Quelle religion pour les jeunes patriotes français ?

La dernière missive de la journaliste Gabrielle Cluzel sur Boulevard Voltaire, intitulée « Quand les chrétiens se convertissent à l’islam », n’a pas la truculence et le bon sens de la plupart de ses autres billets. Pourquoi ? Premièrement, parce que sa vision de la réalité des conversions en France, fondée sur la creuse information du journal catho-mou très politiquement-correct La Croix, est erronée. Selon le ministère de l’Intérieur, si chaque année on compte environ 4 000 conversions à l’islam en France, 4 000 à 7 000 personnes se convertissent au christianisme (toutes tendances confondues) annuellement, soit quasiment le double ! 10% de ces nouveaux convertis sont d’anciens musulmans, dont une bonne part de femmes originaires d’Algérie, pays ayant subi une affreuse guerre civile dans les années 90 entre les forces loyalistes et les islamistes. Concernant les 90% restant, une bonne part est constituée de Français de souche issus de familles athées. Au sujet des conversions annuelles au catholicisme stricto sensu, elles sont chiffrées à environ 3 000. Si le catholicisme est en recul en France, ce n’est pas tant dû à l’absence de conversions qu’à une désertion de la pratique des fidèles baptisés en bas âge. Alors que 56% des français aujourd’hui se considèrent catholiques, seuls 5% sont des pratiquants réguliers.

Les médias soumis au politiquement-correct sont un miroir déformant de la réalité. En vérité, le christianisme en France ne va pas si mal qu’on le prétend. Dans son livre Une révolution sous nos yeux, comment l’Islam va transformer la France et l’Europe, le journaliste américain Christopher Caldwell déclare que la tragique islamisation de la France a pour mérite paradoxal « de remettre l’église au milieu du village » en imposant un questionnement religieux aux Français de souche, ramollis par 40 ans d’un crétinisme soixante-huitard qui n’avait pu éclore qu’au sein d’une société anormalement prospère et en sécurité au regard du temps long de l’Histoire.

L’islamisation, sur fond d’effondrement de la civilisation occidentale, séduit chaque année quelques milliers de jeunes en mal de repères mais pousse paradoxalement beaucoup d’autres à se recentrer sur leur religion historique, d’où les conversions bien plus nombreuses au christianisme qu’à l’islam. Un paroissien de l’église Saint-Eugène Sainte-Cécile, à Paris, bien connue pour ses superbes messes chantées en latin, m’expliqua qu’avant les années 2000, il n’y avait aucun catéchumène. Depuis, il y a en a une dizaine chaque année. Mieux encore : des personnalités plus ou moins médiatisées se convertissent ou redécouvrent leur foi chrétienne ; c’est le cas de Véronique Lévy, la petite sœur de BHL, ou encore de l’émouvante Cheyenne Carron, réalisatrice du film L’Apôtre.

Néanmoins, si la situation du christianisme en France n’est pas aussi catastrophique qu’on veut bien nous le faire croire, elle est certes loin d’être parfaite. Une revigoration est nécessaire pour qu’il puisse retrouver sa dynamique d’antan, d’autant plus que le terreau émanant d’une population de souche en crise identitaire aiguë y est favorable. Pour ce faire, Gabrielle Cluzel propose aux chrétiens, et tout spécifiquement aux catholiques, un énième « examen de conscience » sans définir en quoi il consisterait concrètement. D’où la deuxième faiblesse de son article. Pour ma part je vais mouiller ma chemise et, après avoir soumis au lecteur un diagnostic hétérodoxe sur la crise chrétienne en France, proposer une réforme religieuse radicale qui permettrait, à mon sens, de revivifier la foi de nos compatriotes car comme dit le dicton « il n’y a pas de civilisation sans religion », alors même que l’effondrement démographique des français de souche noyés dans le Grand Remplacement est dû à un assèchement spirituel, provoqué, entre autres, par les contradictions du christianisme.

Selon moi, l’une des causes de la crise chrétienne est la prétendue historicité de ses dogmes et de son Dieu désormais considérablement mise à mal par la science historique. En effet, le catéchisme enseigne que Dieu, d’essence Trinitaire, a envoyé son Fils qui s’est incarné en Homme pour sauver l’Humanité après avoir noué une alliance renouvelée avec le peuple hébreu pour préparer sa venue salvatrice. Or les découvertes historiques depuis maintenant deux siècles bousculent cette explication.

D’abord, le judaïsme antique n’est absolument pas la première religion monothéiste de l’Histoire comme le présente la Bible. Il fut très longuement un paganisme qui connut une phase polythéiste stricto sensu jusqu’au 7ème siècle avant J.C. (Yahvé avait pour épouse Ashéra et des enfants comme Baal), puis une phase de monolâtrie dont le culte était adressé uniquement à Yahvé qui était le dieu nationaliste d’hébreux n’ayant aucune prétention à l’universel. A l’inverse, à partir de la réforme de Zoroastre en 1700 avant JC, le mazdéisme iranien deviendra le premier monothéisme de l’Histoire – et c’est sous sa domination via l’empire perse achéménide que les hébreux intégreront des notions aussi essentielles que le Bien et le Mal, la croyance aux anges et aux démons dont Satan, au Paradis, etc. Ce n’est qu’entre les IVe et IIIe siècles avant J.-C., sous la domination des empires hellénistiques séleucide puis lagide, que le judaïsme antique enclenchera sa mue vers le monothéisme.

Ensuite, si Jésus a bien existé, rien ne prouve qu’il fut le pacifiste (et encore mois le Fils de Dieu) que les chrétiens prétendent. Le Nouveau Testament, composé des épîtres des apôtres et des quatre évangiles canoniques, n’est pas une source historique probante. Pourquoi ? D’une part, les épîtres ont été composés au minimum une génération et les évangiles deux générations après l’existence de Jésus et qu’ils ont été rafistolés jusqu’à trois siècles après leur première rédaction (comme le Coran) – les passages sur la femme adultère dans l’évangile de Jean ou encore sur la Trinité à la fin de la première épître de Jean sont des rajouts datant du IVe siècle ! – ; d’autre part, le Nouveau Testament contient trop de contradictions factuelles (entre les évangiles : les listes des apôtres ne concordent pas entre elles ; idem pour les récits de la naissance et de l’enfance de Jésus ; les causes de condamnation ne sont pas les mêmes entre l’évangile de Jean et les évangiles synoptiques ; etc.) mais aussi théologiques (ainsi Jésus demande d’aimer ses ennemis mais ne cesse dans l’Évangile de Jean de diaboliser les siens, en l’occurrence les pharisiens, qu’il qualifie de « Fils de Satan », injure suprême de l’époque ; il nous demande de devenir des petits enfants et en même temps se transfigure au Mont Tabor, auprès d’un massacreur de peuples, Moïse, et d’un égorgeur de masse, Elie ; etc.) pour être historiquement crédible.

Les seuls textes religieux contemporains à la vie de Jésus sont les manuscrits de la Mer Morte découverts entre 1947 et 1952 dans les grottes de Qumran en Jordanie. Si ces textes ne relatent aucun Jésus pacifiste réunissant les foules et multipliant les pains, ils parlent bien d’un Messie livré aux romains par le Sanhédrin mais ce Messie-là n’est en aucun cas un doux agneau se revendiquant Fils d’un Dieu universel ; bien au contraire, se dessine un nationaliste rigoriste désirant émanciper son peuple de la tutelle romaine. Plus encore, les fouilles archéologiques démontreront que la première communauté chrétienne de l’Histoire, celle de Jacques, frère de Jésus, n’avait aucune prétention à l’universelle mais était entièrement tournée vers la Loi de Moïse, conçue par un peuple du désert, dont la vision ressemblait étrangement à la loi coranique actuelle (circoncision, polygamie, interdiction de manger du porc, refus de l’anthropomorphisme, lapidation ou égorgement de tout juif déviant de l’orthodoxie religieuse, etc.).

Ce n’est que lors de la lapidation de Jacques par les pharisiens et la destruction du temple de Jérusalem par les Romains qu’une partie de la communauté s’additionnera aux nombreux courants prosélytes juifs de ce Proche-Orient en ébullition, qui croissaient à travers tout l’empire romain. Le christianisme s’imposera à terme à l’Europe, non pas par des bisous évangéliques mais par le fer et le feu du pouvoir impérial désirant imposer à tous une religion monothéiste, garante d’un empire craquelant de toutes parts à force d’avoir voulu réunir des peuples trop disparates. Pour s’imposer durablement, le christianisme reprendra alors l’essentiel des paganismes locaux (le Dieu Trinitaire se substituant aux triades locales, Jésus devenant un Sauveur Incarné à l’image d’Horus, Sérapis, Orphée, Dionysos, Héraclès et surtout Mithra ; culte des saints, culte de la vierge ; fontaines et sources miraculeuses ; rites religieux ; etc.).

C’est le reniement de tout cet héritage païen, d’abord avec le protestantisme qui voudra revenir aux sources judaïques en excluant la pratique mariale et le culte des saints, puis avec le catholicisme post-Vatican II, rejetant tout le rituel jugé folklorique, qui va créer un effondrement en Europe de la pratique religieuse, laissant un désert dans lequel s’engouffrent le culte du marché, la sous-culture américaine, l’invasion migratoire et l’islamisation. « Nulle civilisation ne s’est fait envahir avant de s’être préalablement suicidée » déclarait l’historien René Grousset. La mort charnelle suit toujours la mort spirituelle. Pour que la France et l’Europe revivent, elles doivent renouer avec le religieux.

La France peut-elle redevenir catholique ? Oui mais a trois conditions :

1/ A condition de se concentrer, à la manière des orthodoxes, sur la prière au lieu d’être obsédé par la morale puritaine ;

2/ A condition de renouer avec le faste et le mystère des rites « païens » : retour à la langue latine, aux processions, à l’apparat du clergé, aux chants polyphoniques, etc.

3/ A condition de recentrer le Christ-Sauveur sur l’imaginaire et le spirituel en délaissant sa prétendue historicité qui n’a rien à voir avec le Jésus réel dont les conceptions étaient probablement plus proches de celles d’un fanatique rigoriste que de Mère Teresa… Les païens européens ne prétendaient pas à l’historicité de leurs Sauveurs, qui restaient des puissances imaginaires et spirituelles illustrant la consubstantialité de Dieu au Monde, ce dernier n’étant pas une création mais une émanation du divin. Cela signifie-t-il que ces Sauveurs n’avaient aucune réalité ? Absolument pas ! Car, pour les païens, l’imaginaire ou le spirituel est une réalité tout aussi tangible que le monde visible, réalité avec lequel on peut interagir. Mithra, Krishna, Sérapis, Horus, tous ces Sauveurs, existent réellement pour les gens qui les prient et à qui ils répondent, étant donné que dans l’imaginaire humain, ils sont une illustration d’un Dieu indicible puisque supérieur à l’homme qui ne peut être donc conçu par nous que par imagination, que par illustration, que par symbole.

Sources :

Article publié sur le site Atlantico au sujet des conversions en France de Virginie Larousse
La Bible dévoilée : Les nouvelles révélations de l’archéologie, Poche, de Israel Finkelstein et Neil Asher Silberman
La Vérité de Qumrân, Broché, de Neil Asher Silberman
Jacques, frère de Jésus, Poche, de Pierre-Antoine Bernheim

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61 Comments

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  • 0 / 10
  • Jean Dutreuil , 1 juillet 2015 @ 13 h 59 min

    @ Exodus,

    Merci pour l’info je regarderai l’interview avec intérêt

  • Martina , 1 juillet 2015 @ 14 h 13 min

    Ce salmigondis soi disant scientifico – historique, visiblement écrit par des non chrétiens me semble bien éloigné des Évangiles et des Pères de l’Eglise..

  • Cjuju , 1 juillet 2015 @ 14 h 55 min

    Libre à vous de croire ou de ne pas croire mais laissez nous au moins l’espoir de notre Foi et gardez pour vous vos doutes.

  • mourey , 1 juillet 2015 @ 15 h 02 min

    Affreusement déçu que Nouvelles de France (dont j’étais heureux d’encourager le fondateur, ancien de l’IFP) abrite un article aussi rempli d’inepties sur la non-historicité, non-divinité, de Jésus, etc.

  • Cjuju , 1 juillet 2015 @ 15 h 07 min

    Vous faites de plus en plus fort. La religion est l’origine des 2 guerres mondiales!!! Quel sera votre prochaine trouvaille???

  • Jean Dutreuil , 1 juillet 2015 @ 15 h 22 min

    @Cjuju,

    Le christianisme n’est évidemment pas le provocateur des deux guerres mondiales qui étaient des guerres d’empires et de leur affidés pour le contrôle du proche-orient et de son pétrole découvert à la fin du 19ème siècle et de sa revente à l’Europe, premier PIB mondial.

    Je dis simplement qu’au travers de certaines personnes du clergé, le christianisme n’a pas pu temporiser les désires bellicistes des pays, en donnant à leur soit disant bon droit géopolitique une caution spirituelle fondée sur certaines parties problématiques de la Bible…

    Bien à vous

  • louis R , 1 juillet 2015 @ 15 h 54 min

    A chaque article vous insultez notre foi.

    Que voulez vous prouver, que l’Eglise n’est pas parfaite. Mais on le sait déjà. Elle est Sainte mais elle n’est pas parfaite, tout comme chaque Saint.

    Vous nourrissez votre déception de l’Eglise en regardant ses défauts et les défauts des catholiques, en cherchant des incohérences dans la tradition de l’Eglise. Vous ne regardez pas le beau, vous ne regardez pas Dieu.

    Louis

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