Philippe Simonnot : “A ma première conférence, des lecteurs ne sont pas venus par crainte d’un attentat du lobby gay”

Philippe Simonnot, économiste de tendance anarcho-capitaliste et journaliste bien connu pour son érudition, signe un brillant essai intitulé Le Rose et le Brun qui pose la question sensible de la responsabilité des homosexuels dans la montée du nazisme au pouvoir en Allemagne, nation la plus homofolle du monde au début du XXe siècle. Le livre est truffé de références et sa thèse, nouvelle pour le grand public, est exposée avec intelligence et soutenue par de très nombreux éléments factuels. Elle a ainsi le mérite de montrer l’extrême dangerosité des lobbies LGBT pour les libertés individuelles et collectives et, par conséquent, l’impérieuse nécessité de les combattre.

Le sujet que vous abordez est sensible. Ne craignez-vous pas les pressions ou les menaces ?

Bien évidemment je les redoute. Et je ne suis pas le seul. A la première conférence que j’ai donnée à propos de Le Rose et le Brun, certains lecteurs m’ont dit avoir hésité à venir par crainte d’un attentat. Il est vrai que le lobby gay – pour l’appeler par son nom – est très puissant aujourd’hui, en France comme ailleurs, notamment dans le domaine « culturel ». Ce groupe de pression a failli empêcher la publication de Le Rose et le Brun et il fait tout pour l’étouffer dans un silence médiatique … assourdissant. N’ayons pas peur !

Pourquoi, selon vous, le rôle des homosexuels dans la montée du nazisme au pouvoir a-t-il été si souvent éludé et est-il encore aujourd’hui si peu souligné ?

Ce rôle n’a pas toujours été passé sous silence. Pendant des décennies, les socialistes et les communistes, au premier rang desquels les Staliniens, ont fait de la compromission de nombre d’homosexuels dans le nazisme une arme de guerre contre Hitler. La Nuit des Longs Couteaux de juin 1934, pendant laquelle une centaine d’homosexuels nazis ont été massacrés, s’explique en partie par cette pression. Le dictateur nazi donnait ainsi des gages à ses opposants les plus féroces. A partir de cette date, le martyr des homosexuels allemands a commencé et n’a plus cessé jusqu’à la fin du IIIe Reich. Evidemment, l’ombre de ces victimes empêche une vision objective de l’histoire. Mais ce n’est pas seulement le respect qu’on doit à leur mémoire qui explique le silence total d’aujourd’hui sur cet aspect du nazisme. Dans la montée au pouvoir des homosexuels pendant les dernières décennies, le rappel de la compromission de certains homosexuels avec le nazisme (ou aujourd’hui encore avec le néo-nazisme) serait évidemment une gêne considérable. Toutefois, je ne me place certes pas dans ces jeux de pouvoir et de contre-pouvoir. Ceux qui respectent la force ne peuvent que se tromper, car toute force est relative. Ce qui m’intéresse c’est de percer l’énigme formidable que pose le triomphe du nazisme dans l’Europe du 20e siècle. Il y a quatorze ans, j’ai essayé une première clef dans Juifs et Allemands, Pré-histoire d’un génocide (PUF). Aujourd’hui, j’en essaye une deuxième avec Le Rose et le Brun. Mais je ne prétends pas être parvenu au bout de la compréhension de ce mystère effroyable.

Comment l’homosexualité a-t-elle pu conduire à la haine du juif qui caractérise le nazisme ?

Il y a deux dimensions dans ce phénomène. La première s’origine dans l’hellénisme germanique qui se heurte, dans sa dimension homosexuelle, à l’interdit biblique concernant l’ « abomination des abominations ». Soit dit en passant, il n’y a rien de chrétien dans cet antisémitisme-là, païen, qui date de la plus haute antiquité. La seconde est psychanalytique : si l’homosexualité se caractérise par la peur de la femme, comme le circoncis passe pour meilleur amant que l’incirconcis et qu’il serait donc préféré des femmes, la haine du juif en sera redoublée. Je me réfère ici aux travaux de Sandor Ferenczi et Georg Groddeck.

Alors que l’opinion évolue de plus en plus vite dans le sens des revendications homosexuelles du fait du matraquage politico-médiatique ambiant, nos libertés sont chaque jour un peu plus réduites. L’homosexualisme qui déferle actuellement sur nos pays peut-il être comparé au “vice allemand” si présent à Berlin (autant d’homosexuels que de participants à la gay pride parisienne, parodies de noces, etc) et au sein des élites germaniques au début du XXe siècle et peut-il nous ramener à une idéologie aussi malsaine/dangereuse pour les libertés que le nazisme dans les prochaines années/décennies ?

En effet, nous courons ce danger dans la mesure où les homosexuels se proclament en tant que tels pour réclamer des droits et qu’une telle démarche identitaire particulière est contraire au principe de l’universalité du droit, pilier de notre République. Il y a en outre, dans l’histoire du mouvement homosexuel, un utilitarisme digne de Jeremy Bentham, et que l’on retrouve aujourd’hui dans les revendications d’homoparentalité. Le philosophe anglais, on le sait, suppose que plaisirs et peines individuels sont mesurables et donc commensurables entre eux. Par conséquent, l’on peut les additionner ou les soustraire selon qu’ils sont positifs (les plaisirs) ou négatifs (les peines). Seul compte, finalement, la somme totale. Nul besoin de dire qu’on est là sur une pente glissante extrêmement dangereuse, où l’on peut justifier toutes sortes de mise en esclavage d’une minorité par une majorité au nom du « bien commun ». Nul besoin non plus d’insister sur les germes de totalitarisme que contient cet utilitarisme sexuel.

Les mœurs homosexuelles ne sont pas elles non plus des modèles de démocratie si l’on en croit les témoignages des homosexuels eux-mêmes. « Quiconque a passé une nuit dans un bain gay, raconte Léo Bersani en connaisseur de la chose, sait qu’il s’agit (ou s’agissait) de l’un des environnements les plus cruellement rigides, hiérarchisés et compétitifs qui se puissent imaginer. Vos allures, vos muscles, votre système pileux, la taille de votre queue et la forme de votre cul déterminaient exactement la façon dont vous alliez trouver le bonheur durant ces quelques heures, et le rejet, généralement accompagné de deux ou trois mots tout au plus, pouvait être cinglant, sans aucune de ces civilités hypocrites avec lesquelles nous évitons les indésirables dans le monde extérieur. » Rappelons que Leo Bersani, professeur à Berkeley (Etats-Unis), est auteur, entre autres, de Le rectum est-il une tombe ? [1] Il avait été invité en 1982, à donner quatre conférences au Collège de France, par Michel Foucault, lui aussi grand théoricien du sado-masochisme, pour ne pas dire plus.

« Qu’il existe entre les crimes individuels et les crimes collectifs un lien étroit, je l’ai toujours cru – et le journaliste que je suis ne fait que déchiffrer au jour le jour, dans l’abomination quotidienne de l’histoire politique, la conséquence visible de l’histoire invisible qui se déroule au secret de nos cœurs. », déclarait François Mauriac dans son discours de réception du prix Nobel en 1952. Comment, hélas ! ne pas lui donner raison aujourd’hui encore.

Note :
1. Bersani Léo (1998), Le rectum est-il une tombe ?, Cahiers de l’Undebévue, E. P. E. L.

Voir aussi :
> Les homosexuels ont-ils joué un rôle dans la montée du nazisme au pouvoir ?

Related Articles

33 Comments

Avarage Rating:
  • 0 / 10
  • professeur Tournesol , 3 juillet 2015 @ 9 h 41 min

    À ma conférence “Le lobby des chasseurs et le développement du maoïsme” personne n’est venu, sûrement par peur de recevoir des plombs, contrairement à ce que disent les mauvaises langues qui prétendent que c’est à cause du manque d’intérêt et de crédibilité de ladite conférence.

  • Robert , 3 juillet 2015 @ 12 h 19 min

    Pourquoi en faire tant si c’est partie négligeable et insignifiant ?
    Auriez-vous du mal à supporter la liberté d’expression des autres ?
    Finalement, le problème, n’est-il pas chez vous, quel que soit le pseudo dont vous vous affublez en changeant pour faire croire que vous êtes plusieurs ?
    Un peu comme dans l’image que vous voulez nous imposer de l’homosexualité.

  • Dure lucidité , 7 juillet 2015 @ 7 h 15 min

    “Etre l’autre, le même que l’autre, faire enfin, par absorption et involution, qu’il n’y ait pas d’autre” (Philippe Sollers, Femmes)

    Voilà comment , du temps où la société était encore à peu près normalement structurée (avec des normes, des règles, et des perversions, etc.), comment Sollers voyait l’homosexualité (parlant de Barthes). Je trouve cette définition parfaitement juste ; on voit bien comment elle peut entrer en concordance avec le nazisme. La volonté de détruire l’altérité (en l’occurrence l’altérité irréductible : la femme) est bien le coeur de l’homosexualité, cette jouissance du Même avec le Même, ce bonheur du corps identique, du psychisme identique, etc., cet enfermement narcissique épouvantable.

    Intéressant de voir que l’idéologie gay à deux balles (“l’homosexualité c’est désirer son sexe, pas ne pas pouvoir désirer l’autre sexe”, “c’est une forme d’amour comme une autre” comme si désirer le Même et désirer l’Autre se valait, comme si l’impossibilité d’admettre la dualité sexuelle fondamentale était normal), que tout ce relativisme ignoble, cette façon d’avaliser une sexualité stérile, véritablement rétrograde puisque marquée du sceau du paganisme, a pénétré un site aussi réactionnaire et proche de du FN. C’est très significatif de la passion dominante de notre époque, qui est l’anéantissement de la différence, de la dualité, de l’altérité sous toutes ses formes (sexuelle, raciale, intellectuelle, etc.).

  • Dure lucidité , 7 juillet 2015 @ 7 h 33 min

    “L’homosexualité se caractérise par l’amour du même sexe.”

    Oh le gentil bisounours, qui nous présente son bonheur gay, ses câlins , ses bisous et ses froufrous….

    C’est évidemment n’importe quoi. L’homosexualité se caractérise par une anomalie éducative (tous les animaux sont capables de se reproduire, de désirer le sexe opposé….) aboutissant à l’incapacité de procréer, et d’aimer ce que la nature nous a donné à aimer : l’autre sexe, condition sine qua non de l’organisation sociale (basée sur l’acceptation de l’autre) et de la reproduction.

    Mais il est vrai que notre époque ramène tout au bonheur individuel, aux jouissances des individus, à des problématiques de satisfaction, de désir, de goûts, et qu’elle semble ne plus comprendre ce que sont l’intérêt général, la structuration symbolique de la société, l’imaginaire social, etc.

  • Dure lucidité , 7 juillet 2015 @ 16 h 08 min

    http://www.nytimes.com/1987/06/21/books/the-women-they-feared.html

    Voilà un livre d’un sociologue allemand, particulièrement instructif sur la question. Il s’agit d’une analyse psychologique extrêmement fouillée et détaillée de la psychologie des soldats membres d’un des groupuscules pré-nazis dans l’Allemagne des débuts de la République.
    “Fantasmes mâles”, le titre est déjà tout un programme. La peur des femmes qui caractérise l’homosexualité (peur inculquée généralement par l’excès de possessivité maternel) mène souvent au nazisme et aux idéologies brutales de domination, par compensation psychique infantile et dérisoire. Le livre sera traduit et publié pour la première fois en octobre en France ; j’espère qu’il sera bien distribué, que les LGBT ne persécuteront pas les malheureux qui s’aventureront à en parler.

  • Dure lucidité , 7 juillet 2015 @ 16 h 16 min

    « Il y aurait toute une étude à faire sur les rapports de l’homosexualité et du fascisme, tout du moins du fascisme naissant, et sur sa capacité à exploiter chez les jeunes gens un certain retard affectif. Quand on est devenu assez étranger à la politique pour se mettre à méditer sur elle, on s’aperçoit que les déformations en quelque sorte professionnelles qu’elle provoque se plaquent, en fait, sur un certain nombre de types natifs. La notion de Parti s’oppose à celle d’armée. La discipline du Parti est librement consentie, les facteurs de communion y sont patents. La discipline de l’armée est imposée du dehors, il faut y parler plus de soumission que de communion, et, comme chez les homosexuels, on y avance plus par l’émulation ou par la portée de l’exemple individuel que par la soumission globale à une totalité. Les éléments parodiques propres à l’homosexualité furent d’ailleurs toujours apparents dans le fascisme et le national-socialisme. Certains esprits ont pu croire que les tendances planificatrices intelligentes de l’économie nazie prédisposaient ce régime à promouvoir en Occident un collectivisme supérieur et un internationalisme dégagé des formes primaires et retardataires du marxisme russe. C’était surestimer la portée de l’administration des choses par rapport à celle du gouvernement des hommes. Aussi peut-on dire que si le communisme met en action une “matière” qui nie l’esprit mais qui par force finit quand même par le recevoir, le nazisme au contraire s’invente à lui seul un ersatz d’esprit et un ersatz de matière pour former une pseudo-totalité aussi faussement polarisée que l’est le “couple” homosexuel. La révolution communiste à un sens qui s’intègre à celui la croissance historique de l’entropie. Ce sens est conscient aux communistes eux-mêmes, quoiqu’ils en aliènent la portée et la surestiment. Au contraire, le sens de leur guerre échappait aux nazis ; à cet égard elle fut la guerre du non-sens. De même que le “couple” homosexuel se croit un vrai couple, de même la guerre nazie fut aux yeux des Allemands qui la menaient une guerre fondatrice d’Empire. Mais il y a chez les homosexuels une capacité infinie de fantasmagorie et d’illusion. » (Raymond Abellio, Assomption de l’Europe)

  • Parole d'un grand Résistant juif , 8 juillet 2015 @ 14 h 51 min

    Si homosexualité et nazisme n’étaient pas liés, il faudrait qu’on nous explique pourquoi, alors qu’elle était relativement bien acceptée dans les milieux bourgeois, cultivés, etc., avant-guerre, l’homosexualité masculine a été aussi refoulée, marginalisée, interdite, médicalisée, et ceci dans toute l’Europe, dans les trente années ayant suivi la guerre. La conscience était tout à fait nette chez la plupart des forces qui avaient permis l’ascension du nazisme ; et l’idée que tout cela ne devait pas recommencer se traduisait par la répression.

Comments are closed.