Manifeste d’un Veilleur

Tribune libre de Jean de Rouen*

Amis,

Au mois d’avril, la France a vu naître des Veilleurs. Postés en sentinelles, ils veillent sur un dépôt, sur un héritage. Car il est des lois qui ne sont pas légitimes. Lorsque le pouvoir, sous couvert de légalité, ébranle les assises d’une civilisation, bouscule les fondements traditionnels de la société, pour satisfaire des revendications idéologiques et catégorielles, il suscite naturellement un vent de révolte populaire. Nous sommes rentrés en résistance. Une résistance pacifique et résolue, dont rien ne saurait entamer la détermination, et que l’on doit désormais inscrire dans la durée .

Nous défendons le droit d’un enfant à avoir un père et une mère, à ne pas être arraché à ses origines, à pas être privé de racines. Gardiens silencieux d’un trésor qui ne nous appartient pas, nous voulons préserver les lois immuables dont la civilisation est naturellement la protectrice : les lois de la filiation, de la lignée, de l’enracinement. Aux avant-postes, sentinelles en vigie, nous serons des témoins, pacifiques et résolus, d’un héritage que nous refusons de voir disparaître. Parce que nous sommes dépositaires, et non propriétaires, nous avons le devoir de le transmettre, intact, aux futures générations. C’est encore la raison pour laquelle notre résistance actuelle n’est pas un droit : elle est un devoir !

Car il est des lois qui découlent d’un ordre des choses dont l’homme n’est pas l’auteur. Ces lois supérieures ne sont pas écrites, mais elles demeurent gravées dans le cœur de l’homme : nul législateur humain ne peut les transgresser impunément, car c’est à leur respect qu’est suspendu l’équilibre de l’homme. N’est-ce pas précisément l’enseignement de l’Antigone de Sophocle, sous le patronage de laquelle sont placés les Veilleurs ? Sommée de se justifier après avoir bravé l’interdit de la loi promulguée par Créon, loi qui interdisait de sépulture les soldats morts dans les rangs de l’ennemi, elle déclare au roi : “Je ne croyais pas que tes édits eussent tant de pouvoir qu’ils permissent à un mortel de violer les lois divines : lois non écrites, mais intangibles. Elles ne datent ni d’aujourd’hui, ni d’hier : elles sont de toujours. Nul ne sait le jour où elles sont parues. Leur désobéir, n’était-ce point, par lâche respect pour l’autorité d’un homme, encourir la rigueur des dieux ?” Depuis Antigone, les peuples savent que le bien et le mal ne sont pas déterminés par la volonté humaine, fût-elle générale, et que ce qui est légal n’est pas toujours légitime.

A l’intérieur de cet ordre des choses que l’homme n’a pas fait, il y a la nature humaine. Et cette nature humaine est sexuée : c’est-à-dire qu’elle ne se réalise pas en dehors de l’homme et de la femme. Sur cette altérité sexuelle, sur quoi reposent la transmission et l’accueil de la vie, se fonde ainsi la famille : socle sur lequel repose l’édifice social, elle est la condition d’une société pérenne, le fondement objectif d’une société qu’elle inscrit dans le temps en assurant le renouvellement des générations. Construite sur la complémentarité des sexes, la famille organise ainsi la filiation ; elle perpétue une lignée. Mais aujourd’hui le pouvoir préfère diviser l’humanité en homosexuels et en hétérosexuels, plutôt qu’en hommes et en femmes : il nie la différentiation sexuelle qui fonde la société pour lui préférer l’orientation sexuelle dans laquelle il enferme les individus, il substitue finalement à l’objectivité d’une nature sexuée, la subjectivité du désir égoïste. De là, quand la loi, rejetant le réel et ignorant la fonction sociale de la famille, se détourne du bien commun et s’ordonne au contraire à la satisfaction du désir humain, se mettant à son service, quitte à faire demain de l’enfant un dû plutôt qu’un don, quitte à prêter demain au corps de la femme une valeur marchande, alors en toute vérité, elle perd sa raison d’être et, par là, sa légitimité. C’est pourquoi notre conscience nous commande aujourd’hui d’entrer en résistance face à l’arbitraire du législateur.

L’État n’est pas prestataire de service : il n’a pas vocation à reconnaître une multitude de catégories en vue, simplement, de leur associer des droits. La loi ne doit pas être confisquée pour être mise au service des intérêts consuméristes de l’individu, dans une société en perte de sens : sa mission consiste au contraire à poursuivre le bien commun.

L’idéologie des apprentis sorciers au pouvoir, aussi séduisante soit-elle, ne fera jamais plier la réalité : et la réalité, c’est qu’un bébé procède toujours de l’amour d’un papa et d’une maman, et qu’il a besoin des deux pour grandir. Pour se substituer au réel, l’idéologie s’impose donc par la violence. C’est pourquoi la famille est aujourd’hui attaquée de toute part : elle est pourtant le dernier rempart des démunis et des déshérités, là où se vivent et se transmettent, naturellement et au plus près, les liens de solidarité.

Jusqu’à quand résisterons-nous ? La réponse est simple : nous ne lâcherons JAMAIS ! Tant que subsisteront les intérêts aux noms desquels nous nous sommes battus, à savoir l’intérêt de l’enfant, des futures générations, de la France de demain, nous ne nous tairons pas ! Ces intérêts sont-ils devenus caduques au lendemain du vote ? Ont-ils cessé d’exister ? Non seulement ils subsistent, mais ils sont aujourd’hui bien plus menacés qu’hier ! Nous sommes les témoins vigilants d’une civilisation qui se meurt : mais tant que nous veillerons, elle continuera d’exister. Face à la contre-civilisation que les ennemis de la France sont en train de bâtir sur les ruines d’un héritage plusieurs fois millénaire, notre témoignage sera public et permanent. Il a vocation à durer. Pour que l’on oublie pas.

 

*Jean de Rouen est professeur de philosophie et ancien collaborateur de Bruno Gollnisch. Il est l’auteur de La droite parlementaire est-elle encore de droite (l’acheter)

Du même auteur :

>Est-ce une révolte ? Non, c’est une contre-révolution !
Marine Le Pen doit comprendre que les ennemis de la famille sont les ennemis de la nation
Pourquoi la loi n’a pas vocation à reconnaître le « mariage » gay

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51 Comments

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  • 0 / 10
  • Dilou , 3 mai 2013 @ 7 h 32 min

    Merci pour ce beau texte! C’est tout à fait cela. ON NE LACHE RIEN.

  • Serge Baby , 3 mai 2013 @ 7 h 59 min

    Bravo!
    Tout est dit .
    Il faut tenir.

  • Aristote , 3 mai 2013 @ 8 h 04 min

    Merci cher disciple , je n’aurais pas dit mieux .
    Tout ce qui est contre nature est une violence .

  • Mas Jean-Marie , 3 mai 2013 @ 8 h 48 min

    Je suis veilleur à Montpellier, plus je participe, plus j’ai envie de me retrouver là, parmi les miens.
    Je vous invite tous a aller passer quelques instants avec les veilleurs, vous en serez fier, heureux. Faites vous ce plaisir. Offrez vous ces instants de bonheur.

  • scaletrans , 3 mai 2013 @ 10 h 17 min

    Le simple fait d’apercevoir un pénis phrygien sur une tête suffit à me faire fuir. Décidément, cette résistance est bien mal embouchée.
    Désolé messieurs, mais vous faites fausse route !

  • Bernard , 3 mai 2013 @ 11 h 07 min

    MAIS ne croyons pas la TV, n’écoutons pas ces déclarations mensongères du style ” 68% des Français ne veulent plus de manifestations anti mariage pour tous….” ou autres fadaises, mensonges, imbécilités ! Il faut faire croire à ce ” bon peuple ” que ce que dit la TV est vérité, tout simplement; or tout n’est que MENSONGES….Nous devons poursuivre notre action, COURAGE !

  • herbert , 3 mai 2013 @ 11 h 10 min

    Je vais me faire l’avocat du diable mais je trouve ce texte très .. nul. Convenu. Banal. Digne d’un roman de gare. En termes de tactique, en termes de stratégie, en termes d’éléments de langage, en termes de pistes offertes à qui voudrait s’en emparer, ce texte n’est rien qu’une impasse, joliment fleurie certes mais une impasse. Je ne m’en étonne pas, au regard de la qualité de son auteur (dont j’imagine l’âge et le parcours….). Ce texte ressemble aux centaines de texte du même type, ces tissus d’ineptie glorieuse que j’ai ingurgité tout au long de mon éducation, et j’ai rtrop de dignité pour dire “Oui, merveilleux, refaisons la même erreur que nous faisons depyuuis des dizaines d’années, ce n’est pa comme si nous étions inefficaces !”

    En lisant un texte de ce genre, délirant dans la forme et impuissant au fond, et les bravos délirants des commentaires, je repense aux MAMELOUKS, couverts de brocards et de pierres précieuses, à la veille de se faire tailler en pièces au pied des Pyramides. Pour qui connaît l’histoire, il n’est pas difficile de comprendre quel décalage j’évoque ici, entre les phrases chatoyantes et la cruauté du réel.

    Jetez donc vos phrases et références précieuses à la poubelle, dévêtez-vous, ne vous préoccupez que d’efficacité. Il n’y a pas lieu de se placer sous le patronage de grands principes pour être dans l’action.

    Nous devons accorder de l’autorité à des exemples du quotidien qui ne soient pas des vieilles carcasses élevées au biblisme débile mais des gens modernes, jeunes si possibles. Alors vous comprendrez pourquoi la référence à Gollnisch a achevé le tableau.

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