Pas de marchandisation de l’enfant, pas d’enfant voulu sans père !

Les opposants à l’extension de la Procréation Médicalement Assistée ( La PMA ) aux lesbiennes et aux femmes seules manifesteront entre le Sénat et la gare Montparnasse cet après-midi à l’appel d’une vingtaine d’associations regroupées sous le titre « Marchons enfants ». Les mots choisis ont une consonance révolutionnaire, car c’est bien d’une révolution dont il s’agit, celle qui a commencé en douce par la remise en cause du cadre familial traditionnel, de sa stabilité et du statut de ses membres, qui a poursuivi avec la création de nouveaux modes de vie pour les « couples » adaptés aux « orientations sexuelles », et qui a triomphé avec le « mariage » unisexe. Depuis cette prise de pouvoir, les révolutionnaires continuent à dérouler leur programme face à une résistance qui s’est amoindrie, alors que l’enjeu est vital pour notre pays, pour notre civilisation. Il s’agit aujourd’hui au travers du vote d’une loi « bioéthique » d’étendre les moyens que la technique scientifique accorde aux couples qui ont des difficultés accidentelles à procréer à des personnes qui, par nature, essentiellement, ne le peuvent pas, en l’occurrence deux femmes, par exemple.

Le fil rouge de cette révolution dont une majorité de Français semblent ignorer l’importance et les conséquences est constitué par deux idées apparemment aussi incontournables qu’elles sont réellement suicidaires. Inscrites sur le fronton de nos mairies, ce sont ces valeurs qui légitiment les « avancées ». La liberté de vivre sa « sexualité » suivant ses désirs, d’avoir des enfants, en dépit des contraintes naturelles, d’un côté, l’égalité entre les hommes et les femmes, entre les « couples » de femmes et même celle de la femme seule à l’égard du couple, de l’autre côté, justifieraient l’extension de la PMA. On ne manquera pas toutefois de remarquer que les « couples d’hommes » sont eux privés de cette mise à niveau, et qu’il faudrait alors légaliser la Gestation Pour Autrui, c’est-à-dire les mères porteuses en attendant des « outils » plus sophistiqués de fabrication des enfants, afin de « progresser » encore. Le gouvernement a, par tactique, juré ses grands dieux qu’il n’en ferait rien… du moins durant ce mandat. Malheureusement, les plus zélés des membres de sa majorité n’ont pas hésité, le 3 octobre, à voter un amendement (1591) qui prévoit la retranscription automatique, dans l’état civil français, de tout enfant né d’une convention de Gestation Pour Autrui à l’étranger. Il y a fort à parier que l’inégalité entre la France et certains pays, la possibilité pour les plus fortunés d’y recourir, la complicité de quelques magistrats et le soutien de personnalités médiatiques arracheront la GPA, tôt ou tard, même si le pouvoir fait semblant, par habileté, d’y renoncer maintenant.

Quant à la Fraternité, le troisième terme de la devise qui rappelle que la liberté des individus doit s’intégrer à une dimension collective, que le citoyen limite évidemment ses désirs personnels de même qu’il reconnaît une hiérarchie sociale pour le bien commun du groupe, en l’occurrence de la nation, elle est complètement oubliée car la clef de la révolution suicidaire que nous subissons est l’individualisme roi, le narcissisme absolu, la liberté comme émancipation des caprices, et l’égalité poussée jusqu’à l’absurde. Cette idéologie mortifère piétine l’anthropologie rationnelle, les spécificités naturelles et complémentaires des sexes, que les sociétés peuvent certes associer différemment, mais qu’elles ne peuvent nier au risque de se détruire. Ces dimensions anthropologique et collective du débat échappent à la plupart des Français, tant l’idéologie de l’individu-roi a envahi tous les cerveaux, mais même lorsqu’ils en sont prisonniers, beaucoup de Français en perçoivent les contradictions. D’accord, chacun a le droit de vivre sa vie sexuelle, mais l’enfant, quel est son droit ? N’a-t-il pas le droit, sauf accident, d’avoir un père et une mère, d’avoir auprès de lui les deux versants de l’humanité ? Une majorité de Français acceptent l’extension de la PMA selon le désir des individus, mais pour une autre majorité, il est préférable que l’enfant soit élevé par un père et une mère. Le député LREM Touraine dont l’obédience ne fait guère de doute répond péremptoirement : » « Il n’y a pas de droit de l’enfant à avoir un père. » La brutalité de cette affirmation doit soulever une autre inquiétude. Les partisans apparents de la liberté et de l’égalité ne sont-ils pas au contraire leurs pires adversaires ? Ne sont-ils pas en train de privilégier les comportements d’une minorité qui, par son statut social, peut plus que d’autres échapper au besoin de la solidarité familiale, proche et constante ? Ne sont-ils pas en train de favoriser l’émancipation irresponsable des « mâles », adolescents permanents, délivrés des responsabilités familiales ? Ne sont-ils pas en train de construire le cauchemar du « Meilleur des mondes » imaginé par Aldous Huxley ? Un monde totalitaire, matérialiste, scientifiquement inhumain ? Parent 1, parent 2, plutôt que père et mère, comme l’a suggéré une députée LREM du nord, tandis que Mme Buzyn affirmait doctement qu’une femme pouvait assumer la fonction de père. C’est ce ministre qui a défini l’embryon comme un amas de cellules alors qu’il est un projet de vie. Aurore Bergé dont la fatuité ne connaît plus de limite, depuis que son nomadisme politique lui a permis d’atteindre l’Assemblée, se situe déjà dans la société peinte par Huxley. Elle a, toutefois, pour les « procréations charnelles » la tolérance apitoyée des individus de la classe supérieure : « Ni dans ce projet de loi, ni aujourd’hui, ni demain, nous n’empêcherons quelconques parents hétérosexuels de vouloir concevoir un enfant de manière charnelle ». Merci pour eux !

Peut-on nier totalement la nature ? Peut-on vouloir une humanité entièrement construite ? Telle est la question capitale de ce débat. Le christianisme avait réalisé un équilibre harmonieux entre la vie sociale et les pulsions sexuelle ou agressive, en régulant l’une et l’autre, en inhibant en grande partie la seconde. L’islam est beaucoup plus proche de la nature. Plus notre civilisation, plus notre pays s’en éloigneront jusqu’à la nier, plus le désordre s’installera dans les comportements en transformant notre société en une foule solitaire plus ou moins soumise à une technocratie aveugle sur le long terme. Plus c’est une autre révolution qui risque de s’accomplir, par la démographie puis par la violence.

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