien un ami des petits, des blessés, des diminués, des faibles, que le temps s’ingénie à faire de nous tous.

Et sans flatter cette pièce que d’ailleurs, je n’ai pas vu, comme la plupart de ses opposants, on ne peut nier que le projet de son auteur est de mettre en lumière la misère humaine. La pièce est sans doute maladroite, convenue, mauvaise même. Ce n’est pas mon propos.

Un sombre bilan

La chrétienté n’est plus ce qu’elle était, partout elle recule, de religion de tous elle devient confession minoritaire, elle s’est aussi beaucoup amoindrie . elle-même, pêchant, s’il était possible, par un excès d’humilité. Et je le regrette. Les chrétiens sont persécutés en Afrique, en Asie, au Proche-Orient, au Moyen-Orient, en Inde dans le silence assourdissant des belles consciences.

En France, un laïcisme un brin paranoïaque imprègne la quasi totalité du champ public, l’école, l’hôpital, la justice, les média. Il est de bon ton de montrer combien on est éclairé en faisant assaut de distance critique, de mépris, d’irreligion. La place centrale de la foi catholique dans l’histoire de France est niée par l’ensemble des institutions au mépris de l’évidence factuelle.

La place légitime du christianisme comme système de référence intellectuelle et culturelle est oblitérée, l’absence d’intellectuels chrétiens, même lorsqu’ils existent, est criante, le déni hystérique du fait religieux, la cécité spirituelle des « élites » constitue un scandale quotidien.

Il faut y remédier. Reste que cette pièce ne constitue pas le coup d’envoi de la persécution. 

Nœud gordien

Nous assistons dans cette triste affaire à un écheveau de malentendus, de dialogue de sourds et de non dits. Je vais tenter d’en mettre à jour quelques uns.
Tout d’abord, un mot sur les protagonistes.

L’auteur est un italien. La France, plongée dans son provincialisme nombriliste ne connaît pas le climat intellectuel transalpin. En Italie, le catholicisme imprègne subtilement l’ensemble du champ des significations. Si cette pièce est loin de dévoiler manifestement, évidemment, une vérité – ce qui reste le privilège des chef-d’œuvres – ce qu’elle n’est sans doute pas au vu des préjugés artistiques de son auteur- si elle ne convient pas à tous les publics, si elle peine à convaincre, si elle échoue à atteindre sa fin, elle reste emprunte de l’intention légitime de son auteur d’interroger la figure du Christ. C’est peut-être une mauvaise pièce, mais ce n’est pas une pièce antichrétienne.
Son auteur a un rapport ambigu à la Révélation chrétienne, mêlant révolte, incompréhension mais aussi interrogation et fascination. Qui peut réduire à rien la tension avec le phénomène le plus inédit, le plus scandaleux, le plus fou (Saint Paul) de l’histoire de l’humanité ?

Qui dira que la foi c’est facile, évident ? Qui témoignera contre la nuit obscure de Sainte Thérèse d’Avilla ou bien encore contre Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus qui disait comprendre les athées ?

Interdit de ne pas interdire

Un des scandales que recèle cette affaire, c”est la logique de l’interdiction, de la disqualification, de la liquidation qui prévaut dans tous les camps : les « cathos » veulent interdire la pièce, alors qu’ils auraient pu légitimement contester les subventions dont elle bénéficie, les « cultureux » veulent voir les catholiques « dégager », les pouvoir public veulent empêcher le débat ou les empoignades par le déploiement délirant de la maréchaussée.

La répression fut féroce, à mesure même de la docilité des chrétiens. La logique de la répression et la pratique de la rafle constitue le second scandale de cette affaire : on ne voit jamais les choses en arriver à ce point avec des publics moins dociles, comme l’extrême-gauche, les pro-palestiniens ou les syndicats. On voit bien que le rapport de force est très défavorables au « cathos », souvent très jeunes, inorganisés, inexpérimentés et dénués de culture oppositionelle.

Les catholiques intransigeants se sont sentis blessés dans ce qu’ils ont de plus précieux. C’est leur sensibilité. Ils ont le droit d’en témoigner sans se voir interdits de débat. Seulement le veulent-ils seulement ? Nous n’avons entendu parler que d’interdiction.

Interdire la création, même mauvaise, n’est pas conforme à la logique de liberté qui est au cœur du message évangélique. Et même, interdire, pour faire quoi à la place ? Où sont les dramaturges, les peintres, les romanciers, les cinéastes chrétiens ? Les compagnies de théâtre de patronage, avec fausse barbe en coton hydrophile et tunique en toile de jute, ne font pas une action culturelle. Nous payons aujourd’hui l’abandon, la désertion de la culture, des médias, de l’enseignement depuis quarante ans au profit du commerce, de la banque, de l’assurance, de l’armée…

Un dialogue de sourds

Les jeunes catholiques qui ont perturbé la pièce de théâtre n’ont pas eut l’air de se rendre compte qu’interrompre une pièce par des prières – ô scandale pour des agnostiques – constituait pour les milieux culturels parisiens un sacrilège. En effet, dans ces milieux, attachés aux livres et non au Livre – au sens développé par Benny Lévy et Alain Finkielkraut – porter atteinte, même dans le cadre d’un débat sérieux et profond, à une représentation théâtrale constitue un acte d’une gravité extrême par les évocations – imaginaires – mais auxquels ils sont très sensibles – de censure, d’inquisition, d’autodafé.

Pour eux, qui sont insensibles aux vérités de la Foi, les sommet des réalisations humaines relèvent de la vie intellectuelle, de la création, des arts. Le cinéma et le théâtre sont leur liturgie ordinaire et extraordinaire, les livres leurs Ecritures, les média leur bréviaire, l’école leur Temple etc.

Interrompre la représentation constituaient pour les « cultureux » un sacrilège.

Pour ces catholiques, cette pièce porte atteinte à notre Foi et constitue un outrage. Dialogue de sourds. Inattention réciproque. Nous sommes plus coupables qu’eux, parce que nous avons beaucoup reçu. Cela nous fait des devoirs.

Certes, nous avons le devoir de nous opposer à l’iniquité, surtout contre ce qui est juste et bon, et partant contre Dieu, mais si nous devons être comme Saint Dominique, les chiens de Dieu, nous devons l’être de tout notre cœur, de toute notre Foi… mais aussi, de toute notre intelligence.

Parce que c’est mignon de se laisser emballer comme des agneaux, mais nous devons aussi, selon le commandement du Seigneur, être rusés comme des serpents. Et, là il faut le dire, on est loin du compte.

Quelques non dits

Les indignés sont animés par un noyau de catholiques traditionalistes proches de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X, initiée par Mgr Lefebvre. Cette dernière est engagée dans un processus de négociations avec Rome afin de lever les excommunications et les obstacles à un ralliement plein et entier à l’Eglise de Rome.

Seulement, la Fraternité Saint-Pie-X est traversées de contradictions et nourrit des oppositions à ce ralliement. Certains veulent peser, voire empêcher les négociations avec Rome.

Le contexte politique, marqué par la marginalisation des catholiques au sein du Front National depuis plusieurs années conduits les éléments les plus déterminés de ce milieu à engager un rapport de force et de notoriété pour faire subsister leur synthèse nationale-catholique. On assiste là à un véritable effet d’aubaine.

Les milieux « culturels » parisiens quant à eux jubilent à l’idée de voir confirmer leur préjugés éculés sur la domination patriarcale, chrétienne, nationale qui cherche à opprimer une création frondeuse et subversive, se donnant à peu de frais le beau rôle de résistants contre un fascisme tapi dans l’ombre et prêt à ressurgir à tout instant pour imposer le règne de la censure et de l’obscurantisme. Aubaine là encore.

La réalité c’est que les milieux « cultureux », minoritaires et subversifs dans les années cinquante sont devenu la domination. Leurs outrances sont devenues les lieux communs de l’époque. Ils ont imposé, partout et sans cesse, depuis quarante ans, la subversion subventionnée avec l’argent du contribuable, au point que la culture classique étouffe, en plus d’être devenue suspecte : il est devenu quasiment impossible de voir une pièce classique ou antique jouée sans y voir ajouter des « audaces » convenues et dérisoires.

Les pouvoirs publics sont quant à eux dans un grand embarras. Dans le climat de crise, de risques d’emballement, ils craignent tous les mouvements de foule qui pourraient dégénérer suite à un incident toujours possible. Ils éteignent toute contestation organisée par des déploiement de forces de police disproportionnés. La culture jacobine, si typiquement française de confiance aveugle dans l’Etat se voit confirmée au détriment du débat public, fut-il viril, comme l’histoire littéraire et artistique française en témoigne abondamment : Hernarni c’est fini.

Les jeunes catholiques ont quant à eux eu leur part de gratification.

En priant, en chantant en latin, en se comportant comme les martyrs des premiers temps, ils se sont envoyé de bonnes doses d’auto-gratification, sans jamais porter de coup sérieux à leurs adversaires d’occasion.

Politique d’abord – 2012 : pas une voix pour l’UMP

Nos intransigeants semblent ignorer que les solutions aux maux qu’ils dénoncent sont politiques.

Ni culturelles, ni religieuses.

Ils témoignent de leur inconséquence en se réfugiant, pour les uns, dans un vote frontiste stérile et inutile pour les uns, dans un vote mécanique pour l’UMP, qui les trompe et leur envoie la police, pour les autres, en faisant profession d’apolitisme pour la plupart, enfin, en se calfeutrant dans des logiques groupusculaires maximalistes et inoffensives pour le petit reste.

La réponse aux mots de la Cité est politique, et elle passera par une résurrection d’une droite authentique indépendante de l’UMP et qui saura éviter les ornières de l’exrême-droite nationale-catholique jusque récemment égarée au Front, avant la purge mariniste.

L’UMP n’aura rien changé au climat culturel malgré ses promesse de rompre avec 68. Elle a envoyé la police aux indignés du Théâtre de la Ville, elle aura laissé les mains libre aux rentiers du non-art payés avec vos impôts… Elle aura laissé en l’état l’ensemble des mesures sociétales mises en place par la gauche (avortement à 12 semaines, alphabétisation à la contraception, Pacs, ect.), elle aura laissé passer le gender… Que vous faut-il de plus ? Qu’est-ce qui est décisif, qu’est-ce qui est accessoire ? Qu’est-ce que le Christ attend de nous ? Qu’on perturbe des divertissements ou que nous nous jetions au cœur de la mêlée ?

*X… est un catholique.

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14 Comments

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  • 0 / 10
  • diego , 28 octobre 2011 @ 16 h 04 min

    Quand je lis tout ce qui se passe en France, je suis content de vivre en Amérique Latine. Bien sûr nous avons d’énormes problèmes, mais les gens ont su conserver leurs traditions et leur culture, ce qui est de moins en moins vrai en France. Ici ce type de pièce est impensable, car toute la société est marquée par le christianisme. Pauvre France qui est en pleine décomposition…

  • Sixte de Saint Louvent , 28 octobre 2011 @ 20 h 04 min

    Réponse à un article anonyme du 28 octobre 2011 :Théâtre d’hombre et clair-obscur.

    Bien cher Mister X,
    J’ai lu votre article avec attention et je ne vous cache pas qu’il m’a profondément déçu. Je ne suis pas un grand intellectuel ni même un fin politique, cependant j’ai un minimum d’intelligence malgré mon intransigeance et j’espère ne pas vous décevoir en vous exposant mon analyse de … votre analyse.

    « Sur le concept du visage du Fils de Dieu. »

    Puisque cette pièce est au centre des débats, parlons- en. Vous dites qu’elle « n’est pas antichrétienne », que « le projet de son auteur est de mettre en lumière la misère humaine. » Vous mettez ainsi en doute le fondement même de la réaction de ceux que vous appelez des « intransigeants », au point de vous demander « s’ils ne se sont pas trompé de client », s’ils n’ont « pas confondu avec Golgotha picnic . »

    Rappelons tout d’abord ce qu’est cette pièce. En effet l’auteur met en scène, dans la personne d’un vieillard, la misère et la fragilité humaine. Mais la suite de la pièce, loin de susciter chez le spectateur la pitié qui ferait de lui «un ami des petits, des bléssés, des diminués, des faibles », pousse plutôt, et de façon très claire, à la révolte contre Dieu. En effet, les excréments du vieillard impotent sont jetés à la face du Christ dont le portrait géant est exposé tout le long de la pièce. Des enfants sont appelés à jeter des grenades sur ce divin visage et la phrase : »tu n’es pas mon berger » apparait en fond.

    Indépendamment de l’intention de l’auteur, pourtant très claire au travers de cette scène, ce sont les faits même qu’il faut juger. En effet, ce sont eux qui sont exposés au publique et au jugement d’autrui. Dans cette pièce, l’image du Christ est gravement souillée. Brûler l’effigie d’un homme politique sur la place publique, n’a jamais été considéré par l’intéressé comme un fait indifférent. L’image de quelqu’un n’est pas sans rapport avec elle et les souillures portée à l’image d’une personne constituent bien une insulte réelle et concrète envers cette même personne. Cette pièce constitue donc un réel blasphème envers la personne très sacrée de Notre Seigneur Jésus-Christ.

    Contre quoi s’insurgent les jeunes « intransigeants » ?

    Continuons l’analyse. Vous dites « qu’interrompre une pièce par des prières […]constitu[e] pour les milieux culturels parisiens un sacrilège ». Puis exposant le point de vu des catholiques, vous affirmez que cette pièce « est une atteinte à notre Foi et constitue un outrage. »

    Vous n’avez absolument pas compris contre quoi s’insurgent d’abord les jeunes qui se rassemblent devant le Châtelet pour réciter le chapelet. Nous nous insurgeons d’abord contre ce qui constitue un blasphème et une insulte ouverte envers Notre Seigneur Jésus Christ. Ensuite seulement nous manifestons contre l’outrage qui nous est fait à travers l’insulte de celui que nous adorons. Et c’est pourquoi dans nos manifestations les prières et les chants en latin priment sur les slogans anti-christianophobie. Nous venons avant tout réparer par nos prières l’outrage fait à notre Dieu. Ce n’est pas un acte avant tout politique, mais un acte de la vertu de religion.

    Dans cette optique, si les violences, les jets d’œufs et d’huile de vidange me semblent toujours condamnables, inutiles et inappropriés (voir stupides) ; l’interruption de ce spectacle par des jeunes montés sur scène en récitant le chapelet prend une toute autre tournure. Ils n’ont commis aucune violence, ils ont prié sur scène, ils n’ont pas résisté aux policiers venus les chercher. Par contre ils ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour empêcher que le blasphème ait lieu. Pourquoi les traitez-vous d’intransigeants ?

    La liberté d’expression.

    Ce qui m’a le plus choqué dans votre article, c’est la phrase suivante : « Interdire la création, même mauvaise, n’est pas conforme à la logique de liberté qui est au cœur du message évangélique. » Avez-vous lu l’Evangile ? Je veux dire, l’avez-vous lu en entier et attentivement ? L’avez-vous m édité ? Avez-vous étudié la doctrine de l’Eglise Catholique sur la liberté ? Désolé si je vous offense, mais permettez-moi d’en douter !

    Dans l’Evangile, plus de 60 fois Notre Seigneur menace les pécheurs de l’enfer. Serait-ce la religion d’un Dieu méchant, vengeur et sans miséricorde ? Loin de moi cette idée. Dieu veut le salut de tous et préfère la miséricorde au sacrifice. Mais il nous enseigne lui-même, de sa propre bouche, que le mal demande réparation et que les pécheurs endurcis seront jeté sans pitié dans la géhenne. Ce sont eux-mêmes qui se privent de la miséricorde divine par leur obstination, comme celui qui ferme ses volets se prive lui-même de soleil. Dans l’Evangile, le mal existe toujours, et il est toujours condamné et interdit. Ce n’est pas à l’homme de décider ce qui est bien et ce qui est mal, mais à Dieu seul, et Dieu a confié à l’Eglise la garde des mœurs. Si certains points non-essentiels de morale restent encore disputés entre les théologiens, il faut bien être un catholique anonyme de votre espèce pour penser qu’insulter publiquement le Christ de la sorte puisse être permis au nom de la liberté évangélique !

    Non, Mister X, tout n’est pas permis, même dans l’art, parce que l’art n’est pas ce qui transcende l’homme de manière absolu. Au-dessus de l’art il y a Dieu, et c’est ce qu’ignorent les milieux culturels parisiens. Là-dessus ils sont dans l’erreur, et nous dans la vérité. Aussi, lorsqu’une représentation est une insulte à Dieu, ils ont tort de crier au sacrilège parce qu’elle est interrompue, et nous avons raison de l’interrompre. Celui qui n’a pas la Foi aura du mal à comprendre, mais ça ne change rien à la vérité.

    D’autres petites remarques :

    Quelques imprécisions ou même quelques erreurs semblent encore trainer dans votre texte.
    Tout d’abord vous dites : « Et même, interdire, pour faire quoi à la place ? Où sont les dramaturges, les peintres, les romanciers, les cinéastes chrétiens ? » Là, j’espère que vous vous êtes laissé emballé et que vous êtes allé plus loin que votre pensée ! Il est vrai que dans les nouveautés, les noms connus associés à celui de chrétien se font de plus en plus rares, mais de là à dire qu’ils sont inexistant ! Quant aux œuvres moins ressentes, je ne vous ferais pas l’insulte de croire que vous n’en connaissez pas d’auteurs chrétiens. Le XXème siècle en est encore chargé.

    Ensuite, vous dites que « les indigné sont animés par un noyau de catholiques traditionalistes proches de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X. », et que « cette dernière est engagée dans un processus de négociation avec Rome afin de lever les excommunications et les obstacles à un ralliement plein et entier à l’Eglise de Rome. » Je vous rappellerai d’abord que les excommunications ont été levées par le Saint Père il y a plus de deux ans. Un détail… Aussi, je voulais vous demander ce que signifie « un ralliement plein et entier à l’Eglise de Rome. » ? On est dedans ou on l’est pas ! D’aillieurs j’ai du mal à comprendre lintroduction de la Fraternité Saint Pie X dans le débat. On ne s’insurge pas contre cette pièce parce qu’on est tradis, mais parce qu’on est catholiques. Le fait que seul « un noyau de catholiques proches de la Fraternité » se soit bougé et ai entrainé les autres, c’est un autre sujet de réflexion.

    Enfin vous dites avec mépris que « en priant, en chantant en latin, en se comportant comme les martyrs des premiers temps, ils (les catholiques « intransigeants ») se sont envoyé une bonne dose d’auto-gratification, sans jamais porter un coup sérieux à leur adversaire d’occasion. » Je vois que vous n’avez jamais été encerclé par des crs, que vous n’avez jamais été traité comme de la racaille. Vous n’avez jamais passé 2h entassé dans un car de police et vous n’avez jamais été fouillé comme si vous cachiez une bombe dans votre sac de cours. Moi, l’auto-gratification, je l’ai senti bien humiliante.

    Pour conclure

    Avant de traiter les autres d’intransigeants et de dire avec mépris : « regarder, ils se font embarquer, rhooooo les orgueilleux ! », peut être auriez-vous pu étudier leurs motivations avec un peu plus d’attention. Loin de moi la pensée de dire que ceux qui ne sont pas allés au Châtelet sont des catholiques mous. Il y a bien des façons de montrer sa désapprobation et de réparer un scandale, même de façon privée. Mais au moins évitez d’insulter ceux qui ont choisi cette solution pour répondre publiquement à un scandale publique. Réciter un chapelet devant un théâtre ou interrompre une représentation scandaleuse n’a rien de ridicule, à moins que la religion ne tienne dans votre vie qu’une place secondaire.

    Enfin, pour une action à caractère un peu plus politique, puisque la politique semble être pour vous la seule solution à la décadence actuelle de la société, attendez donc un peu. Une manifestation dument organisée aura lieu à Paris ce Samedi soir. Un petit rappel toutefois : vous qui êtes catholique, vous devez savoir que l’Eglise n’attend aucune amélioration dans la société que par le règne social de celui que l’on couvre d’insulte au théâtre de la ville : Omnia instaurare in Christo.

    Bien amicalement,

    Sixte de Saint Louvent.

  • F.A , 28 octobre 2011 @ 21 h 58 min

    “Tout va très bien Madame la Marquise Tout va très bien … … …” :
    http://indignations.org/profanations/

  • X. catholique , 29 octobre 2011 @ 3 h 57 min

    @ Sixte de St Louvent
    J’ai employé le terme d’intransigeant au sens qu’en a fixé Laurent Frölich, afin de rendre compte de l’unité relative de courants (tradis ralliés, tradis de la Frat St Pie-X, catholiques paroissiaux exigeants ect…) par delà ce qui les distingue.
    Je n’en ai pas fait un usage péjoratif… mais l’article étant déjà assez long il m’était impossible de l’expliquer… vous êtes donc parti sur une mauvaise impression infondée mais qui imprègne toute votre analyse.
    Dans doute cette pièce est mauvaise contestable etc. comme je l’ai dit, ce n’est pas mon affaire…
    Je ne l’ai pas vue, e surtout je ne l’ai pas vue à Avignon, donc je ne suis pas sûr de son contenu je crois l’avoir bien précisé… J’ai entendu des échos contradictoires venant d’amis travaillant dans la presse confessionnelle ou animateurs de groupes de formation de croyants ou sur place quant à cette scène dont je ne sais si elle fut réelle ou inventée, faite à Avignon et retirée ou inexistante… en tout cas elle n’est pas revendiquée dans la presse qui reste mon seul moyen d’en savoir davantage…
    Vous êtes formel quant à la scène des excréments jetés sur le visage du Christ… en savez vous plus ? une référence…? J’ai écris cet article sur la base que de choses dont je peux être certain. je ne demande qu’à éclaircir ce point.

    Quant à la révolte contre Dieu, vous aurez remarqué que c’est un fait quotidien, qui imprègne l’ensemble de l’air qu’on respire…les profanations quotidiennes en témoignent… Pourquoi donc vous focalisez-vous sur cette pièce? Que croyez-vous que cela arrangera ?
    Ce que j’interroge ce n’est pas votre réaction, mais les aubaines qu’en tirent tel ou tel et qui quoi que vous en pensiez sont bien réelles… Sinon comment expliquer leur silence sur mille sujets de même ou de plus haute importance?

    De qui le Christ est-il encore le berger?
    Le catholicisme est minoritaire aujourd’hui en France, pour les raison que j’ai dites… ce n’est pas ainsi qu’on va régler ce grave problème qui est la conséquence de décennies de reculs incessants… se crisper sur cette affaire exemplaire ne résout rien, seulement cela vient confirmer un “ras-le-bol” bien compréhensible mais vous ne chercher pas les réponses au bon endroit… Afin de redonner au Christianisme sa place dans l’espace public français il faudra beaucoup plus que des prières (et ne venez pas m’expliquer la force de la prière… je connais merci) Il faut que les catholiques sortent de leur torpeur pour s’opposer – bien vainement – à ce spectacle si vous voulez, mais aussi pour faire tout le reste… Que faites vous du reste? Qu’en vous en etes vous occupé, quand vous en occuperez-vous ? que ferez-vous lundi quand tout cela sera terminé?

    Vous écrivez : “Nous nous insurgeons d’abord contre ce qui constitue un blasphème et une insulte ouverte envers Notre Seigneur Jésus Christ. Ensuite seulement nous manifestons contre l’outrage qui nous est fait à travers l’insulte de celui que nous adorons. Et c’est pourquoi dans nos manifestations les prières et les chants en latin priment sur les slogans anti-christianophobie. Nous venons avant tout réparer par nos prières l’outrage fait à notre Dieu. Ce n’est pas un acte avant tout politique, mais un acte de la vertu de religion.” J’avais compris… Je comprends, mais je crois que beaucoup on réagit sur un coup de sang, sans comprnedre les enjeux que j’ai essayé de détailler et qui vous échappent encore…
    Vous n’avez manifestement pas compris le chassé-croisé que je décris – je le regrette- mais je n’en suis pas responsable… Je crois qu’au dessus des arts il y a la foi… mais je n’ai aucun moyen d’en convaincre les milieux culturels parisien d’un coup de baguette magique.
    Lorsqu’on veut être compris encore faut-il essayer de comprendre ceux à qui on s’adresse.
    Je crois que ca n’a jamais été votre intention -aux indignés- c’est pourquoi je parle d’écheveau de malentendus et de dialogue de sourds…
    Vous avez vous aussi -pour des raisons qui en principe sont légitimes -j’en interroge l’opportunité – la prudence si vous voulez en langage thomiste – commis un “sacrilège” POUR LES MILIEUX CUL-CULTURELS – je ne parle pas de moi… comment voulez vous qu’ils entendent vos raisons ? C’est pourquoi je dis que vous avez singé de vouloir être entende, d’avoir voulu témoigner, mais vous vous y êtes pris comme des manche , le seul résultat tangible est que vous avez confirmé vos adversaires dans leurs préjugés et vous avez sans doute pas convaincu les hésitants… je n’ai rien ni contre le latin, ni les martyrs des premiers siècles au contraire, je voudrait leur voir assigner un statut un peu plus éminent que celui auquel vous vous êtes prêté: il y a dans tout cela un petit air d’autoparodie qui vexe le militant politique et chrétien que je suis…
    Je sais avoir plus de palmes militantes que vous, alors ne me faite pas le coup de la dure loi de la rue…
    En effet, tout n’est pas permis dans l’art mais vous aurez remarqué qu’il n’y a plus d’index, a mon grand regret… Selon vous pourquoi ? Parce que dans une société libérale attenter à une liberté formelle (j’emploi le terme de liberté réelle lorsqu’elles sont conforme au droit naturel et chrétien) est devenu une impossibilité matérielle, ne serait-ce qu’en raison du fait que pour l’essentiel la société échappe à l’Eglise et à son enseignement de Vérité.
    Je sais bien que la liberté des moderne s’oppose souvent aux vraies libertés telles que les entendent les chrétiens, mais enfin il y a autre chose… L’évangile n’est pas un règlement intérieur, il y a qqchose de profondément “libertaire”, de “subversif” dans l christianisme… Le Christ à bouleversé le monde, renversé les Puissants etc… qui échappe à ceux d’entre vous qui recevez un évangile désinfecté de sa puissance corrosive…
    Lisez René Girad, vous verezde quoi je parle … Scandale pour les juif, folie pour les payens disait l’Apotre des Gentils…
    Enfin, si il est vrai, et je reconnais qu’il y ai un doute sur ce point, que cette pièce a une intention antichrétienne – moi je crois qu’elle est suspendue dans une révolte fascinée par le Christ –
    1-qu’est ce que vous avez eu comme résultats ?
    2- Qu’est-ce que cela peut-il faire à Celui qui fut l’Outragé, le Serviteur Souffrant ?
    3- Qu’est-ce cela peut-il faire à Dieu ? Vous voulez réparer par la prière? Je le fais aussi …

    Je crois que cette affaire recouvre des enjeux dissimulés à la jeunesse qui s’y rend mu par de bons sentiments et dont j’ai tenté de lever un coin du voile…
    Vous ergotez sur la frat St Pie X… Y a-t-il des négociations avec Rome? Sur quoi portent-elles ? Y a-t-ils des opposants au “retour” dans l’Eglise de Rome? Qui sont-ils? Vous voulez dissimuler les enjeux internes aux organisations qui ont été à l’origine de la mobilisation, mais dommage pour, vous je suis un familier de ces problèmes depuis presque quinze ans…

    Vous me faites dire : « regarder, ils se font embarquer, rhooooo les orgueilleux ! ».
    je n’ai pas dis ca… Il existe en anglais un terme qui traduit bien le phénomène dont j’essayais de vous tracer les contours en parlant d’autogratification : c’est la self-rightiousness…
    Le sentiment d’être dans son bon droit, d’être au dessus de toute critique… Vous confirmez ce sentiment en détaillant vos souffrances… Les martyrs montaient sur le grill en chantant pas en clignant de l’oeil…
    Vous dites :”Réciter un chapelet devant un théâtre ou interrompre une représentation scandaleuse n’a rien de ridicule”… Je pense comme vous… seulement vous avez l’air de faire semblant de ne pas comprendre… je ne conteste pas cela… je dis que vous n’avez visiblement pas mesuré l’impact de cette action CONTREPRODUCTIVE au vu des zèbres présents dans la salle… Il y a bien des manières d’empêcher la tenue d’un tel spectacle – si nécessaire… mais pour cela il faudrait faire preuve de créativité… tiens justement.

    Quant aux écrivains et artistes catholiques du XIX siècle, qui pour beaucoup figuraient à l’Index… et les auteurs catholiques du XX siècle que vos homologues désespéraient déjà (je pense à Bernanos par exemple…) ça commence à dater un peu…
    Ne faites pas semblant de voir l’effondrement de la culture chrétienne, je ne parle même pas de sujet religieux, mais simplement de la place et du nombre d’intellectuels, artistes, auteurs chrétiens … vous ergotez ou faites semblant de ne pas comprendre, vous tapez à côté… je me suis donné la peine de vous répondre, mais je doit vous dire que je fatigue…

    En Christ.

    PS: Vous pardonnerez les coquilles…

  • X. catholique , 29 octobre 2011 @ 4 h 55 min

    L’abbé de Tanouarn confirme le caractère préparé et pas du tout spontané de cette campagne… par …
    “”Alain Escada, qui, au nom de l’Institut Civitas est le véritable concepteur de cette campagne pas du tout improvisée””

    http://ab2t.blogspot.com/2011/10/christianophobie.html

    sans être d’accord sur tout (loin de là) , je lis ce commentaire non tout à fait faut plus bas sur le blog qui publie l’abbé de T. et qui montre la variété des points de vue et surtout la complexité du dossier que les “bons” cathos voudraient gommer …

    Anonyme a dit…
    “mauvais esprit :
    a) je ne sais si cela fut “soigneusement préparé” mais quand on sait la férocité laïciste( même de la laïcité à la Sarkozy-Benoit 16), comment aller à une centaine se faire menotter et coffrer, comment ne pas y aller tout de suite en nombre…(mais on ne va pas mélanger l’AF, le MJCF, etc …ce serait scandaleusement oecuménique !)
    b) disposons-nous d’assez de forces et de militants pour aller en laisser casser( socialement ultérieurement, je ne parle pas du “physique”…). Je sais que Dieu réduisit l’armée de Gédéon, mais quand même pas à 3 personnes! et que Saint David vainquit Goliath avec une pierre de fronde, bien ajustée, mais pas avec une poussière..
    c) allons-nous passer notre temps à lutter contre chaque provocation de la Crapule, acceptant toujours la lutte sur le terrain qu’elle a décidé, quand des millions d ‘hommes en Hexagone ne savent plus qui est le Christ( réduit à l’homme idéal par la Canaille ecclésiastique)
    d) Quand commençons-nous une campagne de Christophilie, pour partager les trésors de splendeurs de la Révélation : n’est-ce pas un pire blasphème de garder cela dans nos chapelles?
    e)ayant commencé ma “carrière” avec un dossier politique très épais, (merci aux évêques et aux curés de choc des années 60), je sais ce qu’il en coûte de se laisser mener par la cléricature …On ne la retrouve jamais à vos côtés ensuite pour affronter les conséquences des enthousiasmes( révolutionnaires ou contre révolutionnaires) des pasteurs
    f) un certain nombre de laïcs , piliers de St Nicolas, estiment qu’une consultation aurait pu exister avant de lancer les jeunes à l’assaut, et je connais un certain nombre de familles qui sont déchirées entre les pour et les contre…
    Aujourd’hui que la sinistre journée d’Assise se répète (avec les variantes nécessaires pour faire croire à des changements, “plus ça change, plus c’est pareil”), que donc les pasteurs officiels vont coudre la tunique de Jésus à d ‘autres tuniques bariolées, pour métisser le monde et pluraliser la “religion” est-ce le moment de re-déchirer un peu plus le saint Vêtement de Jésus?
    g) enfin, après les trente glorieuses, les trente joyeuses(festives voire gays), nous abordons les 30 douloureuses. l’international socialisme va succéder bientôt à l’international “libéralisme” qui l’a préparé par son incompétence et ses bourdes. hémaurmes.. les familles nombreuses, les écoles catholiques, les prieurés vont souffrir un peu plus encore… (puisque catalogués comme “intégristes fascistes fondamentalistes)
    Et quantité de “gens de bonne volonté”( paysans, artisans, policiers, enseignants, chercheurs, journalistes, hommes politiques , artistes, penseurs, etc faisant leur métier en conscience vont continuer à être cassés dans l’indifférence la plus totale non seulement des médiats mais de l’Eglise elle-même qui ne semble pas comprendre que la nouvelle Epuration est en marche depuis au moins 20 ans…(je laisse de côté l’église qui participe elle-même à la tâche d’épuration !)
    Dans cette perspective, entre la “préparation parfaite” qui mènerait à l’inaction et la préparation, bâclée, n’y a-t-il pas de 3ème terme?”

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    http://www.medialibre.eu/communiques/le-p-a-s-avec-les-chretiens/10931
    Ca ca va être rock’n roll…

    —————————-

    et ca… également:
    http://www.renouveaufrancais.com/new/index.php

  • Stéphane Forez , 29 octobre 2011 @ 13 h 54 min

    Compte rendu d’un catholique qui a vu la pièce de Roméo Castellucci

    Je suis allé voir la pièce hier soir, mû en partie par la curiosité. Tout d’abord, je confirme que la scène où les enfants jettent des grenades (et non des excréments…) sur le portrait du Christ a bel et bien été supprimée à Paris. Pour quelle(s) raison(s) ? Est-ce la mobilisation de Civitas en amont qui a décidé Castellucci à “couper l’herbe” sous le pied des Cathos ? Je ne sais pas.

    Toujours est-il que cette pièce est abominable. Insoutenable. Anti-humaine. Je l’ai vraiment ressentie comme une agression au plus profond de moi-même, comme une attaque contre tout ce qu’il y a de beau, de pur en l’homme. Cette pièce est, d’un bout à l’autre, un cri de désespoir qui finit par se retourner contre le Christ.

    Jugez en : pendant environ 45 minutes, un vieillard dans son salon est pris de crises d’incontinence de plus en plus violentes. Son fils, parfaitement c*n d’ailleurs, au lieu d’emmener son père aux toilettes dès le départ, ce que n’importe qui d’un peu intelligent s’empresserait de faire, le nettoie dans le salon, en chemise et cravate. Il y a bien une gradation. Le père finit nu comme un vers, dos au public, face au portrait du Christ, et maculé de m**de presque des pieds à la tête. Castellucci, de temps à autre, fait entendre des sons de flatulence, et insuffle par deux ou trois fois dans la salle l’odeur ignoble qui va avec les sons susdits…

    Notons plusieurs choses : d’abord, l’extraordinaire monotonie de la pièce. Aucun suspens, aucune histoire, aucun intérêt. Pendant 45 minutes, imaginez que vous vous posiez devant des WC ouverts et que vous regardiez faire quelqu’un. C’est exactement ça, mais en pire. D’autre part, je note l’incroyable inconvenance du public, plié de rire à plusieurs endroits particulièrement éprouvants (le père se lâche à nouveau devant son fils qui vient de le changer, ou bien il se macule de visage d’excréments). Comme quoi, les anciens l’avaient bien compris, il est IMPOSSIBLE de réaliser une véritable tragédie, inspirant douleur et pitié au spectateur, avec un objet trivial. Et il n’est rien de plus trivial en l’homme que ses déjections. C’est pour méconnaître ce principe éternel de toute création dramatique que le metteur en scène obtient un résultat opposé à celui qu’il voulait créer : au lieu d’inspirer de la pitié avec cette pièce tragique, il fait rire, il inspire la moquerie. Sur le plan dramatique, cette pièce est donc un ratage total.

    Dans les deux dernières minutes de la pièce, le vieillard grimpe, à l’aide d’une sorte d’échafaudage, jusqu’au sommet du portrait, et derrière lui. En haut, il déverse un liquide que l’on peut effectivement prendre pour le liquide scatologique utilisé dans le reste de la pièce. Enfin, le portrait est déchiqueté, désagrégé de l’intérieur, le tout sur une musique puissante et proprement infernale. Nous sommes plusieurs cathos qui à la fin avaient le même jugement à propos de ces dernières minutes : il y a là quelque chose de satanique. Je n’exagère rien, ceux qui ont vu et entendu me comprendront.

    Je le répète, j’ai ressenti cette pièce comme une agression. Le metteur en scène présente la déchéance de l’homme dans ce qu’elle a de plus physique et de plus brutal mais, d’une part, il ne remonte pas aux causes et ne suggère jamais le péché originel (or il se dit chrétien), d’autre part, à force d’outrances dans la scatologie, il passe à côté de son dessein initial, qui était de montrer la beauté de l’homme confronté, sous le regard du Christ, à cette situation. Je n’ai jamais vu la tendresse du fils, ou sa patience. J’ai vu un vieillard nu déféquant sur scène et torché par son fils, et cela est si violent, si difficile à supporter qu’il est impossible d’apercevoir l’éventuelle beauté morale du fils.

    C’est que cette beauté morale n’existe pas chez Castellucci, quoiqu’il affirme. Ne remontant pas à la cause initiale, celle du péché originel, il ne peut introduire la notion de rédemption qui permettrait, avec un le respect de la bienséance la plus élémentaire, de rendre l’idée profonde de la pièce intéressante. Au contraire, cette longue scène scatologique suggère que l’homme n’est capable de rien de beau ou de pur. Le désespoir s’instaure rapidement, et s’il y a dans cette pièce une métaphore, c’est celle de ce vieillard, métaphore de l’âme désespérée qui finit par se retourner contre Dieu. Et c’est tout le sens de la scène finale, qui s’intègre parfaitement dans le reste de la pièce. La scène supprimée rajoutait une idée de révolte lancée à la figure d’un Dieu impassible, incapable de concevoir de la pitié pour sa créature déchue.

    Cette interprétation de la pièce n’est pas seulement la mienne. Le descriptif officiel publié sur le site du Théâtre de la Ville dit ceci : “un vieillard au corps délabré, sans un mot, crache sa révolte, sa souffrance, ses dégoûts”. Et plus loin, “Alors, noire comme l’angoisse, tombe la nuit. Un néant sans recours où, dans le silence et l’impuissance, lentement le visage du fils de Dieu se désagrège”. Vous comprenez peut-être mieux comment un catholique pense presque nécessairement à l’enfer dans la scène finale. Un néant sans recours…

    Que dire d’autre ? Je suis ressorti de la salle avec un envie de vomir. Un CRS a du me soutenir sur le trottoir tant je semblais aller mal. Encore une fois, hier soir, j’ai été agressé au plus profond de moi-même. J’a perdu un peu de ma naïve innocence. J’ai découvert jusqu’où l’homme pouvait aller dans la négation de tout ce qu’il y a de beau, de noble, de pur dans notre vieille carcasse. Cette pièce est une négation du véritable humanisme, qui est le fait de lutter contre tout ce qui amoindrit l’être humain à l’intérieur comme à l’extérieur de lui. C’est en tant que négation de l’humanisme que cette pièce est aussi une négation de Dieu. A s’attaquer à l’homme, ou finit par se retourner contre le Créateur de l’homme. On offense un peintre en lacérant son chef d’oeuvre.

    Négation de la nature raisonnable comme de la surnature, la pièce de Castellucci est profondément anti-chrétienne, quelque soit l’intention de départ du metteur en scène, qui se dit chrétien. Je veux croire que son intention première était de représenter la beauté de l’homme confronté à une aussi douloureuse situation. C’est complètement raté. C’est un ratage total. La surproduction de matière fécale s’oppose de toute façon et dés le départ à un tel dessein : on ne peut faire un tragédie avec un objet trivial. Castellucci, sans le savoir peut-être, a réaliser une comédie noire, atroce, désespérée. On rit jaune, ou l’on pleure nerveusement, ou l’on se sent comme une nausée dans l’estomac. On bien l’on reste indifférent, cynique.

    Est-ce qu’un tel navet, qui dans une société normale enverrait son auteur à l’hôpital psychiatrique, nécessitait une telle mobilisation de notre part ? Je n’ai pas la réponse à cette question, très honnêtement. Plusieurs de mes amis, excellents cathos et qui ont vu la pièce se sont posé la même question à la sortie. Nous sommes déçu et furieux que des copains puissent se payer un procès pour ça. Mais d’un autre côté, cette mobilisation si fervente n’est-elle pas un sérieux motif d’espérance ? Quant à l’aspect contre-productif de cette mobilisation, j’ai envie de dire au risque d’un manquement à la charité chrétienne, que la majeure partie du public, sans parler des “meneurs” (Delanausé, Mittérand…), est en l’état irrécupérable. C’est un fait. Au cas par cas peut-être, et avec beaucoup d’efforts et la grâce surabondante de Dieu, peut-être.

    Alors restons sur le plan surnaturel, sans fidéisme pourtant. Le combat politique est primordial, le combat culturel aussi. N’oublions pas le combat spirituel. Prier devant un théâtre, manifester notre Foi, notre Espérance, notre Charité n’a jamais fait de mal à personne. D’autant plus que les personnes qui observent les manifestations et avec lesquelles nous pouvons discuter, finissent généralement en total accord avec nous. Certaines personnes ont été frappé par la piété des jeunes lors des prières. Est-ce finalement si contre-productif que cela ? Aux yeux du monde, oui. Mais le Monde n’est pas de Dieu, jugeons d’un point de vue surnaturel ces rassemblements, c’est pour moi un moyen de les justifier. Je peux me tromper.

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