La grande imposture du macronisme

En 2017, une majorité d’électeurs a cru faire un choix, et sans en prendre conscience, ils en ont fait un autre. Au second tour de l’élection présidentielle, beaucoup de Français ont cru repousser une idéologie dangereuse et un parti incapable de gérer efficacement le pays, cru choisir celui qu’ils imaginaient être le plus compétent. Venu de la gauche, son parcours, ses priorités, et sa capacité de rassembler des hommes et des femmes de gauche comme de droite, de la société civile, enfin (!), avaient fait naître la grande illusion d’un gouvernement qui allait privilégier le réel et l’intérêt général plutôt que l’idéologie et ses obsessions ou ses fantasmes. De nombreux électeurs de Fillon s’y sont laissés prendre et continuent parfois à baigner dans cette imposture entretenue par des médias complices. Or, rarement un pouvoir, dans notre pays, n’aura été autant pétri d’idéologie.

Il ne s’agit pas de libéralisme comme certains le disent. Le libéralisme n’est pas une idéologie car il a trop de visages parfois opposés. Le libéral-conservatisme ou ordolibéralisme n’est pas le libertarianisme. Macron n’est pas libéral. Le maintien d’une dépense publique énorme, le choix de prélèvements obligatoires très élevés, le développement de lois restreignant la liberté d’expression et l’application de plus en plus sévère de celles-ci par la justice, l’absence de véritable séparation entre les pouvoirs, sont aux antipodes du libéralisme. Les cadeaux fiscaux faits aux très riches compensés par de la redistribution envers les plus « fragiles », mais au détriment des classes moyennes, c’est le contraire de la politique libérale la plus fréquente. Les Français, malgré eux ont installé une idéologie mortifère aux commandes de leur pays : le progressisme mondialiste, cette pensée qui ne correspond qu’à une caste aussi puissante qu’elle est faible en effectifs.

Trois symptômes de la maladie sont faciles à reconnaître. Le premier est le plus bénin. C’est la priorité accordée dans les discours à l’écologie perçue sous l’angle réducteur de la responsabilité humaine dans le réchauffement climatique. Alors que la France en raison de sa taille et de sa production d’électricité par le nucléaire ne peut guère peser sur ce phénomène, le président en a fait son cheval de bataille pendant un certain temps. Evidemment, les mesures concrètes, contraires à la santé économique du pays, n’ont pas suivi et les écologistes ont pris leur distance, mais le but idéologique de la manoeuvre n’était nullement de réduire la production de gaz carbonique, mais de faire apparaître la nécessité d’un gouvernement mondial, seul à même de traiter un problème qui dépasse bien sûr les frontières. La confrontation complaisamment mise en avant par les médias entre l’icône mondialisée Greta Thunberg et l’homme du rétablissement des frontières, Donald Trump, montre bien, par sa disproportion, la volonté idéologique d’indiquer un chemin sans se soucier du réel.

Le second est beaucoup plus pernicieux : c’est l’attaque sournoise mais systématique contre la nation. Elle est perceptible dans les propos aberrants et récurrents sur un passé colonial stigmatisé hors de toute mesure dans le seul but de susciter la repentance, cette pathologie qui dissout le lien entre les générations, parce qu’elle mine la fierté nationale fondée sur une histoire dont nous nous sentons les continuateurs. Le progressisme est européen avec enthousiasme parce que l’Europe n’est qu’un étape, une machine à broyer les nations sur le continent qui les a fait naître. Le succès du Brexit a montré que la démocratie n’avait sa légitimité que dans la mesure où il y a un peuple, un « démos » capable d’exercer sa souveraineté en choisissant son destin. Cela conduit à respecter davantage les peuples résistants de Hongrie et de Pologne, de même que les intérêts fondamentaux de notre pays déterminent une révision réaliste de nos rapports avec la Russie.

Le troisième est le plus évident. L’idéologie absurde du « genre » est arrivée au sommet. C’est elle qui a suscité la récente extension de la PMA aux femmes seules ou homosexuelles. C’est de l’idéologie pure, c’est-à-dire la négation frénétique et délirante du réel. Elle impose son vocabulaire orwellien. Elle dispose de la loi. Pour elle, la nature n’existe pas, tout est construit par la volonté humaine. Le « meilleur des mondes » transhumaniste est en marche. C’est le président lui-même reprochant à une opposante de considérer que le père doit être un « mâle », comme si le mot « homme » était démodé. C’est le duo Belloubet-Buzyn se ridiculisant à l’Assemblée nationale en expliquant qu’un « homme qui décide de devenir une femme… à l’état-civil… peut accéder à la PMA avec une autre femme dans le cadre d’un couple homosexuel »… On croirait entendre les Shadoks : « pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? » Mme Belloubet s’emmêlera les pinceaux en tentant de « raisonner » (ou de déraisonner ?) : « une femme devenue homme, elle ne pourra pas »… L’excellent De Courson intervient : et si « elle-il » (?) le fait à l’étranger ? Silence des ministres noyées dans l’absurdité. Père et mère ne sont plus que des fonctions symboliques… On doit pouvoir décider de l’être quel que soit son sexe qu’on choisit aussi… Tout est construction sociale… on devrait attendre pour déterminer le sexe que l’enfant choisisse… La nature n’existe plus ! Etonnant chez des gens qui se disent aussi « écolos » ! Pourquoi pas trois parents puisque tout est construit et volontaire ? Un vent de folie parcourt les rangs de l’Assemblée. Est-ce vraiment ce que les Français avaient « choisi » ?

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