Il s’appelait Dominique Venner

Ce qui suit est la traduction, réalisée par l’ami Kaël que je tiens à remercier pour son aide, de mon article pour Alternative Right, « His name is Dominique Venner » (une référence évidente à Fight Club, dont je publierai prochainement une recension).

Dominique Venner, un “Européen de langue française”, comme il aimait à se définir, est mort le 21 mai 2013, à 78 ans. Aux alentours de 16 heures, il est entré dans Notre-Dame de Paris, est allé droit vers le chœur, et a laissé une lettre sur l’autel. Il s’est alors tiré une balle dans la bouche avec un pistolet à un coup de fabrication belge de calibre 9mm. Venner était un spécialiste reconnu des armes et de la chasse.

Les gros titres ne se sont pas fait attendre, identiques les uns par rapport aux autres quel que soit le média, et ce même dans la presse conservatrice : “Mort d’un historien d’extrême droite”. Ils auront au moins eu le mérite de mentionner son métier. Venner était un historien de grande renommée.

Non seulement la presse mainstream a tenté de souiller la mémoire de Dominique Venner, mais les représentants de la droite religieuse ont fait de même. Le Recteur de Notre-Dame a déclaré qu'”il n’était pas un fidèle de la cathédrale”, comme si l’ancienne église des Templiers, visitée par 13 millions de touristes en bermuda chaque année, était encore un autenthique lieu de culte, et non un musée à cœur ouvert. Ce faisant, le Recteur entendait peut-être faire référence au “paganisme” de Venner. Si ce fut le cas, il est alors à côté de la plaque, car Venner a toujours défendu l’Europe comme un tout. Se suicider dans une église était pour lui non pas une ultime offense au christianisme, mais bien au contraire, la marque d’un profond respect.

La réaction de “Frigide Barjot“, porte parole des manifestations anti mariage gay, fut bien plus déplacée. En effet, cette dernière a dit à qui voulait l’entendre que Dominique Venner était un homme “dérangé”. Venant d’une personne qui chantait dans un clip vidéo datant de 2006, “Fais moi l’amour avec deux doigts”, ce manque de respect pour le défunt n’est pas surprenant. Ce qui l’est plus c’est que la majorité des catholiques ait accepté d’avoir une personne comme elle comme leader de leur mouvement !

Si l’on a posé la question à Frigide Barjot, c’est parce que Dominique Venner s’opposait à la loi programmée sur le mariage pour tous, et soutenait les manifestations. Il est sûr que les médias salivaient d’avance à l’idée de pouvoir faire le lien entre la manif pour tous et cet “extrémiste” qui a pris part, à l’âge de 26 ans seulement, à la tentative de putsch contre le Général de Gaulle, en 1961.

Le mariage gay, un prétexte

La lutte contre le mariage gay n’était pour lui qu’un prétexte à un autre combat qui lui tenait plus à coeur. Ce que l’on peut comprendre à travers sa lettre d’adieu :

“Alors que tant d’hommes se font les esclaves de leur vie, mon geste incarne une éthique de la volonté. Je me donne la mort afin de réveiller les consciences assoupies. Je m’insurge contre la fatalité. Je m’insurge contre les poisons de l’âme et contre les désirs individuels envahissants qui détruisent nos ancrages identitaires et notamment la famille, socle intime de notre civilisation multimillénaire. Alors que je défends l’identité de tous les peuples chez eux, je m’insurge aussi contre le crime visant au remplacement de nos populations.”

La mort de Venner n’était pas un suicide égoïste, mais un sacrifice pour le bien commun. En s’ôtant la vie, il espérait insuffler à de jeunes hommes l’énergie nécessaire afin de renverser le déclin de l’Europe et lui assurer un avenir.

Mort en vain ?

Maintenant, la question que nous devons nous poser est la suivante : Dominique Venner sera t-il mort en vain ? Son suicide aura t-il le même effet sur les Français que celui du Tchèque Jan Palach sur les Tchécoslovaques de l’époque, ou plutôt l’effet de celui de Francis Parker Yockey, un autre martyr de la cause européenne, qui reste assez peu connu de nos jours ? Après avoir été arrêté en 1960, il décida de boire la cigüe. Il n’avait même pas 43 ans. S’il avait été incarcéré, il aurait pu continuer à écrire des articles et des livres. Une fois libéré, il aurait pu recommencer ses innombrables tentatives de réveil des mentalités européennes.

Durant l’année de sa mort et les décennies qui ont suivi, Yockey est tombé dans l’oubli. Ce n’est que récemment qu’un lectorat plus large mais toujours réduit a pu se procurer deux de ses ouvrages, Imperium et La Proclamation de Londres. Sans le web, il serait certainement resté oublié.

Mais on pourrait également dire que si Yockey avait décidé de se laisser incarcérer, ses travaux n’auraient pas aussi bien vieilli. Celui qui lirait par exemple, Suicide of the West de James Burnham, serait frappé par le manque de pertinence des éléments contextuels de cet ouvrage, paru il est vrai il y a plus d’un demi siècle. Les éléments contextuels dans les ouvrages de Yockey ont eux aussi subi les affres du temps et perdu de leur pertinence (ne seraient-ce que ses prédictions très optimistes qui ont tourné court), mais au final, ce qui importe est son martyre, symbolisé par la fascinante photo de son arrestation, qui fait l’essentiel de son message, la partie la plus vivante de sa pensée.

Et qu’en est-il des gens “normaux” ? Seront ils émus par la mort de Venner, en ayant seulement comme informations à son propos celles diffusées à la radio, à savoir qu’un “raciste dérangé s’est suicidé dans une cathédrale” ? Le résultat le plus probable, c’est que dans les conditions actuelles, la plupart des gens ne réagira pas, pensant que ce n’est pas son problème et reprendra son petit train-train quotidien. L’homme moderne, atomisé, est difficilement choqué puisqu’il ne connait pas la honte et n’a pas peur du déshonneur. Nous sommes tous un peu comme cela, et nous devrons si nous voulons faire changer les choses, nous administrer à nous-mêmes le remède que nous aimerions voir appliquer à la société.

Sans des activistes travaillant d’arrache-pied afin de donner un sens à la mort d’hommes comme Yockey et Venner, sans des activistes prêts à combattre le système afin de faire en sorte que le peuple s’éveille et fasse siennes les préoccupations de Yockey et Venner, alors, ceux-ci seront en effet morts en vain. Il est nécessaire que nous soyons tous prêts à honorer Venner comme les membres de l”Opération Chaos” honorent Robert Paulson dans Fight Club, afin de transcender la mort d’hommes de leur trempe, en de véritables avancées pour le renouveau de notre race et de notre civilisation.

C’est sans nul doute la partie la plus difficile de la mission qui nous incombe. Il est facile de parler de la “résurgence de l’Europe”, mais qui parmi nous est capable de faire montre d’autant de détermination lorsqu’il s’agit de passer à l’acte, comme l’ont fait Yockey et Venner ? Il ne s’agit pas pour nous de nous ôter la vie, mais bien d’être à la hauteur du combat qui nous attend, et d’être prêts à risquer le tout pour le tout. Et si cette tragédie ne devait avoir qu’une seule utilité, ce serait certainement de nous amener à nous poser ce genre de questions embarrassantes mais nécessaires : “Est-ce que j’ai fait ce qu’il fallait quand et où il le fallait ?”

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25 Comments

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  • Bruno , 11 juin 2013 @ 9 h 57 min

    Sans oublier Alain de Benoist ne pouvant à la fin contenir son émotion, en nous faisant part d’une découverte intéressante.
    DV s’est donné la mort le 21 mai. Or il a choisi comme illustration de couverture de son prochain ouvrage posthume qui va paraître sous peu Un samuraï d’Occident – bréviaire d’un insoumis une estampe très connue d’Albrecht Dürer le chevalier, la mort, et le diable . Et que DV appréciait particulièrement au point de rédiger dans un texte l’éloge de ce chevalier, comme l’avait fait Jean Cau en son temps.
    Quelque soit les épreuves, le chevalier a cheminé, chemine, et continuera de cheminer, tranquillement, imperturbable, déterminé dans sa quête, même si en court de route il rencontre la mort ou le diable.”

    Or Dürer a réalisé cette estampe en mai 1513 (année et numéro de mois de l’année indiqués par l’artiste en bas à gauche de l’oeuvre.). Alain de Benoist affirme même que ça aurait été précisément le 21 mai (après recherches personnelles de sa part et sans doute conversion du calendrier julien alors en vigueur, en calendrier grégorien. ).
    Autre coïncidence troublante : Dürer est né le 21 mai 1471…

    J’ai dans l’idée que cet ouvrage Un samuraï d’Occident sera son testament politique.

  • Bruno , 11 juin 2013 @ 10 h 10 min

    Vous c’est sûr que vous ne risquez pas de vous suicider dans votre église, vu qu’elle sera, comme tant d’autres, convertie en mosquée afrasienne, avant que l’idée vous vienne à l’esprit…

    Et comme vous semblez encore faire partie de ces courageux anonymes du Net qui se servent de leur clavier pour salir l’honneur et la mémoire d’un mort en bavant leurs miasmes de “cathochyme” excité… Même pas dans votre lit, ni même dans vos chiottes, je dirais…

  • Bruno , 11 juin 2013 @ 10 h 11 min

    Commentaire s’adressant à ce j. noram évidemment.

  • Europe , 14 octobre 2013 @ 23 h 46 min

    Je salue un camarade de combat des années 60….. Il m’a guidé politiquement et historiquement dans une période ou notre civilisation a commencé à s’effondrer.
    Ce fut un guide, un combattant courageux, un penseur hors du commun et un homme d’honneur rare dans cette période historique dèlétère.

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