L’université et le parcours du français

Avec quatre universités bloquées (Nanterre, Montpellier, Toulouse et Rennes-2) tandis que d’autres se trouvent dans une grande confusion, la réforme Parcoursup de l’université n’est malheureusement pas synonyme d’un parcours sans faute. Mais le gouvernement français aurait peut-être dû commencer par une réforme de l’enseignement primaire et secondaire visant l’apprentissage de la langue française avant de viser la fluidité du système d’orientation des bacheliers. Avec un rapport du Conseil d’évaluation du système scolaire publié ce 11 avril, des élèves en CM2 ne sont que 8 % à rendre une copie presque parfaite tandis que 20% produisent un écrit truffé de fautes. Ces chiffres ne font d’ailleurs que confirmer une tendance du système éducatif français depuis de longues années qui accentuent encore une comparaison peu glorieuse avec les écoliers d’antan. Car qui dit orthographe, dit rédaction, lecture et compréhension. En 3E, 40% des élèves ne réussissent pas à écrire un texte conséquent en 25 minutes sans parler de l’illisibilité de l’écriture. Le rapport relève ainsi : 60% des élèves « ne parviennent pas à produire un texte cohérent sur la découverte du continent américain par Christophe Colomb ». La responsabilité de ces lacunes incombe-t-elle aux nouvelles structures de l’ère d’internet et aux réseaux sociaux ? Nos voisins européens habitués aux mêmes moyens de communication ont pourtant des élèves en meilleure position que les Français. Le rapport PIRLS en 2017 relevait qu’en matière de compréhension de texte, l’écolier français est en 34e position sur les 50 pays répertoriés. De même, en matière de lecture, l’élève français se situe en dessous de la moyenne européenne. La situation s’améliore-t-elle avec l’obtention du baccalauréat ? Il ne le semble pas puisque certaines universités envisagent sérieusement des cours de langue française et des enseignants alertent sur les grandes lacunes des étudiants. Aussi, cette propension à vouloir « l’orientation et la réussite des étudiants » est assurément noble si seulement elle ne voilait pas la grande disparité de niveau des élèves et donc leur degré de connaissance de la langue française. De même, il semble que cette réforme cache une légère volonté de diminuer les chiffres du chômage et laisse une porte grande ouverte à certains pour obtenir une bourse sans grande assiduité aux cours, au détriment des vrais étudiants boursiers. L’ordre public français est sans doute à ce prix. Mais l’ignorance de la langue française et donc du passé de la France dans les programmes n’est pas le fruit du hasard. Certains oracles prévoyaient même une université dépourvue de réflexion fondamentale, hostile à toute liberté académique mais lui préférant au contraire le kit des unités de valeur du prêt à penser. Une sorte d’université où l’étudiant consommateur a l’illusion de choisir ses matières alors que ces dernières sont tout simplement un catalogue d’une seule et même enseigne, en l’occurrence une certaine Europe infiniment plus économique et financière que politique, au sens noble du terme. Pour y remédier, le devoir de français , sa langue comme son histoire, pourraient peut-être constituer la base fondamentale pour une vraie réforme de l’université.

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