Le joueur de flûte est « en marche » (II)

flutiste

Le soutien des libéraux comme Dutreil ou Madelin, des centristes comme Bayrou, des opportunistes comme Delevoye ou Douste-Blazy, des génies frustrés d’être méconnus comme Mme Lepage ou Dominique Galouzeau de Villlepin ne doit pas tromper les électeurs. M. Macron est un candidat de gauche, et objectivement le pire : celui qui va défendre l’oubli de la nation au profit du mondialisme, celui qui va poursuivre le « progrès » qui consiste à détruire toutes les valeurs profondes de notre pays au premier rang desquelles figure la famille. Or, il risque d’être élu par les bonnes âmes un peu naïves qui pensent qu’il n’est pas correct de voter pour le Front National et qui se seront peut-être déjà laissées détourner de François Fillon par une machination d’experts en escroqueries politiques. Ces derniers auront eu le culot de faire croire qu’un homme politique devait être parfait au-delà même de la loi alors qu’eux-mêmes se vautrent en permanence dans les abus de pouvoir. Il me paraît infiniment moins grave de faire travailler un membre de sa famille que de loger ou d’employer une maîtresse, un petit ami, ou encore de les protéger aux frais de la République. La totale hypocrisie où nous sommes parvenus aboutit cependant à ce que l’emploi fictif ou non d’une liaison illégitime est moins ciblée que celui d’un conjoint. On comprend pourquoi celui qui était parvenu à installer sa concubine à l’Elysée ne s’est jamais marié.

L’axe décisif de la manoeuvre de l’Elysée a donc consisté à détruire l’image de François Fillon. Il se présentait comme un homme intègre qui n’avait jamais croisé la justice en plus de trente ans d’activités politiques. Il était l’exemple devenu rare du père de famille, avec cinq enfants issu d’un seul mariage. Il affichait tranquillement une existence cossue mi-provinciale, mi parisienne. L’offensive machiavélique menée contre lui va transformer ces piliers en boulets : Cet homme qui veut imposer un régime sévère aux Français aime l’argent. Il s’est servi de sa famille pour s’en procurer. Certes, les primaires avaient ouvert un espace pour le centre mou, mais celui-ci, représenté par un candidat dénué d’expérience et sans doute promis à une absence de majorité parlementaire, se serait contenté au mieux d’un score de 15%, tandis que le vainqueur de la primaire de droite aurait, sans coup férir, remporté la victoire au second tour. Il fallait donc qu’un événement atteigne Fillon tandis que Macron verrait son image embellie de jour en jour. Le »Pénélopegate », ce néologisme issu d’un scandale américain avec lequel il n’a pas le moindre rapport, a donc donné à une pratique courante la dimension d’un scandale dévastateur pour le candidat de droite.. Comme de nombreux parlementaires, François Fillon a employé des membres de sa famille. Il l’a fait d’autant plus facilement qu’il a toujours disposé de mandats exécutifs qui le dotaient de secrétariats. Le parlementaire jouit alors d’une très grande liberté pour recruter et rémunérer ses « assistants » puisque sa permanence locale et son secrétariat sont assurés par sa mairie. Cette situation n’a rien d’illégal et dépend de toute façon de l’Assemblée ou du Sénat , c’est-à-dire du Pouvoir législatif dont le fonctionnement n’est pas soumis à l’autorité judiciaire en raison de la règle démocratique de la séparation des pouvoirs. On peut simplement en tirer la conclusion que François Fillon ne méprise pas l’argent. C’est plutôt un bon signe pour celui qui va gérer les deniers publics. Beaucoup de nos grands politiques n’étaient pas désintéressés : Richelieu, Mazarin, Talleyrand, par exemple. Il est absurde de demander à des hommes politiques d’être des Saints. Il suffit qu’ils soient efficaces et honnêtes, et que le souci de leurs intérêts privés, parfaitement légitime, passe après celui de l’intérêt national.

Le torpillage de la candidature de droite a un objectif évident : propulser le vrai candidat de gauche, M. Macron au second tour où il battra Marine Le Pen. Sa réalisation repose sur un triangle qui révèle à quel point notre pays s’est éloigné d’une démocratie digne de ce nom, à quel point il a été réduit par ceux qui détiennent le pouvoir à l’état de république bananière. La pointe de ce triangle est bien sûr l’Elysée, et particulièrement le Secrétariat Général, occupé par un ami de longue date de François Hollande, Jean-Pierre Jouyet, condisciple à l’Ena du Président. Sarkozy avait eu la bêtise d’en faire un ministre lors de la stupide ouverture à gauche. Le missile Macron, passé par les Gracques et par la commission Attali, est un produit du réseau du Secrétaire Général. Il est passé par le Secrétariat Général après un court et fructueux séjour à la Banque Rothschild et avant d’aller à Bercy élargir à coups d’invitations à déjeuner son carnet d’adresses. Il a enfin été propulsé dans la campagne présidentielle fort d’un appui sans partage des médias dont les propriétaires sont ses amis et parfois lui sont redevables de décisions avantageuses, comme M. Drahi préféré à M. Bouygues pour la reprise de SFR. Montebourg s’y opposait : Drahi est maroco-franco-israélien, réside en Suisse ; le groupe Altice dont il est actionnaire majoritaire par le biais d’une holding basée à Guernesey est luxembourgeois et côté à Amsterdam ; ni son endettement, ni le respect de ses engagements ne sont à l’abri des interrogations. Mais il possède BFM, L’Express et Libération… C’est du même endroit, du cabinet noir suspecté par Valeurs Actuelles, qu’est partie la torpille, une torpille à fragmentations, chargée d’un nombre considérable d’informations malveillantes sur François Fillon, dont on imagine mal qu’elles aient pu être réunies en peu de temps par de simples journalistes à propos d’un candidat qui n’était pas le favori de la primaire.

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