En défense de la Défense

Par Thomas Donnelly*. Cet article est republié par Le Bulletin d’Amérique avec l’aimable autorisation de l’auteur et du Weekly Standard, dans lequel il est paru le 16 avril 2011. Pour plus d’information, voir The Weekly Standard.

La semaine dernière, dans son discours sur le budget, Barack Obama a fomenté sa troisième attaque contre les dépenses de la Défense américaine. En 2009, la Maison-Blanche avait ordonné au Secrétaire à la Défense Robert Gates de mettre fin à plus de 300 milliards de dollars de programmes d’armement, y compris le F-22 Raptor, l’avion le plus capable au monde, et la future famille de véhicules de combat de l’armée de terre. L’année dernière, Gates a spontanément réduit de 100 milliards de dollars le budget du Pentagone, pour son “efficacité”. L’administration l’a récompensé par une autre coupe à hauteur de 78 milliards de dollars. Maintenant, le Président propose de soustraire un montant supplémentaire de 400 milliards de futurs budgets militaires. La Défense est l’activité du Gouvernement fédéral que Barack Obama n’a aucun scrupule à réduire. 

Selon tous les critères, les forces armées des États-Unis ont dû « faire plus avec moins » depuis plus de deux décennies. Le nombre d’Américains en service actif a été réduit d’un tiers. Les réservistes ont aidé à assurer la charge des déploiements répétés. Les armes de l’ère Reagan ont été équipées de nouveaux appareils électroniques et de nouvelles munitions et ont été employées de manière novatrice. Une force armée construite pour émousser une poussée soviétique à travers la passe de Fulda, dans la plaine au nord de l’Allemagne, s’est transformée afin de maîtriser les exigences de la guerre irrégulière persistante et de répondre aux nouveaux défis posés par la Chine et l’Iran. Mais une nation ne peut longtemps s’assurer elle-même ou défendre ses intérêts si la « planification » de sa défense dépend d’un généralat génial et providentiel, le sacrifice sans fin de ses lieutenants, capitaines et sous-officiers, et le déploiement constant d’avions, navires et véhicules qui vieillissent rapidement. A la guerre, vous obtenez généralement ce pour quoi vous avez payé.

La voie tracée par le président est moralement et stratégiquement malsaine. Obama a fait valoir que les réductions changeraient « le pacte social de base en Amérique », et a juré de défendre le statu quo. Pourtant, il est prêt à prendre des risques avec le pacte social qui existe entre la majorité civile et l’infime minorité d’Américains – moins d’un pour cent d’entre nous – qui risquent leur vie et tuent nos ennemis en notre nom. Le pacte fondamental de la « Force des volontaires » n’est pas simplement que les gens en uniforme soient payés décemment et leurs familles prises en charge. Il suppose aussi que nos soldats, marins, aviateurs et Marines auront les moyens de gagner n’importe quelle bataille au cœur de laquelle ils sont envoyés pour combattre.

Jusqu’à présent, le Président a misé sur la crédibilité de son secrétaire à la Défense pour apaiser les craintes sur les réductions. Dans son discours sur le déficit, Obama a appelé allègrement Gates à « faire cela de nouveau», même si la Maison-Blanche a largué sa bombe de 400 milliards de dollars sur le budget du Pentagone avec seulement 24 petites heures d’avertissement. La Maison Blanche n’a offert à Gates qu’une feuille de vigne bureaucratique, sous la forme d’un « examen approfondi ». Mais cet examen, comme la récente Revue quadriennale de la défense de l’administration, sera un processus avec un seul but: atteindre la cible budgétaire.

Pendant ce temps, les Républicains du Congrès ont du mal à concilier leur engagement envers une défense solide et leur désir de réduire l’ensemble du Gouvernement fédéral. Ainsi, le plan de réduction du déficit adopté par le Représentant Paul Ryan avait, jusqu’à cette semaine, accepté les chiffres d’Obama. Mais, maintenant, les leaders de la Chambre des Représentants devront décider s’ils acceptent les nouvelles réductions proposées par la Maison-Blanche ou riposter. En définitive, c’est un moment déterminant pour le conservatisme. Une question fondamentale surgit : est-il encore un mouvement reaganien?

En août dernier, Gates avait avoué que sa « plus grande crainte est que, dans des temps économiques difficiles, les gens vont voir le budget de la défense comme le moyen de résoudre les problèmes de déficit de la nation et trouver l’argent pour d’autres activités du gouvernement fédéral. » Gates comprit que tenter d’équilibrer le budget sur le dos de nos soldats a des conséquences :

« Quand je regarde à travers le monde et que je vois… davantage d’États déliquescents, de pays qui investissent lourdement dans leurs forces armées… que je regarde les nouveaux types de menaces qui émergent, du cyber aux missiles balistiques de précision et de croisière, et ainsi de suite, mon plus grand souci est que nous allons faire au budget de la défense ce que nous lui avons fait quatre fois auparavant. Nous allons le couper dans un effort pour trouver une sorte de dividende pour mettre l’argent autre part. Je pense que ce serait désastreux dans l’environnement mondial que nous connaissons aujourd’hui et dans celui auquel nous allons probablement assister dans les années à venir. »

Le Président que Gates sert trace la voie pour réaliser les peurs et les inquiétudes de celui-ci. Le parti républicain devrait choisir un chemin différent.

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* Thomas Donnelly est Directeur du centre d’études de Défense de l’American Enterprise Institute. Il a écrit de nombreux ouvrages, parmi lesquels Lessons for a Long War: How America Can Win on New Battlefields (avec Frederick W. Kagan, 2010), Ground Truth: The Future of U.S. Land Power (2008), Of Men and Materiel: The Crisis in Military Resources (avec Frederick W. Kagan, 2007), The Military We Need (avec Gary Schmitt, 2005). Il a par ailleurs travaillé à l’Armed Forces Journal (2005-2006), été membre de la commission sur l’économie et la sécurité sino-américaine (2005-2006), Directeur exécutif adjoint du Project for a New American Century (1999-2002), Directeur du groupe d’étude pour la chambre des représentants sur l’administration militaire (1995-1999), Directeur exécutif de la revue The National Interest (1994-1995). Il est diplômé d’un BA d’Ithaca College et d’un Master de la SAIS de Johns Hopkins University.

Cette page est produite par l’Institut Coppet et le Bulletin d’Amérique.

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1 Comment

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  • POPOV , 20 avril 2011 @ 7 h 41 min

    Le but de Hussein devient de plus en plus clair. Son Papa et le climat de l’Indonésie lui murmurent des ordres à l’oreille.

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