Slate nous explique pourquoi le RIC, c’est mal… Vite, le RIC !!!

La parole à Laurent Sagalovitsch :

En fait le seul problème du RIC, à bien y réfléchir, c’est le peuple lui-même, c’est-à dire, nous-mêmes. Serions-nous une nation de philosophes que son application ne poserait aucun problème mais voilà, nous sommes juste soixante-six millions de citoyens qui chacun dans son coin pense avoir découvert la lune. Qui se supportent le temps d’une finale de Coupe du monde avant de se regarder, le reste de l’année, en chiens de faïence. Qui se jalousent les uns les autres. Qui n’aiment rien tant que de refaire le monde, au fond de son verre de Beaujolais, quand chacun s’imagine un destin de roi.

La démocratie n’a pas vocation à plaire au peuple. La démocratie est une vieille dame sévère qui sert juste à encadrer le peuple, ses colères, ses foucades, ses engouements, sa violence naturelle, afin de permettre à chacun, chacune, hors de toute considération religieuse, sexuelle ou culturelle, d’aller dans la vie sans importuner de trop son voisin.

Le RIC, aussi séduisant soit-il dans sa simpliste configuration, ne servira en rien le peuple dans une perspective à long terme. Il autorisera seulement ce dernier à exprimer ses penchants les plus vils, à laisser cours à ses instincts les plus primaires, quand de vote en vote, de référendum en référendum, il exprimera son amour inné pour l’ordre et l’autorité. Le RIC, c’est la mise au pas de la démocratie. Le RIC, c’est le détricotage des libertés individuelles pour l’instauration d’une dictature de l’opinion, capable du pire comme du meilleur. Quand on réclamera le retour de la peine de mort. Lorsqu’on exigera le renvoi des migrants, la mise à l’écart des immigrés, des étrangers, dans cette abomination du sentiment où plus rien ne compte si ce n’est la satisfaction de ses envies les plus viles. L’exaltation de pensées nationalistes, fonds de commerce des mouvements populistes, quand on consulte le peuple pour remettre à l’ordre du jour la douce abjection de l’arbitraire, du rejet de l’autre, de la détestation des minorités, du rétablissement de valeurs contraires à l’idée même d’humanité.

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