Prendre l’État à la gorge, oui ou non ?

par Éric Martin*

Disons-le clairement, l’idée de vider son Livret A rencontre un succès plus que modéré sur Facebook (groupe, événement). J’ai cherché à savoir pourquoi (1).

Certains disent “À quoi bon, ça ne marchera jamais”. Ils doutent de la possibilité d’atteindre un nombre suffisant de personnes (50 000 ou 100 000) engagées à le faire. Prophétie autoréalisatrice, assurément, et regrettable quand on sait que retirer l’argent de son Livret A prend 30 secondes sur Internet et ne coûte pas un centime. Qu’ils ne s’inquiètent pas, l’engagement moral de le faire ne tient que si nous atteignons un seuil important de personnes (100 000). Autrement, cela n’a pas d’intérêt. L’idée est évidemment, avant tout, d’envoyer un avertissement sérieux au pouvoir. Une fois médiatisées, de telles actions pourraient se multiplier et lui poser un sérieux problème.

D’autres se posent la question de l’endroit où mettre son argent. Ils ont du temps pour réfléchir et nous pourrons, pourquoi pas, d’ici quelques semaines, leur suggérer des placements alternatifs intéressants et peu risqués.

D’autres ne comprennent pas l’intérêt d’une telle opération. Tout est dit ici et . Objectivement, de telles réactions me font comprendre que l’ignorance en économie de nos contemporains, y compris de droite, sert le pouvoir et l’État.

Je ne crois malheureusement pas aux fameuses idées de déclarer ses impôts sur papier plutôt que sur Internet pour faire davantage casquer l’État : si les Français (et les lescteurs de Nouvelles de France) ne sont pas capables de s’engager à vider leur Livret A pour 0 euro, 0 adrénaline (c’est parfaitement légal) et 30 secondes de temps passé sur Internet, ils n’auront pas davantage le courage de prendre une demi-heure de leurs temps pour faire les démarches et remplir une déclaration papier, alors qu’Internet simplifie justement considérablement cette corvée.

Finalement, constater que réunir 700 000 pétitions pour une action purement médiatique (certains l’ignoraient, il est vrai) auprès du CESE (une assemblée de toutes les manières consultative) est possible quand couper les vivres d’un pouvoir qui nous oppresse en s’engageant à vider son Livret A tous ensemble et d’un seul coup (c’est-à-dire à agir, très concrètement) ne l’est pas, a de quoi laisser songeur et amer. L’efficacité, c’est demain (une fois la loi Taubira passée), après-demain (en plein “débat” sur l’euthanasie ou sur la GPA) ou maintenant ?

*Éric Martin est le rédacteur en chef des Nouvelles de France.

1. Tout le monde n’a pas Facebook et un site internet doit être lancé. Nous attendons seulement qu’un nombre suffisant de personnes montre son intérêt sur Facebook pour cela.

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106 Comments

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  • Lucie , 30 mars 2013 @ 19 h 39 min

    Je suis ultra-motivée mais pas sur facebook et n’ai que 8€ sur mon livret A, étant étudiante, sans revenus. J apprécie votre enthousiasme, Apéro64. Sur vos conseils, je fermerai mon livret A malgré le peu d argent qu il y a dessus. Un appel à la grève de la consommation est-il légal? Moi je serais motivée (même si, sans revenus, mon action à elle seule ne serait pas très productive), d autant plus que ce serait un moyen d économiser pour la prochaine manif. Je connais beaucoup d étudiants investis contre la destruction du mariage et je pense qu ils n ont pas grand-chose sur leur livret A. C est peut-être une explication du succès modéré de l opération lancée sur facebook. Après, je ne comprends pas pourquoi les nombreux lecteurs de Nouvelles de France, mieux payés que la moyenne des Français, ne s investissent pas dans cette initiative.

  • hector galb. , 30 mars 2013 @ 19 h 56 min

    SVP, ne rabaissez pas la grande surprise que furent les 700 000 du CESE.
    Et, par là, ne concluez pas que reproduire la chose se fait aisément ou pas.

    Quand la pétition CESE fut lancée, il y eut une infrastructure qui monta en puissance naturellement : mairie, salle, énergies, bonnes volontés, bénévoles, quelqu’un savait où on allait, quelqu’un en parlait, chaque fourmi son travail.

    Vous présentez la vidange d’un compte Livret A comme une opération rapide , simple. Or la pétition CESE fut tout le contraire, longue, âpre, et c’est à cause de ces frottements qu’elle a tant mobilisé : elle a contraint les gens à se parler, se réunir, se voir enfin, ce qu’appuyer sur une touche d’ordinateur ne permettra pas.

    Si vous vouliez reproduire la même chose pour le livret A, il faudrait :

    un banquier, un conseil financier, un comptable, des fiches toutes faites pour expliquer comment réintégrer des sommes qui ne sont pas soumises à l’impôt, comment les placer.

    Pour assurer le succès de cette opération, il faudrait compliquer la chose, permettre aux gens de “disputer” cela, de soupeser, voire carrément leur permettre d’investir au passage dans un panel d’entreprises créé pour l’occasion.

    Tout cela est plus compliqué qu’imprimer une pétition, la remplir, la poster.
    Mais moins compliqué que recevoir la lettre, la décacheter, la déplier, la trier, la compter, etc.
    La logistique, l’intendance : tout le monde participe, tout le monde s’approprie l’évènement.

    Or c’est l’alliance de ces deux faces qui assura le succès régulier de la pétition CESE, je crois.

    Ici, votre proposition représente un pari fort différent. On touche à l’argent, l’intime (en France). Quand on manipule les grands chiffres (100 000, 200 000 personnes) , on manipule des symboles. Mais qui recevrait “en main propre” ces symboles ? Pas un maire ni une foule de petites fourmis mais juste des ordinateurs de banquiers. ça aurait été exactement ce que vous décrivez : une simple opération bancaire.

  • hector galb. , 30 mars 2013 @ 20 h 09 min

    Je pense donc qu’il manque une face à la médaille.
    Retirer l’argent investi doit produire une évènement visible de tous et attendu.
    Il ne faut donc pas retirer l’argent pour simplement le mettre ailleurs mais pour le mettre ensemble quelque part puis, là, le retirer d’un coup et provoquer ce qui doit arriver dans ces cas-là.

    “Cibler” une société cotée en Bourse, annoncer qu’elle recevra un fort courant d’investissement, le cours de l’action monte, ne rien faire. Recommencer. Puis finalement le faire sur une société ciblée (les sociétés qui font les yeux doux au lobby sont connues), et retirer d’un coup. Toutes précautions étant prise par ailleurs, vous obtenez un double effet : moins d’argent au Livret A + quelques coups de canons modernes contre des inconscients.

  • K. , 30 mars 2013 @ 20 h 38 min

    On ne fais pas d’omelettes sans casser les oeufs.

    Et renseignez vous sur les précédents de l’histoire: le grand perdant, c’est l’état.

  • K. , 30 mars 2013 @ 20 h 40 min

    Je passe prendre l’apéro quand vous m’invitez!

  • K. , 30 mars 2013 @ 21 h 00 min

    @Eric: ne soyez pas déjà amère, persévérez! (et un synchronisez vous avec LMPT 😉 )
    Avez vous contacté M. Brillaut, Mme. Boutin ou d’autres afin de porter l’idée sur la place publique?
    Le salon Beige fait écho à votre initiative, mais l’effet de masse est nécessaire. Personne ne fera rien tant que personne n’aura rien fait, il faut un déclic (à grand coup de tatam dans le poupoum! comme dirait l’autre).
    Au fait, une vidange de livret pour *une* unique raison et non pour manifester son mécontentement (on ne voit pas pourquoi on gueule) serait ptet une bonne idée.

    L’idée d’une liste d’action pour emmerder l’état avec (ou pas d’ailleurs) un vote ‘participe/ne participe pas’ pourrait être intéressante.
    Idée de liste:
    -payer son impôt approximativement,
    -sur papier,
    -vider le livret tel jour,
    -mass mailling à telle heure,
    -coup de fils insistant et coordonnés à tels ou tels personne,
    -happening devant l’elysée,
    -sac abandonnés partout dans les gares avec des réveils dedans,
    -grève de la consommation pendant un mois,
    -retrait en cash du salaire de mars ou d’avril,
    -rendez-vous en voiture autour de telle ou telle mairie et concert de klaxon pendant 10 minutes,
    -accrochage de drapeau LMPT ou “Le Printemps Français” un peu partout,
    -mise en place d’antivol sur des portes utiles (cherchez, vous trouverez bien!),
    -distribution de graines alimentaires + laxatifs pour pigeons devant l’assemblée ou le sénat (oui, j’aime bien Fight Club),
    -réclamer toute la paperasse officielle à laquelle on a droit (extrait d’acte de naissance, actualisation de carte d’identitée, certificat de que sais-je…)
    -à compléter.

    En tout état de cause, nous nous battons contre le gouvernement, qui est censé être la personnification de nous, il est normal qu’un coup porté à lui retombe sur nos gueules, donc “Du sang et des larmes”, comme ne veux pas nous les servir le mec normal doit être le mot d’ordre maintenant.

  • Eric Martin , 30 mars 2013 @ 21 h 08 min

    Trop vague, trop compliqué, trop de sacrifices… Si les gens ne sont pas capables de vider leur livret A, tout cela est bien trop complexe pour eux…

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