Les nouveaux barbares

Dans son édito de la semaine dernière (Marianne), entre autres sujets abordés, Jacques Julliard titrait, à propos du harcèlement à l’école : « Fascisme adolescent ».

C’est certainement le journaliste le moins sectaire et le moins malhonnête de cet hebdomadaire, mais il n’a pas pu résister à la tentation, sans doute trop belle, d’en remettre une couche en ces temps incertains où l’on se demande ce qui va sortir des entrailles de la bête immonde, qui n’en finit pas de se réveiller…

Tant qu’à tout politiser, pourquoi n’avoir pas écrit « le stalinisme adolescent » ou le « polpotisme adolescent » ? On sait que c’est nettement moins vendeur, mais tout de même, quelle manie de tout travestir avec les oripeaux du dernier siècle, et forcement avec celui éculé mais bien pratique de l’extrême droite ? On conclura qu’un journaliste de gauche, même relativement modéré, restera toujours un journaliste de gauche, c’est-à-dire un manipulateur patenté.

Le harcèlement à l’école est la première cause que Vincent Peillon aurait dû embrasser dès son arrivée au ministère de l’Éducation nationale et ce, tout simplement parce qu’il y a eu et qu’il y aura encore « mort d’homme » ou adolescents traumatisés, profondément meurtris qui mettront un certain temps à se remettre de l’intrusion des barbares au temps de leurs jeunes années.

Je parle de “barbares” et non de “fachos” et autres niaiseries pour lecteurs déculturés et formatés.

Prenons n’importe qui dans la rue, demandons-lui la différence entre le nazisme, le franquisme et le fascisme. Il ne sera capable que de nous dire qu’ils sont tous d’extrême drouate. Nous voilà bien avancés !

Tandis que “barbare”, c’est un mot honnête relatif à un comportement humain sévissant depuis la nuit des temps dans tous les pays de toutes les latitudes concernant les deux sexes de tous âges. A priori, il n’y en aurait plus, de barbares, depuis l’exportation massive des sacro-saints principes des siècles des lumières. Finis, plus de théocratie, plus de rois, amour et culture auraient été les mamelles auxquelles tous les peuples se seraient abreuvés pour se débarrasser de leurs penchants naturels.

Outre le fait qu’on en importe un certain nombre, il faut le reconnaître, nous sommes tout aussi capables d’en produire sur place des barbares.

Et justement, on les repère à l’école. Tant que les parents ne les ont pas lâchés, on sait qu’ils prospèrent au chaud, se nourrissant allégrement de tous les jeux-vidéo ou d’éveil pour finir par en déverser le
trop-plein sur ce que les réseaux sociaux peuvent offrir de plus débile et dangereux.

C’est là que çà se gâte pour les roux, les bègues, les forts en thème, les mal sapés, les ouin ouin, les handicapés, les pas beaux, les pas à la mode et j’en passe.

Pour les Noirs, les Arabes, vu que les bienfaits de l’immigration sont passés par là, ils ne font plus partie des minorités en danger.

Quant aux efféminés, ceux en quête d’identité sexuelle, ils n’ont plus de soucis à se faire parce que, pour qu’on les accepte, on va apprendre indécemment sous peu à leurs futurs harceleurs qu’ils ne sont pas forcément ce qu’ils croient, et vice versa.

Quand j’étais à l’école primaire, il y avait toujours un instit’ dans la cour qui, au premier « gros con » de lancé, venait gentiment nous prendre par l’oreille pour nous intimer l’ordre de faire dix tours de cour. Autant dire que la récré y passait et que ça calmait nos velléités de déviance. Les enfants, les ados d’« avant c’était mieux » étaient les mêmes que ceux de maintenant, à la différence près, et elle est de taille, qu’ils étaient éduqués. Certes, sans Madame Dolto, avec quelques claques par-ci, par-là et des objectifs bien précis, « finis ta soupe » accompagnés de consignes non négociables « débarrasse la table ». C’était à l’école “tu apprendras et tu tairas”, et nous avons survécu. Avant ce cycle précurseur de violation de leur liberté, ils étaient dressés à la politesse, et dans certaines familles, à la bienveillance, surtout vis-à-vis des petits camarades moins bien lotis qu’eux.

Bref on considérait qu’un enfant n’était pas forcément bon de nature et qu’il fallait l’aider à l’être, quitte à le brimer voire à le punir.

Comment aurions-nous pu imaginer que l’école puisse devenir pour certains ce lieu de souffrance, de brimades où leurs camarades peuvent en toute impunité les humilier, les harceler, voire les tuer ?

Qu’avons-nous laissé faire de nos enfants, de leur école, de notre société ?

Peillon veut sanctuariser un lieu pourri, où, non seulement, on n’apprend plus grand-chose mais où l’on peut aussi mourir, barbares au-dedans ou au-dehors.

Ce n’est pas une campagne de sensibilisation et un énième numéro vert qui aidera les enfants en danger. C’est ce qu’on appelle se faire et faire plaisir à peu de frais. Peut-être que Monsieur l’idéologue, au lieu de pomper tout le monde avec son aménagement des rythmes scolaires, sa théorie fumeuse du genre, sa propension à voir derrière chaque parent un terroriste adepte de la la burqua et surtout de la croix, pourrait se pencher sur des priorités autrement plus importantes.

Par exemple en allant lui-même écouter des professionnels, des enfants victimes, voire des parents de suicidés, plutôt que de commander des rapports à la pelle. Il pourrait aussi s’attaquer aux jeux des cours de récréation, le foulard et compagnie, qui, eux aussi, ont laissé sur le carreau pas mal d’enfants.

Les barbares ne sont que les rejetons d’un système laxiste, idéologue et profondément illégitime qui abat chaque jour les repères nécessaires à la construction d’un homme prêt à vivre avec ses semblables.

C’est évidemment plus facile de servir aux futurs petits républicains fantasmés la soupe du vivre ensemble que de les menacer de les démonter et de les repeindre quand ils attentent à l’intégrité physique ou morale de leur petit camarade !

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34 Comments

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  • conneriephobe , 28 novembre 2013 @ 13 h 36 min

    @Gisèle : le calvaire que votre fille a enduré fait partie des nombreux faits lamentables et insupportables subis par tant d’autres mais non dénoncés à l’époque car considérés comme honteux, tout comme le viol. Les victimes n’avaient que leurs yeux pour pleurer et la prière pour les protéger.

    Je ne dis pas qu’aujourd’hui, tout a changé, non malheureusement, non.
    Mais ce qui fait la différence c’est que les gens parlent, les infos remontent (pas toutes malheureusement), des plaintes sont déposées, des pétitions sont signées, des parents responsables se mobilisent pour créer des associations de défense de leurs droits et celles de leurs enfants.

    Plus l’Etat pieuvre et liberticide nous prive de nos droits et responsabilités de parents, plus nous devons nous mobiliser et nous battre pour protéger nos petits de la barbarie sous toutes ses formes.

  • passim , 28 novembre 2013 @ 13 h 47 min

    L’importation à haute dose de la sauvagerie, qui s’ajoute à une sauvagerie bien de chez nous…

  • Sacha , 28 novembre 2013 @ 13 h 59 min

    Cet article me plaît. Beaucoup.

    Mais vous savez quoi ? ET SI NOUS CESSIONS DE CROIRE QUE L’ÉTAT POURRAIT ÊTRE COMPÉTENT EN MATIÈRE D’INSTRUCTION ET D’ÉDUCATION ?

    L’éducation doit redevenir l’affaire privée des familles. Sans loi anti-fessée. Et les pères de familles doivent être tenus réellement civilement et pénalement responsables des écarts de leurs enfants.

    Quant à l’instruction, j’admets volontiers que l’on puisse la déclarer “obligatoire”. Elles n’est pas pour autant “libératrice”, mais compte tenu du monde technologique où nous vivons, on ne peut guère s’en passer. Mais pourquoi serait-ce l’affaire de l’État ? Pourquoi un gros machin désuet et boulimique devrait-il décréter ce qu’il faut savoir et ne pas savoir, ce qui est “moral” et ce qui ne l’est pas ? Pourquoi l’État devrait-il avoir le monopole de la collation des grades etc… ?

    Ne serait-il pas mieux que les citoyens se réapproprient l’instruction des enfants au travers des contrats qu’il peuvent passer entre eux au sein des groupes qu’ils constituent librement ?

    Ce questionnement est ancien, mais il a été occulté depuis la fondation de l’École Publique. Il me semble qu’il devrait revenir à l’ordre du jour, car l’École Publique (qui a fonctionné à peu-près correctement quelques décennies) est en état de décrépitude.

  • scaletrans , 28 novembre 2013 @ 14 h 44 min

    Oui, peut-être, mais l’Allemagne est aussi le pays où on enlève les enfants aux parents qui veulent enseigner à la maison, avec la promesse suivante: “vous ne les reverrez jamais!”

  • utopie , 28 novembre 2013 @ 16 h 44 min

    J’ai été scolarisée au milieu des années 60 et 70 en Seine ST Denis à savoir Epinay S/Seine et Villetaneuse , je n’ai jamais connu de violence entre les élèves même s’il pouvait avoir quelques disputes, cela n’allait jamais très loin .
    Par ailleurs, les enseignants étaient rigoureux et très durs quant à la discipline .
    Aujourd’hui, il semble que le visage de la seine st Denis a bien changé à cause de l’immigration exponentielle et a engendré hélas une situation catastrophique des écoles, collèges et lycées .

  • gerard57 , 28 novembre 2013 @ 21 h 37 min

    L’école d’aujourd’hui, surtout la publique, est une véritable fabrique à barbares. Quelle violence n’a-t-on pas imposée à nos enfants, en les obligeant à vivre comme des exilés en leur propre pays, au milieu de jeunes dont la culture est fondée sur la domination, les rapports de force et la conversion forcée à leurs “valeurs”. Ces derniers sont les grands favorisés du système à tous les points de vue : non seulement allocataires émérites, mais encore véritables chiens de garde qui imposent leur loi, la loi du plus fort et du plus bête et méchant, à ceux qui auraient l’audace de vouloir travailler ou de protester. Ce sont les jeunes qui désireraient réussir, apprendre, qui sont obligés de quitter les écoles, les lycées, de fuir et de s’expatrier. Les islamistes et intégristes de la république, eux, restent impunis, inexpugnables, car qui les critique est bien sûr “raciste”, “xénophobe”, “anti-républicain” et “réactionnaire”, ne comprenant rien à la “pédagogie” : avec la bénédiction des autorités laïcardes, dont le laïcisme autoritaire ne vise que les cathos et les petites gens d’ici, impressionnables et tenant à leur emploi et autres salaires de misère.

  • Gisèle , 28 novembre 2013 @ 22 h 33 min

    C’est surtout qu’à l’époque , le laxisme du directeur soixante – huitard du collège n ‘ a pas permis à la classe de travailler sur le respect .Je n’ai pas dit tolérance , car c’est la tolérance qui génère le mal . La tolérance n’est qu’ un semblant , une hypocrisie , une agression refoulée qui explose au moment où ça déborde . La tolérance ne règle rien . Elle génère au contraire une frustration explosive . Ceux qui répandent ce mot le savent .
    Ils sont ennemis de * aimer * qui va avec * réciprocité * .

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