Le printemps français est déjà commencé !

En trois jours, 493 personnes dont moi même ont été interpellés, pour la plupart des manifestants pacifiques, plein de dignité mais fermes. Aucune voiture incendiée, pas une vitrine brisé, pas un opposant molesté. Des preuves de plus en plus accablantes montrent que l’essentiel des violence sont le fait de policiers en civil. Filatures, écoutes illégales, menaces se succèdent. La France n’a pas connu une telle vague de violence policière depuis mai 68. Oui, clairement, il se passe quelque chose dans notre pays.

La vérité est que nous faisons face, comme en 1968, à un pouvoir qui ne comprend pas la nature même de la contestation et, face à cette incompréhension, réagit par la violence et accumule les erreurs politiques. Il est bien évident pour n’importe quel observateur un tant soit peu rationnel que la meilleure façon de pousser les gens à bout consiste à les ignorer, les humilier, leur mentir et maintenant les jeter en prison. Même pas en prison d’ailleurs, ce serait trop leur faire d’honneur, simplement transformer la garde en vue ou le contrôle illégal d’identité en une peine humiliante.

C’est l’exaspération qui transforme progressivement en révolte ce qui était une simple contestation et qui, si le pouvoir poursuit cette route, transformera cette révolte en révolution. Car le scénario d’insurrection pacifique qui rendrait le pays ingouvernable n’est plus désormais une simple fiction. Il suffit, tout simplement, que le mouvement décide de se transformer en forum civique puis en assemblée constituante pour renvoyer chez eux des élites qui ont cessé d’avoir prise sur la réalité. Le 24 mars dernier, déjà, il aurait suffi de bien peu pour que la Manif pour Tous – si elle l’avait voulu – s’empare des lieux de pouvoir et commence une transition politique. Ce scénario qui vous semble peut-être improbable est dans la tête de tous les dirigeants des grands partis, ils savent tous que cela peut se produire, et c’est ce qui explique l’essentiel des réponses politiques à ce qui est désormais une véritable crise du régime.

Il faut bien être conscient que la tentative de récupération de la protestation par l’UMP est voulue et souhaitée par le Parti socialiste, car cela ferait entrer le mouvement dans le connu : un simple affrontement droite/gauche. En réalité, il faut comprendre que, dans tous les partis, ce sont les mêmes gens, dont la plupart sont issus des mêmes écoles et fréquentent les mêmes loges. Non, l’UMP n’est pas différent du PS, ils défendent tout deux ce qu’ils appellent pompeusement « l’ordre républicain » face aux gueux qui ne comprennent pas qu’ils ont joué leur rôle et doivent rentrer chez eux.

“Nous faisons face, comme en 1968, à un pouvoir qui ne comprend pas la nature même de la contestation.”

Mais voilà, le peuple est dans la rue et n’a pas l’intention de la rendre. Pour avoir voulu se mêler à la Manif pour Tous l’UMP voit ses primaires parisiennes littéralement prises d’assaut. Déjà, aujourd’hui, des dizaines d’initiatives sont en gestations. L’été ne calmera pas la révolte car les yeux se dessillent et les Français comprennent ce que ces gens ont fait de leur pays.

J’ai été frappé, vraiment frappé en manifestant devant le Grand Orient de France de l’air outré et satisfait des francs-maçons présents. Les nobles empéruqués en 1789 ne devaient pas regarder différemment les foules qui venaient contester leur pouvoir « naturel ». Ce qui est vrai pour les petits maçons qui gardaient les portes l’est pour toute une élite déconnectée de la réalité du pays. La vraie raison de la révolté populaire qui commence n’ est pas ailleurs : un fossé total entre le pays réel et le pays légal, dont la légalité elle-même est désormais ouvertement contestée dans la rue.

Nul ne peut prédire l’avenir mais une chose est certaine : la France a changé, une génération de lève et demande des comptes, déjà elle se prépare à proposer des alternatives.

Et c’est là que vient le plus intéressant, l’estocade qui va emporter ce que nous appelons une culture de mort. Cette révolte est chrétienne parce que aujourd’hui la seule alternative au chaos, la seule pensée politique humaine et cohérente se trouve dans la doctrine sociale de l’Eglise, qui pénètre chaque jour plus profondément la réalité des cœurs. Face aux réactionnaires qui se cachent derrière leurs CRS et leur police, nous sommes l’avenir, nous sommes les derniers humanistes. Et cela aussi ils le savent.

La Manif pour Tous est le résultat de vingt ans de travail, sous l’impulsion de Jean-Paul II puis de Benoît XVI, dont le rôle considérable dans la réorganisation intellectuelle et spirituelle des réseaux catho est complètement inconnu du grand public, et maintenant sous le bâton du pape François, dont on connaît les opinions sur les questions sociétales.

Il est impossible de prévoir ce qui va advenir, mais un chose est certaine. De ce mouvement va surgir le levier qui va soulever le monde et abattre le mur de Berlin de la haine de la vie. Quelque soit le temps nécessaire, c’est désormais devenu inévitable. Ce n’est pas une révolte, sire, c’est une révolution !

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44 Comments

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  • Jo , 31 mai 2013 @ 15 h 06 min

    “La Manif pour Tous est le résultat de vingt ans de travail, sous l’impulsion de Jean-Paul II puis de Benoît XVI, dont le rôle considérable dans la réorganisation intellectuelle et spirituelle des réseaux catho est complètement inconnu du grand public, et maintenant sous le bâton du pape François, dont on connaît les opinions sur les questions sociétales.”

    Monsieur Martin, là, si Peillon, toute la clique et les francs-maçons ne s’étouffent pas en vous lisant ! Je ne comprends plus ! Si seulement ! Seigneur, entendez nous !

  • jejomau , 31 mai 2013 @ 15 h 17 min

    1er juin : accueil de François Hollande au Stade de France

    pour tous le 8 juin : Port du sweat « Manif pour tous » !

    http://lesalonbeige.blogs.com/

  • Sully , 31 mai 2013 @ 15 h 25 min

    JPII a baisé le Coran sur el tarlmac à sa descente d’avion lors d’un des es voyages (la photo est sur la toile) et ila dit qu’il fallait accueillir “fr

  • alain , 31 mai 2013 @ 15 h 38 min

    POURQUOI LA RADICALISATION DES MASSES ?

    http://julesmonnerot.com/

    on peut distinguer dans les processus révolutionnaires des années 30 en Europe 2 processus intimement liés:

    – un changement des qualités dominantes de la classe politique ou, plus strictement, des éléments les plus déterminants de cette classe.

    – un processus de formation de pouvoir:

    une situation de détresse entrainant un mouvement de déstructuration sociale se traduit dans la psyché des éléments sociaux les plus homogènes par la crainte et l’aversion du chaos, par une appréhension grandissante devant les progrès du chaos subis, ou imaginés.

    Le changement dans la classe politique et la formation de pouvoir se réalisent en fait l’un par l’autre.

    La situation de détresse réelle ou ressentie suscite dans la société où elle se produit un besoin, une DEMANDE de pouvoir.

    Situation de la France en 2013 : une situation de détresse

    – 5.000.000 de chômeurs (déclaration de Gérard Filoche sur BFM TV)
    – 1.600 milliards d’euros de dettes
    – Un déficit commercial abyssal (380 milliards d’euros de déficit cumulé de 2005 à 2012)
    – Une désindustrialisation de la France qui s’accélère
    – Un déficit annuel du PIB de 4 à 5 % du PIB
    – Une émigration des jeunes talents
    – Une immigration galopante + 200.000 entrées par an
    – une insécurité croissante, des zones de non-droits qui s’étendent de plus en plus
    – un ensauvagement de nos mœurs du à l’immigration massive d’individus qui ne partagent pas nos valeurs et notre culture
    – une islamisation galopante de plus en plus visible et conquérante de l’espace public (mosquées, voile, halal)

    De plus en plus de français ressentent maintenant le cumul de ces données économiques, sociales et culturelles comme ce que Jules Monnerot appelle une situation de détresse.

    Réagissant à la carence fonctionnelle des organes précédents du pouvoir, c’est à dire :

    – et du régime
    – et de l’oligarchie en possession d’état

    tout se passe comme si la société (les français touchés par cette situation de détresse) tente de suppléer à ces organes entravés ou défaillants à partir de ses propres éléments, de sa propre substance refaisait du pouvoir, bref en reprenant le pouvoir.

    Lorsque la situation de détresse réelle ou ressentie a provoqué le dépassement d’un seuil critique, dans la voie du bouleversement social, la dissociation sociale commencée se traduit par la décentration et la mobilisation (au sens étymologique : de fixes ils deviennent mobiles) des éléments mêmes dont la fixité et le caractère central servait à caractériser la société.

    La société étant ainsi décentrée, désaxée et excessivement « mobilisée », les éléments homogènes « déhomogénéisés » , les éléments centraux que les remous poussent vers la périphérie aspirent de plus en plus au retour à « l’ordre », à ce que chacun soit à sa place.

    Pour l’homme ainsi décentré, la faillite de l’oligarchie en possession d’état est une expérience vécue.

    Exproprié de son état, de ses perspectives d’avenir , frappé dans ses biens , dans son humble sécurité, dans ses valeurs, pour cet homme ou cette femme « homogène », le pouvoir, rapport de la protection à l’obéissance, laisse à sa place, quand il se retire, un besoin douloureux , sinon toujours directement du pouvoir, mais de l’ordre social que le pouvoir assurait et assumait.

    Dans une telle situation, les représentants officiels du pouvoir qui, de plus en plus, est l’ombre de lui-même, ceux qui en arborent les marques extérieures, en viennent à susciter le sarcasme, l’aversion, au mieux le scepticisme.

    Le régime politique qu’ils représentent est discrédité (l’UMPS).

    L’affaire Cahuzac a été pour beaucoup le seuil critique, la goutte d’eau qui libère la parole et les frustrations jusqu’ici contenues.

    Cette parole et ces frustrations jusqu’ici contenues se libèrent dans l’espace public avec la force d’un ressort qui se détend et l’ardeur des néophytes.

    Cependant, les éléments homogènes engagés dans le processus douloureux de déshomogénéisation, et/ou de déclassement, subissent toujours l’attraction impérative, la subissent même plus que jamais : l’ordre social traditionnel était comme l’air qu’ils respiraient.

    Ces éléments homogènes en voie de déshomogénéisation ressentent les atteintes d’une sorte d’asphyxie politique.

    Tout se passe comme si l’aversion pour les politiciens et les fonctionnaires qui symbolisent un état dévalué, ne faisait que raviver la nostalgie d’un pouvoir capable de ramener l’ordre et la prospérité.

    Par un effet magistral d’hétérotélie, autre concept de Jules Monnerot, la gauche au sens large au moment où après sa victoire de mai 2012 elle semblait cumuler tous les pouvoirs :

    Politiques – Présidence, Sénat, Assemblée, Régions, Départements, les principales villes de France.

    Médiatiques, culturels, intellectuels , centres d’influence et même pouvoir économique

    Eh bien la gauche doit faire à face à la plus formidable vague de contestation venue des profondeurs de la société « civile » qu’elle n’ait jamais vue.

    Un nombre grandissant d’hommes et de femmes sont prêts à la révolution parce qu’ils aspirent à l’ordre.

  • Helenos , 31 mai 2013 @ 15 h 44 min

    Bon c’est pas mon genre de laisser des commentaires idiots ou provocateurs , d’autant que la révolte ,depuis le temps que je croyais être le seul rebelle voire un des seuls dans ce pays, je l’attends depuis un an.
    Mais bien que j’ai pu lire quelques commentaires hostiles à Moustaki ces derniers jours sur ndf voici quelques lignes, sublimes qu’on devrait reprendre en coeur à chaque fois que les cowboys et schtroumpfs de Valls tenteront de nous museler dans la rue.

    “C’est elle que l’on matraque,
    Que l’on poursuit que l’on traque.
    C’est elle qui se soulève,
    Qui souffre et se met en grève.
    C’est elle qu’on emprisonne,
    Qu’on trahit qu’on abandonne,
    Qui nous donne envie de vivre,
    Qui donne envie de la suivre
    Jusqu’au bout, jusqu’au bout.”

  • Castiglione , 31 mai 2013 @ 15 h 53 min

    Et si les Français participaient au 14 Juillet avec le même Tshirt ?
    Et si, à chaque sortie des socialistes, les Français les accueillaient en silence mais surtout en leur tournant le dos ?

  • jejomau , 31 mai 2013 @ 16 h 02 min

    rien compris… Que vient “el talmarc” avec “le coran” …

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