Mélenchon qui se veut l’héritier de Robespierre

Le discours de Mélenchon du 25 novembre, était pétri, une fois de plus de contradictions aussi délirantes que cyniques. Mêlant universalisme et chauvinisme dans la plus pure tradition jacobine, il ne surprenait guère, au point de lasser l’auditeur le plus patient.

Mais cette fois, il est allé, sur un point précis trop loin. Beaucoup trop loin.

Le leader maximo de la France insoumise déployait en effet son talent oratoire en lever de rideau d’une convention de son mouvement. L’événement se situait en fin de semaine à Clermont-Ferrand. On n’y a pas appris seulement que cet homme providentiel envoyé au peuple de la vraie gauche par le grand architecte de l’Univers revendique l’étiquette de populiste.

On l’a également entendu réclamer sa part en tant qu’héritier direct légitime de Maximilien Robespierre.

Voici donc éclaircie la filiation de 1917. Voici clairement avoué l’arbre généalogique totalitaire complet de Pol Pot à Mao, de Staline à Lénine, Engels et Marx, remontant au jacobinisme triomphant de 1793, à Saint-Just et à l’Incorruptible.

Mais le Mélenchon revendique aussi au bénéfice de la mémoire de son idole un mérite erroné : celui d’avoir été l’homme de l’abolition de l’esclavage dans les colonies. Comme d’habitude, la gauche impose sa pétition de principe bien connue formulée par Clemenceau : la révolution est un bloc. Or, sur la question de l’esclavage cela est faux. Contre cette hideuse institution s’était créée en 1788 une Société des Amis des Noirs, qui disparaîtra en 1791 et ne réapparaîtra que sous le Directoire. Globalement dès 1790, cette association penche dans le sens du futur parti girondin, qu’on appelle alors brissotin, parti que massacrera la Terreur. Dictateur en 1793-1794 Robespierre, certes favorable à l’abolition, proclamera devant la Convention “périssent les colonies, plutôt qu’un principe”. Il se heurtait en effet sciemment aux intérêts des représentants des Antilles et singulièrement de Saint-Domingue.

Rappelons donc au jacobino-bonapartiste Mélenchon qu’après Waterloo, c’est en 1815 l’Europe chrétienne entière qui décida à l’issue du congrès de Vienne d’abolir la traite. Contre celle-ci, et contre l’esclavage avaient lutté auparavant, le dominicain espagnol Bartolomé de las Casas dès le XVIe siècle et, par exemple, les jésuites du Paraguay au XVIIIe siècle. L’Europe pendant deux ou trois siècles a toléré le commerce dit du bois d’ébène, cela est regrettable, autant mais pas plus, que la torture judiciaire appelée question, la roue, la décapitation à la hache et autre atrocités archaïques.

S’agissant du commerce des esclaves, on stigmatise, à juste titre les acheteurs nord-américains. Depuis 1852, on l’on n’en finit pas de relire la Case de l’Oncle Tom, comme si les choses n’avaient pas évolué. On ne s’interroge guère sur la pratique et la doctrine esclavagistes de l’Empire ottoman et de ses semblables d’hier et d’aujourd’hui, en Arabie Saoudite notamment. On n’évoque jamais non plus dans ce trafic l’identité des vendeurs. Le fameux “bois d’ébène” ne tombait pas du siècle.

Or, aujourd’hui l’affreux trafic réapparaît, de façon indiscutable, notamment en Mauritanie et maintenant en Libye. Chacun sait que l’Europe n’y joue aucun rôle. OR M. Mélenchon se permet, dans son discours, lui le soi-disant “patriote”, d’incriminer … la France. Attiser systématiquement la haine et le ressentiment contre la France autrefois coloniale fait partie de l’arsenal de ce pied-noir renégat qui mise, quoiqu’il s’en défende, sur le vote communautariste.

Ne prend-il pas la défense, de sa camarade Obono ? N’excuse-t-il pas le racisme anti-français ?

Certains rétorqueront qu’il baisse dans les sondages, que sa dernière prestation télévisée s’est révélée désastreuse, que les manifs qu’il tente d’organiser sont des échecs.

L’héritier de Robespierre en recul : tant mieux.

Hélas l’héritage de la Révolution demeure intact : un héritage de haine, d’égalitarisme niveleur et destructeur et de ressentiment.

> Jean-Gilles Malliarakis anime le blog L’Insolent.

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6 Comments

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  • rudi , 4 décembre 2017 @ 9 h 29 min

    Robespierre , cet assassin responsable de la mort de millier de breton hommes femmes et enfants, c’est a ça que se compare méluche, et bien chapeau melenchon.

  • Jean NOGUES , 4 décembre 2017 @ 11 h 54 min

    Merci à NDF de ces rappels d’Histoire, et d’avoir longuement cité Jean-Gilles Malliarakis, dont toute la vie a été dictée par un courage hors du commun, jusque dans les plus honteuses épreuves qu’il a dû affronter. Je pense, entre autres, à l’ignoble plasticage de son imprimerie.

    Dieu sait si lui était un vrai connaisseur de l’Histoire, et Dieu sait ce que ça lui a coûté de ne pas garder cette magnifique érudition pour lui seul !

    Je tiens à le remercier particulièrement, en tant que lecteur infatigable parce que je me sens toujours ignorant, d’avoir repris l’édition d’ouvrages que la Caste a fait interdire un par un, à sa manière hypocrite, non par une fatwa grossière à la gauchiste, mais par la dissuasion notoriétale et financière….

    Il me faudrait tout un opuscule pour citer tout ce qu’il a fait en ce sens. Je vais me borner à un seul, emblématique, parce que fortuitement, je le connais de très près :

    L’oncontournable oeuvre d’Emmanuel Beau de Loménie, sûrement connue de beaucoup de lecteurs de NDF :

    ”Les responsabilités des dynasties bourgeoises”

    (cinq tomes de 500 à 700 pages chacun….et l’oeuvre a été inachevée, aux dires même de son auteur, parce qu’en signant le BAT de son tome 5, il avait cent ans et a donc expliqué qu’ll entendait passer le relais, mais se désolait de ne trouver dans l’instant aucun historien français capable de cet héritage écrasant)

    Donc la première édition de cette oeuvre majeure fut assurée par le prestigieux Denoël. Elle fit très mal : ‘auteur ayant été archiviste perpétuel de l’Assemblée Nationale, il avait pu de ce fait cribler son oeuvre de références incontestables, datées, inscrites dans le marbre du JORF. Des références très (trop….)soient accablantes, cmd par exemple la diatribe assez bassement antisémite de JAURES prononcée devant tous les députés pour saluer comme il se doit la première condamnation de Dreyfus (*), c’était plutôt moche pour la gauche…. L’oeuvre entière eut l’honneur de faire partie des programmes de l’Agrégation d’Histoire. Nous étions en France tout de même, une censure pure et simple de cet autre aurait été impensable (pardon de ce barbarisme, il ne me vient spontanément aucun mot pour le remplacer). Mais le lobbyisme, l’entrisme, c’est-ce pas….bref en quelques années, l’oeuvre commença par disparaître des programmes de l’Agrégation d’Histoire (sauf erreur de ma part, cette disparition daterait de 1955). Puis, l’ouvrage ayant été rapidement épuisé, malgré la demande, Denoël, cmmd par hasard ”décida” de ne pas le rééditer.

    Mais l’éditeur phare du Grand Est, BERGER-LEVRAULT, racheta les droits et reprit cette édition. Je le sais parce que j’ai connu personnellement le grand directeur de Berger-Levrault. C’est d’ailleurs lui qui m’a vendu les deux derniers tomes, je n’avais pu trouver que les trois premiers encore restants chez Denoël. Et c’est lui qui m’a exposé en détail les péripéties que je vous résume ici.

    Quand j’ai voulu offrir à un ami, scientifique de grand talent aujourd’hui disparu, hélas, les ciq tomes de cette oeuvre indépassable, Berger-Levrault, à qui je me suis adressé, avait ”cané” à son tour. Le grand directeur que ‘j’avais connu avait pris congé lui aussi, et le nouveau avait été ”dissuadé” de rééditer lui aussi, malgré la demande qui ne faiblissait pas.

    Eh bien, c’est à Gilles Malliarakis que Berger-Levrault a pu revendre es droits ! compte tenu de tout ce que je viens de révéler, pas besoin d’un dessin pour comprendre le courage exemplaire qu’il a fallu à Malliarakis pour reprendre des droits ! de fait, il a pu me revendre es cinq tomes, et j’ai pu les offrir à mon compagno d’armes scientifique dont j’admirais tant le talent. Il les a d’ailleurs lus dune traite, à tel point que certaines nuits il n’avait pas pu s’endormir avant d’avoir terminé, fort tard, la lecture de certains chapitres particulièrement passionnants.

    Je ne pouvais pas mieux montrer de quelle trempe l’éditeur Gilles Malliarakis était coulé ! et je suis heureux de pouvoir lui rendre ici cet hommage. C’est d’ailleurs peu après cet achat des cinq tomes offerts à mon ami que j’ai eu la tristesse d’apprendre le lâche plasticage dont il a été victime. Ce plasticage, on sait bien d’oùil vient, et je dirai tout simplement qu’il est tout à son honneur.

    Au fait j’oubliais Mélenchon avec tout ça. Le pauvre, tribun, lettré, amoureux de la philosophie, et il laisse courir le bruit qu’il serait, en plus, un historien…..ah bon ? il a attendu, il l’avoue lui-même, d’avoir largement dépassé la cinquantaine avant de lire ”l’Histoire de la Révolution française” d’Adolphe Thiers. De la part d’un modeste amateur de mo, espèce, ça peut se comprendre, moi qui suis pas historien. Mais pour un historien, c’est un peu court, jeune homme ! mais je ne suis pas bien sûr qu’il ait lu ça en entier, quand je l’entends parler. Par exemple, l’ayant étendu évoquer le ”régime de Vichy”, je me suis rendu à l’évidence : il ignore visiblement ce que Thiers rapporte au sujet de Marat, Il; en ressort que l’étoile jaune (que le Maréchal Pétain n’a jamais autorisée dans la Zone Libre) n’est pas une invention du vingtième siècle, c’est une des mille et une inventions de notre ”grande” révolution, une invention de Marat pour êtres précis. Dans ce livre que Mélenchon affirme avoir lu, Thiers rapporte que Marat, peu avant sa mort, avait fait adopter une loi qui obligeait les ”ci-devant”à porter un brassard blanc. La loi était gratinée : tout rassemblement d’aumoins trois ci-devant dans la rue était interdit, et si aumoins trois d’ntre eux défiaient cette interdiction, il était permis à tout ”bon citoyen” de TIRER DANS LE TAS. Le peintre moustachu de Vienne n’était pas alléé si loin….

    Bon, notre historien Mélenchon vient de s’éprendre de Robespierre…le Démon de Midi ? ….Son coeur a dû saigner au récit de l’agonie de ce prétendu ”incorruptible”. Mais son coeur a-t-il saigné au récit des mariages nantais ?

    Mais je voudrais terminer sur une note optimiste malgré tout. Vu ce que les socialistes ont fait de notre soi-disant éducation dite nationale depuis 1981, vu le niveau remarquable des élèves de nos Lycées et Collèges de ce triste après-Belkacem, vu qu’une minstre de l’environnement, pourvue paraît-il d’une ”maîtrise” de Géographie, a publiquement, dans une émission de tv, situé le Japon dans l’hémisphère sud, je pense sincèrement que Mélenchon a bien gagné, dans ce contexte, le titre d’historien dont il se pique..

  • Jean NOGUES , 4 décembre 2017 @ 12 h 22 min

    Dans le mssg précédent, j’ai évoqué JAURES/DREYFUS.

    Dans le tome 3 des ”Responsabilités…..”, l’auteur reproduit intégralement la déclaration prononcée à l’Assemblée Nationale par JEAN JAURES, suite à l’annonce de la condamnation de Dreyfus. Et la preuve reine st donnée, avec la date exacte de cette déclaration, inscrite pour la postérité dans le JORF. Voici la parte principale de cette déclaration :

    ”Je ne comprends pas la clémence du tribunal militaire envers un traître. Nul doute que s’il s’était agi d’un honnête soldat français, il aurait été immédiatement passé par les armes”

    MON COMMENTAIRE

    Lionel JOSPIN ne connaît guère mieux l’Histoire que son alter ego Mélenchon, puisque dans une homélie qui fit du bruit, prononcée sur i ton vibrant d’indignation devant tousn les députés, il s’est emporté en accusant la ”droite” (c’est-à-dire l’inoffensif RPR) d’avoir hérité le lourd passif de l’affaire Dreyfus et d’être encore imprégnée de cet hérédoantisémitisme. Et il faisait remonter cet antisémitisme au 19 sème siècle.
    Or, jusque dans les années 1960, l’antisémitisme se portait encore fort bien à gauche (exemple : le célèbre ”Cohn-Bendit, ce Juif Allemand” de Georges Marchais, en 1968). Et la meilleure preuve : le pamphlet pas toujours très raffiné de Drumon( ”La France Juive” se termine, fin de son tome 2, par un appel solennel à un ”grand chef socialiste” pour ‘débarrasser la France de cette peste juive”. Je ne sache pas que Drumont ait été poursuivi par la gauche, ni par quiconque d’ailleurs; Il n’y a pas que ça dans ”La France Juive, les couplets contre la famille EPHRUSSI ne sont pas mal non plus, et jouent à fond sur la corde antisémite du peuple; de gauche, le mot juif étant pratiquement synonyme, à l’époque,de ”capitaliste”.).

    Donc Jospin se trompait 100 % en attribuant à la droite les poussées antisémites en France au 19ièpe siècle. La droite intelligente a toujours été bien plus modérée dans ce registre, car au lieu de diaboliserv le juif comme le faisait grossièrement Drumont, elle n’a pas hésité à s’allier avec lui, quand cette alliance sauvait la situation financière chancelante de la famille…..je n’en dis pas plus.

    Décidément, les ”historiens ” de gauche n’ont pas de chance quand ils se risquent à étaler leur érudition…..

  • Boutté , 4 décembre 2017 @ 14 h 43 min

    Méluche va avoir du mal à égaler son “aïeul” Robespierre en matière de tueries collectives à Paris, Lyon, Marseille etc et pas seulement en Bretagne, comme dit Rudi,mais en Normandie, Anjou et surtout Vendée!!!

  • Chevalier Noir , 4 décembre 2017 @ 19 h 16 min

    Monsieur NOGUES,
    Votre commentaire est admirable et rempli d’une connaissance du sujet qui laisse tous
    ces “histo-RIEN” sur la bande d’arrêt d’urgence!!!
    Bravo et merci

  • Jean NOGUES , 5 décembre 2017 @ 1 h 35 min

    @ chevalier Noir

    vous me faites beaucoup d’honneur, mais je n’ai pas tellement de mérite. je me suis toujours efforcé d’occuper les temps libres que me laissait ma principale passion en lisant de bons livres. Et je dois dire que j’en ai lu un certain nombre d’excellents, en partie, notamment, grâce à M. Malliarakis.
    Un exemple parmi bien d’autres : M. Malliarakis m’a vendu le DERNIER exemplaire des ”c$$$$$s m$$$$$iques” de Faÿ, un ouvrage énorme aujourd’hui introuvable. Après avoir lu ça, on n’a pas besoin de perdre son temps à écouter les innombrables émissions de tv consacrées à cette s$$te…….Je me demande encore aujourd’hui comment il s’y était pris pour se procurer cet inestimable trésor.

    @ Boutté

    n’oubliez pas Arras, je vous prie. René Chateaubriand, dans ses M.O.T, rapporte que 30 000 malheureux y furent guillotinés en moins de quatre mois, et que les rigoles de la ville en étaient encore teintées de rouge au mois de juin. En allant voir de près les notes correspondantes dans l’édition Pléïade de cette oeuvre monumentale, on apprend que c’est à Arras qu’on avait expérimenté la GUILLOTINE A SEPT FENETRES : sept têtes à la fois dans le panier de son ! (et malgré cette force de frappe, il a quand même fallu des mois pour guillotiner tout ce monde…..).
    L’expérience fut concluante : ça fonctionnait très bien, merci !

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