La haine de soi nous tuera ! (III) Le destin français de Charles Aznavour

Le jour où Eric Zemmour s’appellera Elie et fera son alya, nous saurons alors que la haine de soi l’a définitivement emporté. On hérite de son nom qu’il est toujours ardu de modifier. En revanche, le prénom est choisi et souligne une intention : pour des immigrés par exemple celle de s’assimiler à la nation au sein de laquelle ils souhaitent vivre ou au contraire de persévérer dans l’allégeance au groupe d’origine voire de manifester un rejet de la terre d’accueil. La sévère prise de becs entre l’auteur du « Destin Français » et Hapsatou Sy a clairement opposé les deux attitudes. Pour Zemmour, le choix d’un prénom français fait partie du plébiscite constitutif, selon Renan, de la nation. Pour son interlocutrice, qui, par ailleurs, est aussi sénégalaise, le prénom n’est qu’un élément de l’identité juridique, qui la relie administrativement à la République française tandis que ses sentiments vont peut-être avec lui davantage vers la patrie sénégalaise. Plus sûrement il révèle le goût narcissique de la différence. Elle a nommé sa fille Abbie. Quant on travaille entre cosmétiques et télévision, la communication en surface a tendance à l’emporter sur la profondeur de l’enracinement. Certains ont même suspecté dans l’incident une provocation délibérée en vue de faire parler de soi voire d’en tirer profit. Bref, l’affirmation d’un prénom bien à soi est aussi celle d’une hiérarchie qui place l’individu au-dessus des groupes au milieu desquels il vit, avec, sur la dernière marche, la nation, et au-dessus les autres « communautés » plus restreintes qui font la différence, qui distinguent. Dans notre monde en régression, « en marche à reculons », le prénom est la particule de cette noblesse inversée que constituent les minorités.

Le destin français de Charles Aznavour projette une lumière révélatrice sur la question. C’est presque par hasard qu’il était né en France de parents qui s’y arrêtaient le temps d’un visa pour les Etats-Unis, et qui y sont restés. Shahnourh Aznavourian s’était vu d’autorité prénommer Charles par l’Etat civil. Mais, ce fils d’Arméniens, de vrais réfugiés issus d’un peuple broyé entre génocide turc et révolution bolchévique, était devenu pleinement français de nationalité et de coeur. C’était un Français, non de sang, mais de volonté. Pas un Français de papier par droit du sol. Il le disait lui-même : « je suis Français, d’abord dans ma tête, dans ma manière d’être, dans ma langue… J’ai abandonné une grande partie de mon arménité pour devenir français… Il faut le faire ou il faut partir. » Aznavour est un exemple parfait d’assimilation. Son amour de la langue française, qui lui faisait détester les fautes ou les chanteurs français chantant en anglais, l’amenait à dire : « Mon pays, c’est la langue française ». Mais, dira-t-on, il chantait lui-même en huit langues, avait son domicile principal en Suisse pour échapper au fisc qui l’a épinglé à plusieurs reprises, et enfin il a pris une seconde nationalité, arménienne, en 2008. Paradoxalement, ces trois aspects de l’homme n’altèrent en rien le Français qu’il était : ambassadeur, culturel et non politique, du pays, l’utilisation en second rang des langues étrangères augmentait son rayonnement et la sympathie des nombreux publics étrangers devant lesquels il se produisait ; sa domiciliation formelle en Suisse était la réponse de bon sens d’un homme qui faisait rentrer suffisamment d’argent dans les caisses de l’Etat français pour refuser le surcroît d’imposition auquel son socialisme structurel nous contraint – presque – tous ; son retour aux racines arméniennes, qu’on a pu aussi observer chez un Henri Verneuil (1), dans ses derniers films, est particulièrement éclairant : il est suscité d’abord par la catastrophe du séisme de 1988 qui touche le pays à la veille de son indépendance. Sans rien renier de sa nationalité française, Charles Aznavour a usé de sa célébrité internationale pour aider un petit Etat de 3 millions d’habitant, pour le représenter, et aussi pour défendre la mémoire des victimes du génocide turc qui a quasiment éliminé la population arménienne de Turquie, plus importante que celle qui subsiste en Arménie proprement dite. Cela n’atteint en rien la France. C’est tellement vrai qu’il souhaitait avec bon sens que les chrétiens du Moyen-Orient soient privilégiés dans l’accueil de l’immigration, sans doute, parce que, comme les Arméniens, persécutés par les musulmans chez eux, ils viendront en France en aimant ce pays, et non pour y trouver de quoi vivre mieux, tout en le détestant.

Manuel Valls, né à Barcelone, qui n’a pas changé son prénom lorsqu’il a été naturalisé français, retourne en Espagne avec la double nationalité pour y tenter une carrière dont il mesure l’échec en France. Son destin narcissique n’est pas un destin français, ni espagnol, ni catalan. Il n’intéresse que lui et on espère que les Espagnols de Barcelone le lui diront clairement.

1 – Achod Malokian qui disait : » Arménien je suis, mais plus français que moi, tu meurs » .

Related Articles

3 Comments

Avarage Rating:
  • 0 / 10
  • bertrand , 4 octobre 2018 @ 23 h 22 min

    Il me semble que Zemmour et Aznavour ont exactement la même façon de penser l’assimilation des étrangers à la France qui les accueille .Alors, pourquoi tant de haine contre Eric Zemmour ?Serait-ce de l’anti sémitisme déguisé parce qu’il vise une certaine immigration? Je m’interroge………

  • HuGo , 5 octobre 2018 @ 8 h 57 min

    Manuel Valls et Dany-le-Rouge, même combat !
    Ils plaisent aux ‘élites’-hors-sol, ce n’est, hélas, que trop vrai. Et trop de laissés pour compte les suivent encore. Comme quoi, ces gens-là ont encore de l’avenir devant eux, au détriment TOTAL des États-Nations et des Peuples qui les composent.

  • Marcus , 5 octobre 2018 @ 8 h 58 min

    La haine de Zemmour vient essentiellement des médias gauchistes, donc 95% des médias français. Les idiots utiles gauchistes qui composent une grande partie du peuple, gobent tout ce qui est dit dans la presse et à la télé. Je le vois autour de moi.
    Pourquoi une telle haine médiatique ?
    – Zemmour ne dit que des vérités, ce qui est inacceptable pour le pouvoir, puisqu’il faut garder le peuple dans l’ignorance et la bêtise pour continuer à le manipuler et surtout à le faire consommer.
    – Zemmour continue de venir sur les plateaux télé. Il n’a pas peur du combat oral. Il se défend bien et il est 100 fois plus intelligent et cultivé que tous les abrutis dégénérés à qui on l’oppose et qui n’ont aucun argument concret à lui rétorquer, à part l’injure et la posture de “victime” qu’ils adoptent très vite.
    – Zemmour vend beaucoup de livres. Bien plus que tous les pseudos écrivains gauchites comme Yann Moix ou Apathie ou d’autres qui se prennent pour des lumières, mais dont personne n’achète les livres.
    Tout ça en fait de la frustration et de la haine…..

Comments are closed.