Chanteloup-Les-Vignes : mortiers et vivrensemble

Il y a quelques jours de cela, je notais dans un précédent billet que le gouvernement, tendu comme un seul homme face aux problèmes du pays, s’était décidé pour prendre le problème de l’insécurité à bras le corps… En pourchassant les cueilleurs de champignon, en taxant le rosé-pamplemousse et en créant un poste d’officier LGBT à la préfecture de police de Paris.

C’était il y a cinq jours et devant la fermeté de cette action indispensable, le pays pensait pouvoir souffler un peu. C’était sans compter sur la vitalité véritablement survitaminée de notre jeunesse des banlieues qui n’aura pas hésité à faire appel à ses ambianceurs exotiques les plus frétillants pour mettre un peu de peps dans un pays par ailleurs très casanier voire – il faut bien le dire – un peu plan-plan.

On apprend en effet qu’après les soirées « barbecue festif » de Mantes-La-Jolie le 25 octobre dernier, c’est maintenant au tour de Chanteloup-Les-Vignes de proposer une nuitée pyrotechnique à nos forces de l’ordre et nos pompiers qui ont, comme les fois précédentes, été pris pour cible, dans une joie et une bonne humeur que le reste du monde nous envie.

En fait, après plusieurs semaines d’accumulation d’un même schéma, la presse finit par se réveiller et noter enfin qu’il y aurait comme un motif récurrent : manifestement, certaines banlieues se sont lancé des défis à qui fera la meilleure soirée incendiaire, à qui tendra la meilleure embuscade à la police et aux pompiers.

Petit-à-petit, les journalistes commencent à entrevoir une réalité qui ne dépassait pas jusqu’à présent l’étape du petit articulet malingre dans leurs colonnes, par ailleurs copieusement remplies des gémissements pénibles de toute cette myriade d’associations lucratives sans but réclamant des aides, de la considération et l’arrêt des amalgames et des stigmatisations (mais pas des financements publics, merci).

Petit-à-petit, les journalistes font mine de découvrir le fait que certaines banlieues connaissent de façon quotidienne des voitures qui brûlent, des caillassages de forces de l’ordre, une insécurité consternante, et des guet-apens mettant directement en danger la vie de personnels médicaux, de pompiers, de police (mais jamais d’inspecteurs des impôts qui ont la présence d’esprit de ne jamais y mettre les pieds, les malins !).

Petit-à-petit, l’information filtre selon laquelle des quartiers entiers sont maintenant rigoureusement hors d’atteinte des lois et des valeurs ♩ tagada ♪ de la République ♫ tsoin-tsoin ♬ …

L’accumulation récente des barbecues de cités est tellement visible qu’elle déclenche chez une intelligentsia qui en semblait immunisée une lente prise de conscience qu’une bonne partie du peuple français avait pourtant eue il y a déjà 20 ou 30 ans… On en arrive au point où d’intéressantes infographies permettent de retracer les quatre dernières semaines d’actions festives :

Ceux des journalistes qui lâchent le plus leurs élastiques vont même jusqu’à (accrochez-vous bien) tenter un petit recensement de la quinzaine commerciale sur les mortiers d’artifice et autres amusements pyrotechniques : Chanteloup-les-Vignes, Mantes-la-ville, Trappes, les Mureaux, La Courneuve, Bobigny, Clichy-sous-Bois, Étampes, Béziers, Tours, Champigny-sur-Seine, Chenôve, Émerainville, Limeil-Brévanne… Le lecteur innocent découvre ainsi, au travers de quatorze étapes pittoresques, une autre facette de l’actualité façon « Tour de France des Territoires Perdus de la République ».

On pourrait se réjouir qu’enfin la presse s’empare de ce problème qui existe depuis maintenant des dizaines d’années et qui n’a, pour le moment, reçu qu’une exposition particulièrement spartiate et orientée par ces mêmes médias, au-delà des semaines à thème comme en 2005. On pourrait.

Mais il faudrait avant ça que la presse prenne enfin la mesure de l’ampleur des dégâts dans l’esprit de certains, dont le témoignage laisse pantois :

Apparemment, cette enfilade d’embuscades parfaitement criminelles n’a lieu qu’en réponse à une méchante stigmatisation, cette vilaine habitude que la France, la société, la police ou plus généralement le blanc cis-mâle de 40 ans qui écoute Canal+ font subir à ces jeunes de banlieue qui, agacés d’être assimilés à des délinquants, choisiraient donc de multiplier les crimes et les délits pour donner tort à ces vilaines stigmatisations, je présume.

C’est d’une logique imparable, et gageons qu’elle aura l’oreille attentive de tous les peignes-cul aux commandes, les abrutis décisionnaires et autres sociologues de mon cul sur la commode finement payés par le contribuable pour pondre les âneries habituelles destinées à calmer ces banlieues : en jouant encore une fois le couplet des quartiers défavorisés, et moyennant quelques dizaines de millions d’euros supplémentaires dans l’une ou l’autre « association de terrain-perlimpimpin », on tentera de camoufler la multiplication des exactions de plus en plus graves que subit le pays.

Millions d’euros publics qui iront rejoindre les milliards injectés dans plus d’une dizaine de plans banlieue dont les résultats sont tous plus catastrophiques les uns que les autres.

Non, rassurez-vous : au-delà de la petite liste des exactions récentes, il est assez peu probable que cette presse se retrouve en proie à une fièvre informationnelle et décide d’abandonner son sacerdoce d’éducation et de conscientisation de ses lecteurs.

Il n’y a aucune chance que, subitement, cette presse tente de faire le bilan objectif de 30 ans d’une politique de la ville catastrophique et de la corruption qu’elle a entraîné, qu’elle s’essaie à une analyse complète et détaillée des maux des cités, qu’elle en décrive les dérives religieuses, politiques, économiques, qu’elle explique que les comportements observés sont le résultat de décennies d’entretien d’un discours lamentable de lâcheté et de perversion pour des buts purement électoralistes.

Il n’y a aucune chance que cette presse, touchée par la grâce ou l’envie de simplement faire son boulot, énonce quelques vérités bien senties comme l’impérieuse nécessité d’un retour à l’ordre dans ces cités, et par la force puisque c’est de ça qu’il s’agit et qu’elle en vienne, par conséquent, à demander des comptes aux autorités pour ces dérives consternantes.

Demander des comptes ? Vous n’y pensez pas, mon brave !

Cette presse qui a déjà été fort timide pour admettre les exactions policières lors des manifestations des Gilets Jaunes sera, on peut le garantir, encore plus timorée lorsqu’il s’agira de suggérer que, peut-être, cette force qui fut fort mal dosée contre un peuple en souffrance pourrait l’être un peu mieux (enfin !) contre des groupes de dégénérés qui n’ont plus fait l’expérience de l’autorité de l’État depuis plusieurs générations et qui se réclament ouvertement contre ce peuple, contre cette autorité et contre cette République qu’ils n’en finissent pas de vomir – tout en se servant copieusement dans son portefeuille (qu’elle lui tend d’ailleurs avec cette commisération si spécifique des gauchistes patentés).

Cette presse ne se penchera pas plus sur le décalage maintenant effrayant entre ce que la République devrait être, et ce qu’elle offre vraiment, à savoir une absence complète de réponse adaptée à ce genre de débordements invraisemblables dans un pays qui fanfaronne d’être une puissance mondiale.

Non. Cette presse aura mieux à faire. Bien avant tout ça, elle ira rappeler l’insupportable calvaire de cette femme voilée dans un conseil régional, les insupportables discours d’Eric Zemmour, les insupportables livres de Laurent Obertone, et vous fera reprendre deux fois de la transition écologique napée d’une louche de cette onctueuse nécessité d’augmenter un peu taxes et impôts pour garantir le vivrensemble.

Parce qu’il faut garantir le vivrensemble, pardi !

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